L'option de la grève devrait être négociée âprement avec les pouvoirs publics pour éviter toute sorte de glissement qui puisse produire une situation néfaste, voire dramatique pour les citoyens dépendants du médicament. Décidément, les pharmaciens d'officine ont opté pour le durcissement en décidant d'entamer le 12 juillet prochain une grève qui touchera l'ensemble des pharmaciens à l'échelle nationale. Cette grève qui n'est pas comme les autres grèves des autres secteurs économiques ou de la Fonction publique, sera caractérisée par un aspect particulier, celui de la sécurité qui touche la santé publique, c'est-à-dire celui du patient de façon directe. Une grève générale dans ce sens, pourrait entraîner une situation des plus dramatiques pour le citoyen en quête d'un médicament correspondant à sa thérapie médicamenteuse. L'option de la grève devrait être négociée âprement avec les pouvoirs publics pour éviter toute sorte de glissement qui puisse produire une situation néfaste, voire dramatique pour les citoyens dépendants du médicament. Certes, les pharmaciens ont toute la latitude d'avoir une approche revendicative qui sied à leurs intérêts corporatistes, surtout les pharmaciens d'officine, mais la démarche revendicative doit passer inexorablement par la nécessité d'avoir un sens des responsabilités qui dépasse l'aspect étroit relevant de l'intérêt corporatiste tous azimuts. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) a indiqué les raisons qui l'ont poussé à prendre la décision d'entamer un débrayage général pour faire entendre sa voix. Dans ce sens, le président du Snapo, Messaoud Belambri a précisé que «le bureau national réuni en session extraordinaire le 1er juillet 2017 à Alger a décidé de recourir à une grève nationale le 12 juillet 2017 de 8h00 à 13h00, avec fermeture totale des officines. En effet la réunion organisée avec la sécurité sociale avant-hier et qui vient de se terminer, n'a apporté aucun résultat d'où le recours à cette opération de protestation. Ce communiqué est fait dans l'urgence, le Snapo communiquera plus de détails au sujet de ce mouvement et de toutes les démarches en cours et des négociations en vue», a-t-il souligné. Ce communiqué est la quintessence de la rencontre faite avec la Cnas et la Casnos pour négocier le volet qui constitue la pomme de discorde entre les deux parties, à savoir la question de la majoration de prix pour la vente du générique. Le président du Snapo ainsi que celui de l'Unop, le docteur Abdelouahed Kerrar, et la présidente de l'Adpha, Mme Hassiba Boulmerka, ont souligné jeudi dernier que «cette majoration est partie intégrante du prix final aux consommateurs et qu'elle a été mise en place depuis quelques années afin d'inciter les pharmaciens d'officine à promouvoir auprès de leurs patients la consommation de médicaments génériques et, en particulier, ceux d'entre eux qui sont fabriqués localement», a-t-on précisé. Il faut dire aussi que les structures qui dépendent du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale n'essayent pas de faire un effort dans les négociations qui ont été entamées avec les pharmaciens et les professionnels du médicament, bien au contraire, elles affichent une attitude très sévère quant à la démarche médiane qu'elles doivent entreprendre. Le choix de la grève était imposé par la Cnas et la Casnos selon les représentants des pharmaciens et la Fédération du médicament en général, puisque il n'y a pas une autre alternative en mesure de permettre à la corporation de sauvegarder la démarche actuelle de la majoration, surtout celle qui concerne la vente du générique fabriqué dans le pays. Dans ce sens, le Snapo souligne que «les négociations étaient menées pour tenter d'annuler le projet initié par la direction de la sécurité sociale en vue de mettre fin au système de majoration de prix pour la vente de génériques et de produits de fabrication nationale. Néanmoins, les pharmaciens n'ont d'autres choix que de recourir à la grève nationale», a-t-on souligné. Le Snapo et les autres organisations syndicales et professionnelles dans le domaine pharmaceutique et du médicament exigent qu'il y ait retrait, voire abrogation de ce projet qui va revoir de fond en comble le système de la majoration en vigueur. La question ne relève plus du domaine des négociations classiques qui rassemblent et réunissent les syndicats et leurs vis-à-vis, à savoir les entreprises ou les sociétés concernées. Puisqu'il y va de la santé publique, c'est-à-dire de la sécurité médicale du citoyen, on ne devrait pas badiner sur cette question sensible et importante. On imagine mal que la grève sera entamée d'ici quelques jours sans que les solutions ne soient trouvées in extremis pour parer à l'éventualité d'une pénurie qui pourrait toucher surtout les patients qui ont des maladies chroniques. L'intervention des pouvoirs publics est plus que jamais demandée pour mettre un terme à ce chantage de bas étage. On ne peut pas recourir à un chantage de ce genre pour avoir satisfaction de ses revendications. Cela ne s'inscrit pas dans une logique syndicale qui s'assume et assume sa responsabilité nationale en sa qualité de structure syndicale qui défend avant tout l'intérêt national du pays en premier lieu.