Les deux hommes ont eu, selon le département d'Etat, «des échanges très vigoureux» Le fait est qu'après des mois d'attente et de sujets qui fâchent, la rencontre a été beaucoup plus longue que prévue, de nature cordiale pour ne pas dire étonnamment amicale et qu'au grand dam de ceux qui espéraient un couac, elle a permis des avancées remarquables. Pour sa première rencontre avec Vladimir Poutine, sur fond de controverses inépuisables quant à l'implication de la Russie dans la campagne électorale de l'élection présidentielle américaine, le président Donald Trump a qualifié, samedi dernier, de «formidable» le long entretien (plus de deux heures) qu'il a eu avec le maître du Kremlin en marge du G20. C'est ainsi que le département d'Etat a cru bon de souligner que Trump s'est révélé très offensif sur cette question qui, à en croire certains cercles aussi bien républicains que démocrates et la majorité des médias américains, «empoisonne» le climat à Washington. Toujours selon la partie US, Vladimir Poutine aurait «tenté» de dissiper le «malentendu», niant toute responsabilité de Moscou dans cette affaire, mais pour les russes, ses explications ont été «acceptées» par Donald Trump. Le fait est qu'après des mois d'attente et de sujets qui fâchent, la rencontre a été beaucoup plus longue que prévue, de nature cordiale pour ne pas dire étonnamment amicale et qu'au grand dam de ceux qui espéraient un couac pour telle ou telle raison, elle a permis des avancées remarquables sur au moins deux sujets de grande importance, l'Ukraine et la Syrie pour lesquels le contentieux entre les deux super-puissances était devenu préoccupant. Ainsi, les deux hommes ont-ils confirmé l'accord élaboré par les sherpas des deux pays sur l'instauration d'un cessez-le-feu à compter d'aujourd'hui même dans une région du sud-ouest de la Syrie, c'est-à-dire celle de Raqqa où les FDS peinent à éliminer les derniers retranchements de Daesh qui a même réussi à repousser une de leurs dernières offensives, preuve que la victoire n'est pas aussi immédiate qu'on ne l'avait crié voici deux ou trois jours, lorsque le porte-parole de la coalition internationale l'affirmait complètement acquise. C'est le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui a officiellement confirmé, en marge du G20, que Russes et Américains sont convenus vendredi d'un cessez-le-feu à partir de dimanche à 09h00 GMT dans le sud de la Syrie. «Aujourd'hui, a-t-il déclaré à la presse internationale présente pour le sommet de Hambourg, dans la capitale jordanienne, Amman, des experts russes, américains et jordaniens (...) se sont mis d'accord sur un mémorandum pour la création d'une zone de désescalade» dans les provinces de Deraa, Qouneitra et Soueida». «Dans cette zone, il y aura un cessez-le-feu (entre les forces pro gouvernementales et celles de la rébellion) à partir du 9 juillet, à midi heure de Damas», a-t-il encore détaillé avant de conclure que, dans un premier temps, «la sécurité autour de cette zone sera assurée par des forces et moyens de la police militaire russe en coordination avec les Jordaniens et les Américains». Pour Rex Tillerson, «il s'agit là d'une première indication montrant que les Etats-Unis et la Russie sont capables de travailler de concert sur la Syrie». Certes, d'autres sources ont relativisé la portée de l'événement en rappelant qu'il s'agit «du premier pas d'un processus plus large» et que les Etats-Unis demeuraient «modestes et réalistes» dans leurs objectifs, compte tenu des nombreux échecs des cessez-le-feu précédents qu'ils ont ou parrainés ou négociés. Poutine et Trump ont convenu certainement de cette nécessité de s'impliquer ensemble aux côtés des autres pays qui sont partie prenante du conflit, en particulier la Turquie et l'Iran. La Russie et l'Iran, alliés de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, avaient adopté en mai dernier un canevas visant à créer quatre zones sécurisées où aurait lieu une trêve durable. Cet objectif a été débattu à Astana (Kazakhstan) et la répartition des zones effectuée à raison d'une dans le sud du pays, et trois autres dans la région d'Idlib (nord-ouest), la province de Homs (centre) et l'enclave de la Ghouta orientale. Cela devait intervenir en marge des pourparlers de Genève qui, eux, se déroulent sous l'égide de l'ONU. La toute dernière réunion d'Astana a donc connu un échec. C'est aussi le problème qui risque de se poser très vite pour cet accord russo-américain. D'après l'agence officielle jordanienne Petra, l'accord tripartite Russie-Etats-Unis-Jordanie implique un «cessez-le-feu (dès aujourd'hui) selon les lignes de contact convenues entre les forces gouvernementales syriennes d'un côté et les rebelles de l'autre» afin de «permettre l'accès de l'aide humanitaire «dans cette zone, et la création d'»un environnement favorable» en vue d'une solution politique au conflit. A Hambourg, Rex Tillerson a souligné que les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine avaient eu, vendredi lors de leur rencontre en marge du G20, une «longue discussion au sujet des autres zones en Syrie où Américains et Russes pourront continuer à travailler ensemble pour procéder à une désescalade de la violence». Encore un espoir...