Le Premier ministre au Sénat «Nous nous sommes entendus avec le ministère des Finances pour relancer tous les projets qui concernent la réalisation des écoles primaires au niveau des wilayas frontalières et du Grand Sud», a-t-il affirmé. Il n'a occulté aucun sujet d'actualité. Le Premier-ministre, Abdelmadjid Tebboune, n'a pas laissé la classe politique sur sa faim. Dans sa réponse aux préoccupations des sénateurs, jeudi dernier, l'hôte du Sénat pris son temps pour lever soigneusement tout équivoque sur les questions d'actualité d'ordre politique, économique et social. Pendant plus d'une heure de speech, le nouveau Premier ministre a multiplié ses déclarations entre annonce et engagement. Il a annoncé en préambule que les projets qui ont fait l'objet de gel seront relancés. «Nous nous sommes entendus avec le ministère des finances pour relancer tous les projets qui concernent la réalisation des écoles primaires au niveau des wilayas frontalières et du Grand Sud», a-t-il affirmé en réponse aux nombreuses réclamations des membres du Conseil de la nation sur les projets gelés. Tebboune n'a pas laissé de doute sur l'engagement de l'Etat à poursuivre les projets de développement au niveau local. «Ce n'est pas un problème de disponibilité (d'argent, Ndlr), mais de priorité» a-t-il soutenu en annonçant qu'un budget de 70 milliards de dinars est alloué au développement de proximité. L'ancien ministre de l'Habitat a minimisé l'impact de la crise pétrolière sur notre pays en précisant qu'il est loin de ce que traversent certains pays à l'image du Venezuela. «Certes, les ressources du pays ont diminué de 50%, mais cela n'a pas eu d'impact sur le cours de la vie des citoyens», a-t-il reconnu en précisant qu'il y a eu juste une diminution dans les ambitions. Preuve en est, souligne-t-il, la réalisation des grands projets se poursuit et personne n'a été privé de son salaire et le recrutement se poursuit dans le secteur public. L'orateur a saisi l'occasion pour rappeler le bilan des réalisations durant les deux dernières décennies en estimant que les choses se sont nettement améliorées. Abdelmadjid Tebboune a ouvert une brèche pour riposter aux rapports critiques établis par des ONG sur l'Algérie. «L'Algérie n'est pas un paradis mais elle est loin d'être un enfer», a-t-il martelé. Pour lui, certes, il y a des insuffisances, mais ce n'est pas une raison d'être pessimiste et de voir tout en noir. Le Premier ministre se dit favorable à la critique positive, mais avoue qu'il y a une volonté de nuire à l'image du pays. «Les pays qui veulent renforcer leur souveraineté et protéger leur économie dérangent», a-t-il simplement clarifié. L'ancien ministre de l'Habitat a rappelé que l'expérience de l'Algérie dans la résolution de la crise du logement est saluée par des pays comme les Etats-Unis. Sûr de lui et même confiant, l'ancien responsable du secteur a déclaré qu'il n'y a plus de crise du logement en Algérie. Sur ce sujet, le ministre a rejeté la révision du seuil des salaires pour permettre à ceux qui ont un revenu inférieur à 35.000 DA de bénéficier du logement social. Sur la problématique du chômage, le ministre a fait savoir qu'avec un taux de 10% de chômage, l'Algérie se retrouve au même niveau que les pays européens. «Nous sommes à un taux de 10,8%. C'est beaucoup, mais il faut comparer avec d'autres pays européens comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce. Nous ne sommes pas dans une situation catastrophique», a-t-il ajouté. Dans ce sillage, le ministre a annoncé que les contrats de pré-emplois dont le délai est arrivé à terme seront prolongés jusqu'à la fin de l'année en cours. Par ailleurs et à propos de l'application de son Plan d'action, le Premier ministre a indiqué que les délais sont fixés et que les objectifs de son gouvernement sont «clairs» et «précis». Comment fera-t-il pour financer son programme? Abdelmadjid Tebboune rassure que «ce qu'il faut comme argent pour appliquer les programmes est disponible». Il a ensuite détaillé les mesures prévues telles que «baisse des dépenses», la lutte «contre la surfacturation», la «réorientation des ressources», la «réforme du système fiscal», la «récupération de l'argent de l'informel». «Des sommes énormes circulent en dehors du circuit bancaire, de quoi financer tout le quinquennat», a-t-il avoué en optant pour le dialogue et la concertation avec les différents opérateurs. Le Premier ministre compte faire du contrôle de la gestion des deniers publics son cheval de bataille. Il a annoncé qu'un décret exécutif portant sur la création d'une inspection générale des finances a été signé hier (mercredi ndlr). «La lutte contre la corruption commence par la moralisation de l'administration», a-t-il martelé en promettant de renforcer le contrôle sur la gestion des fonds publics. Les acteurs politiques et socio-syndicaux seront consultés Comment aller vers des subventions ciblées Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, jeudi dernier à Alger, le lancement prochain d'une large consultation pour redresser l'effort social de l'Etat, et ce avec tous les acteurs politiques, sociaux et syndicaux, en vue d'atteindre le consensus autour de cette question. Le Premier ministre a indiqué que «tous les acteurs politiques et socio-syndicaux seront consultés en vue d'atteindre un consensus national» autour des nouveaux mécanismes que devrait adopter l'Etat pour redresser son effort social». L'Etat n'entend nullement imposer telle ou telle démarche, mais veut plutôt atteindre le consensus national pour définir une nouvelle politique sociale destinée aux seules catégories vulnérables», a souligné le Premier ministre, ajoutant que «les partis politiques qui soutiennent le programme du président de la République seront les premiers consultés, puis viendront les autres formations politiques, les syndicats et toutes les forces sociales» désirant apporter leurs contributions. Abdelmadjid Tebboune avait auparavant indiqué dans ses réponses aux membres du Conseil de la nation que «le Conseil national économique et social (Cnes) et les ministères du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, ont été chargés de préparer une large consultation nationale pour redresser l'effort social de l'Etat». «Une commission consultative nationale sera installée avant la fin juillet ou juste après», avait précisé le Premier ministre, estimant que le consensus national autour de questions intéressant le pays était «une nécessité impérieuse». «Il est tout aussi nécessaire de définir, avec le concours d'économistes, voire d'organismes étrangers, les catégories nécessitant l'aide de l'Etat et les mécanismes d'octroi de ces aides», a-t-il ajouté.