L'artiste crée comme dans un rêve et se plaît à lire ce qu'il y a derrière l'arbre et la lumière... Coups de coeur en noir et blanc est le titre de l'exposition de photos de Mme Leila Gueddoura Achour qui présente environ 75 oeuvres à l'hôtel Sofitel. Ancienne élève de Martinez Arslane et Bendebagh, cette artiste a étudié la communication visuelle à l'Ecole des Beaux-Arts. Elle enseigne depuis 1985 dans un lycée où elle a appris il y a quelques années à ses élèves, les rudiments d'apprentissage de l'art photographique. Son exposition donne à voir une série d'oeuvres dont une partie remonte à 1985. Celle-ci fait référence à la Casbah avec ses murs noirs et le blanc des haïks des femmes, la pureté des regards des badauds ou l'innocence tendre de ces vieux ou de ces enfants... La Casbah dans toute sa nudité est prise à vif sous l'oeil du photographe qui apporte son attention sur cette vieille ville. Un noir et blanc qui sied à merveille avec cette ancienne cité figée dans le temps mais pourtant investie de mobilité dans son sujet. Il y a chez l'artiste ce souci indéniable de transposer des segments de rêves et lui donner un sens. Pour ce faire, «il faut que je trouve le moment propice», dit-elle et d'ajouter : «Je suis très observatrice, des choses peuvent paraître banales pour les autres mais moi je les regarde à ma façon. Il faut que cela soit comme dans un rêve dans lequel je plongerai dedans». En effet, les photos de Leila Gueddoura Achour font appel à la macrophoto ou le système d'agrandissement incorporé pour obtenir des images saisissantes de beauté et d'âme artistique. La nature chez elle est métamorphosée, ce n'est pas l'image qu'on regarde mais ce qu'elle donne à voir... Un contraste, une expression, un reflet dans l'oeil. «Mon but est de capter le plus possible de lumière. Je travaille sans flash». L'artiste donne beaucoup d'importance en effet au jeu de l'ombre et de la lumière, a fortiori quand c'est ce dernier qui apporte la profondeur à l'abstraction. L'artiste «zoome» ainsi sur différents objets, allant des plantes (persil) aux fleurs en passant par des ampoules, le regard expressif de sa mère aux murs, escaliers et arbre parlant... La fibre artistique est discernable sur chaque oeuvre là où s'est posé l'esprit inventif et original de l'artiste. Leila vous invite à pénétrer son rêve artistique éveillé fait de féerie et d'émerveillement. Il y a aussi chez elle un souci constant de rigueur dans le cadrage et la composition car soutient-elle, «j'aime mettre en scène les objets et la lumière et lire dans les ombres». Et c'est de ces ombres justement qu'elle se plaît à réinterpréter à sa manière et selon ses fantaisies que seul le regard de l'artiste perçoit, ces signes divers comme ce spectre d'oiseau né d'une disposition d'une fleur... Bref, il serait dommage de ne pas visiter cette expo pleine de charme, de nostalgie, d'exploration et surtout d'amour pour cet art qu'est la photographie. Un art à part entière qui ne saurait altérer toute autre forme de communication car il convient à l'observateur d'apporter ses interprétations et de voyager au gré de cette passion pour le noir et blanc.