Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec la Russie pour établir des zones d'exclusion aérienne en Syrie, a annoncé le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, avant la première rencontre, hier, entre les présidents russe et américain. Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine a souligné la «responsabilité particulière» de la Russie, alliée du régime de Damas, pour «parvenir à la stabilité» en Syrie. «Les Etats-Unis sont prêts à explorer la possibilité d'établir avec la Russie des mécanismes communs assurant la stabilité (en Syrie), y compris des zones d'exclusion aérienne, des observateurs du cessez-le-feu et une livraison coordonnée de l'aide humanitaire», a écrit le chef de la diplomatie. «Si nos deux pays travaillent ensemble pour établir la stabilité sur le terrain, cela posera des fondations pour une avancée vers un accord sur l'avenir politique de la Syrie», a-t-il ajouté, alors que les relations entre Washington et Moscou se sont récemment tendues sur la Syrie. M. Tillerson a publié son communiqué avant de rejoindre le président Donald Trump en Europe, où la Syrie sera au menu du tête-à-tête hier entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine, en marge du G20 à Hambourg, en Allemagne. Cet entretien intervient alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis, sont entrées dans Raqqa, dernier grand fief urbain du groupe Etat islamique en Syrie. Le groupe jihadiste «pourrait être au bord de la défaite complète en Syrie si toutes les parties se concentrent sur cet objectif», a souligné M. Tillerson, estimant que «la communauté internationale, et plus particulièrement la Russie, doit éliminer les obstacles entravant la défaite» de l'EI. «Nous appelons toutes les parties, dont le gouvernement syrien et ses alliés, les forces d'opposition syriennes et les forces de la coalition menant la bataille contre l'EI, à éviter d'entrer en conflit entre elles et respecter les frontières géographiques des zones de 'désescalade'' (...)», a encore dit le secrétaire d'Etat. Les relations se sont tendues entre le régime de Damas et les forces soutenues par Washington, qui a abattu le 18 juin un avion syrien en expliquant que l'appareil menaçait des FDS. Ces tensions ont par ricochet affecté les relations avec la Russie, qui avait dénoncé comme un «acte d'agression» la destruction de l'avion syrien, reprochant à Washington de ne pas l'avoir prévenue. M. Tillerson a qualifié mercredi ces incidents de «mineurs» et s'est félicité de la coopération entre Washington et Moscou en matière de communication militaire, pour notamment définir en Syrie des zones dites de «désescalade» visant à éviter les incidents aériens. Les Etats-Unis et la Russie «ont encore certainement des différends sur un certain nombre de sujets, mais nous avons le potentiel pour nous coordonner de manière appropriée en Syrie afin de parvenir à la stabilité», a-t-il ajouté. Il a ajouté que la Russie avait «l'obligation d'empêcher toute utilisation d'armes chimiques par le régime d'Assad». Washington a menacé le régime syrien de riposter s'il lançait une nouvelle attaque à l'arme chimique. La Russie, l'Iran, également alliée du régime syrien, et la Turquie, soutien des rebelles, avaient adopté début mai à Astana un plan pour créer dans la Syrie en guerre quatre zones sécurisées, afin d'instaurer une trêve durable dans plusieurs régions. Mais deux jours de négociations cette semaine à Astana ont échoué à parvenir à un accord sur la mise en en place de zones de «désescalade» permettant un cessez-le-feu durable en Syrie.