Le gendre du président Trump, Jared Kishner, sous les feux des affaires américano-russes La rencontre entre Donald Trump Jr. et une avocate russe a projeté le fils du président américain en première ligne d'un scandale explosif qui menace à son tour de happer le gendre du milliardaire, Jared Kushner, fidèle confident et conseiller de l'ombre à la Maison-Blanche. C'est le visage de Donald Jr. qui s'affiche depuis plusieurs jours dans les grands médias américains. Mais l'opposition démocrate le proclame haut et fort: il est surtout urgent d'écarter du pouvoir Jared Kushner, également présent lors de la désormais célèbre réunion à la Trump Tower de New York. Alors que le fils aîné de Donald Trump, resté dans le monde des affaires, ne joue aucun rôle dans la gestion du pays, son gendre, figure incontournable de la sphère Trump, occupe une place de premier rang à la Maison-Blanche, martèlent-ils. Même du côté républicain, des voix s'élèvent pour questionner la présence de Jared Kushner, 36 ans, et de son épouse Ivanka Trump, 35 ans, au côté du président américain. «Il me semble qu'il serait dans le meilleur intérêt du président de retirer tous ses enfants de la Maison-Blanche», a ainsi déclaré jeudi un élu du Texas à la Chambre des représentants, Bill Flores, à propos de ces deux derniers. Héritier lui aussi d'une famille de magnats de l'immobilier new-yorkais, diplômé de Harvard, Jared Kushner oppose une discrétion extrême aux multiples sorties de son beau-père. Signe de sa profonde confiance, Donald Trump l'a chargé de lourds dossiers, dont, en priorité, la recherche d'une issue au conflit israélo-palestinien. C'est pourtant par lui que le dernier feuilleton de l'affaire russe semble avoir éclaté au grand jour: un formulaire qu'il devait soumettre à son arrivée à la Maison-Blanche - pour être notamment autorisé à consulter des documents classifiés - a d'abord mené à la révélation de l'existence de la fameuse réunion. Puis, face au scoop du New York Times, Donald Jr. a publié cette semaine un échange de courriels, brandis depuis par certains comme l'indice le plus flagrant à ce jour d'une complicité entre l'équipe Trump et le Kremlin pour tenter de faire basculer l'élection présidentielle de 2016 côté républicain. Dans ces messages datés de juin 2016, Donald Jr. accepte avec enthousiasme de rencontrer une avocate russe, Natalia Veselnitskaya, dont on lui dit qu'elle a des liens avec Moscou et détient des informations compromettantes contre la candidate démocrate Hillary Clinton. «Parfait, il y aura certainement Paul Manafort (directeur de campagne), mon beau-frère et moi», répond le fils Trump. L'avocate russe a précisé depuis que Jared Kushner n'était resté qu'entre sept et 10 minutes. Et Donald Jr. comme cette dernière assurent qu'aucune information gênante concernant Hillary Clinton n'a en fait été échangée. Peu importe, ce rebondissement spectaculaire a replacé au premier plan de précédentes révélations sur des rencontres entre Jared Kushner et des responsables russes, en pleine campagne électorale, puis après la victoire de Donald Trump le 8 novembre. D'après le Washington Post, le gendre du président aurait ainsi proposé en décembre 2016 d'établir un canal secret de communication entre l'équipe Trump et le Kremlin en utilisant les équipements de l'ambassade russe à Washington. Toujours en décembre, Jared Kushner aurait rencontré Sergueï Gorkov, ancien membre des services secrets russes et président de la banque publique Vnesheconombank, visée par de lourdes sanctions américaines, pour un entretien dont la teneur reste inconnue. Les affaires et contacts de Jared Kushner intéresseraient d'ailleurs le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur l'ingérence présumée de la Russie dans l'élection américaine et une éventuelle collusion entre des membres de l'équipe Trump et Moscou, affirmait le Washington Post le mois dernier. Puis cette semaine, le groupe de presse américain McClatchy a affirmé que les commissions d'enquête du Congrès ainsi que le ministère de la Justice enquêtaient pour déterminer si l'équipe de campagne Trump a guidé des pirates informatiques russes afin qu'ils ciblent des circonscriptions déterminantes pour y divulguer pendant la campagne de fausses informations concernant Hillary Clinton. Ce alors que Jared Kushner a dirigé la campagne numérique de Donald Trump. Cela ne fait aucun doute pour les différents services de renseignement américains: Moscou a organisé une campagne de désinformation et de piratage afin de nuire à la démocrate et aider Donald Trump. Mais le président américain rejette fermement toute accusation de collusion avec le Kremlin. En attendant l'audition probable de Jared Kushner par la Commission du renseignement au Sénat, les démocrates exigent des mesures immédiates. «On ignore pourquoi M.Kushner continue à avoir accès à des informations classifiées pendant qu'une enquête est menée», dénonçaient déjà en juin une vingtaine d'élus dans une lettre à la Maison Blanche.