Les fontaines des ancêtres renaissent toujours Les fontaines ne peuvent pas remplacer, en débit, les réseaux d'AEP. Il faut bien s'entendre sur ce point avant de poursuivre la visite qui nous guidera surtout sur les hauteurs des communes du littoral qui souffrent le martyre à cause de la gestion des réseaux de distribution et de leur état défectueux. Plus l'été avance plus des fontaines ruisselantes apparaissent à travers les villages. En fait, elles ont toujours été là, mais on ne les voit que lorsque la soif a atteint les limites du supportable. Pas la peine d'attendre éternellement ces gouttes incertaines du robinet. Il faut juste aller, muni de quelques jerrycans, dans ces nombreux villages où se trouvent ces sources paradisiaques. Elles sont nombreuses et la nouvelle de leur existence se propage à une vitesse invraisemblable. L'on vient de toutes parts, chercher de l'eau minérale aux vertus médicinales avérées. Et c'est gratuit. Ce qui est, en plus surprenant, c'est l'accueil des villageois. Soucieux du bien-être des hôtes en quête d'eau, les villageois s'organisent pour répartir la source équitablement entre eux et les passants. Une visite à plusieurs villages s'est donc imposée à nous. Il fallait absolument voir de près ces sources qui ont jailli en cette période de pénurie d'eau. Les fontaines ne peuvent pas remplacer, en débit, les réseaux d'AEP. Il faut bien s'entendre sur ce point avant de poursuivre la visite qui nous guidera surtout sur les hauteurs des communes du littoral qui souffrent le martyre à cause de la gestion des réseaux de distribution et de leur état défectueux. Ce qui est cependant certain, c'est que ces fontaines dissimulées généralement sous les taillis assurent de l'eau à des milliers de foyers et aux milliers d'autres citoyens qui viennent de partout en charger. De l'eau à boire seulement, mais une eau d'une qualité divinement supérieure. Sur place on retrouve des véhicules venus des wilayas limitrophes comme Alger, Boumerdès, Bouira, Béjaïa, Blida et Tipasa. La fontaine se trouve au village Azrou Bwar situé dans la commune de Mizrana, une cinquantaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce village martyrisé par l'histoire, mais gâté et dorloté par la nature, se trouve sur le pic du mont Mizrana. Il est connu sous l'appellation de «La Crête». C'est en effet, un village typiquement méditerranéen. C'est à l'entrée de ce village que se trouve la fontaine sous des arbres au feuillage dense. A cette ombre qui ne disparaît jamais, la température reste toujours clémente. «Cette fontaine, j'ai l'impression qu'elle coule directement du paradis. Elle est incroyable. Son eau est d'un goût inqualifiable» reconnaît, étonné, un homme entouré de ses enfants. Il était en train de remplir quelques jerrycans. Approché, un vieux du village chargé d'orienter les visiteurs nous dira que la fontaine, même améliorée architecturalement par les Français, au XVIIIe siècle, est ancestrale. Ce sont les villageois qui l'ont utilisée depuis plusieurs siècles. Son eau possède des vertus médicinales incontestables. Les expériences ont démontré qu'elle guérit un grand nombre de maux», affirme-t-il. La file s'allonge surtout durant l'après-midi. Le village se remplit de véhicules. «Les gens viennent de partout prendre un peu d'eau. Les citoyens des villages limitrophes ne consomment que l'eau de cette fontaine. «Ça fait quelques années que je ne bois l'eau que de cette fontaine. Je me sens très bien. Toute ma famille en consomme», témoigne un citoyen de Boudjima qui affirmait venir chaque semaine se servir. A Ouaguenoun, les citoyens se transmettent la bonne nouvelle de bouche à oreille depuis le début de l'été. Une source a jailli au village Iboubkren. Son eau est d'un goût superbe. L'on arrive des villages de toute la wilaya, voire de Boumerdès et d'Alger. «Je viens chaque semaine en fin d'après-midi. Cette eau est divine. Je n'ai plus besoin d'attendre celle du robinet. L'eau des robinets est rare, mais à présent on ne l'utilise que pour les besoins ménagers pour la douche, les toilettes et la vaisselle», témoigne un homme qui remplit des jerrycans stockés dans sa voiture. A travers les communes, des fontaines sont ressuscitées par les villageois. La soif peut aisément être étanchée avec ces sources. Les réseaux d'AEP n'alimentent que les autres besoins. Les fontaines sont à la mode en ces jours de canicule et de vaches maigres, en matière d'eau potable. Notre périple ne s'arrête pas là car nous continuerons à découvrir d'autres sources dans d'autres villages, dans les prochains jours. Les fontaines des ancêtres renaissent toujours afin de secourir même ceux qui disent qu'ils ne boiront jamais de leur eau.