Les collyres, les pommades sont également en rupture «Les laboratoires nous approvisionnent au compte-gouttes», se plaint une responsable d'une pharmacie, qui reconnaît qu'il est de plus en plus difficile de répondre aux demandes des patients. De rupture en rupture. Le feuilleton de la pénurie des médicaments est loin de connaître son épilogue. «Près de 60 médicaments ne sont pas disponibles sur le marché», a affirmé le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine, Belamri. Contacté par nos soins, ce dernier a fait savoir que même le générique est en rupture. «Il y a une pénurie cyclique des médicaments depuis des années», a-t-il regretté en indiquant que même le générique n'est pas disponible. Il a cité comme exemple l'antibiotique Clamoxyl qui n'est plus disponible même en générique. «Les pharmacies perçoivent des petites quantités de 30 boîtes, ce qui n'est pas du tout suffisant», a affirmé M. Belamri qui soutient que cette quantité est écoulée en une demi-journée. Les collyres, les pommades sont également en rupture. Effectivement, les pharmaciens d'officine souffrent le calvaire pour approvisionner leurs patients. «Les laboratoires nous approvisionnent au compte -gouttes», se plaint une responsable d'une pharmacie. Pour elle, il est de plus en plus difficile de répondre aux demandes des patients. «Parfois je suis dans l'obligation de donner une boîte de médicament à chacun de mes patients en attendant l'arrivée de la commande», nous confie cette pharmacienne qui précise que les médicaments Cardimazole préconisé pour le traitement de la thyroïde et Avlocardyl pour les palpitations du coeur sont rares. Pourquoi ce problème se reproduit à chaque fois? Le président du Snapo explique cette situation de pénurie par le retard accusé dans la signature des programmes d'importation des médicaments ce qui se répercute sur l'ensemble de l'opération. «Le programme d'importation des médicaments est un long processus car il dépend de plusieurs facteurs», a-t-il précisé en affirmant qu'il faut lancer la commande auprès des laboratoires internationaux qui prendront trois ou quatre mois pour répondre à la demande. Selon lui, le problème a été exposé lors de la rencontre qui a regroupé récemment tous les intervenants dans ce créneau. «Le nouveau ministre s'est engagé à signer les programmes d'importation des médicaments en octobre pour éviter tout retard», a affirmé Larbaoui. Ce dernier reproche également ces ruptures à certains opérateurs qui ne respectent pas leur programme. «Parmi les 60 opérateurs qui interviennent dans la production et l'importation du médicament, il y a quatre ou cinq opérateurs qui n'honorent pas leurs engagements», a-t-il attesté sans pour autant citer des noms. «Ces opérateurs sont connus, ils ont été sanctionnés par la tutelle, mais ils récidivent, nous avons demandé au ministère de leur retirer les programmes d'importation», a-t-il martelé tout en précisant qu' «il s'agit du médicament et non pas de la banane ou du chocolat». Larbaoui soutient également que l'évolution démographique et la hausse du nombre de malades chroniques nécessitent une augmentation des quantités de médicaments produits ou importés. «Il faut augmenter les budgets consacrés au médicament», a-t-il suggéré. De son côté, Lotfi Benbahmed, président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens médecins, avoue que c'est toute la profession de la pharmacie, et bien évidemment les malades, qui souffrent présentement de l'indisponibilité «chronique» d'un certain nombre de produits de soins. Il signale que la liste des traitements «s'élargit et se rétrécit» en fonction des «arrivages et non-arrivages», imputant cette situation aux restrictions quantitatives des quotas, avec pour conséquences, un impact sur les stocks de sécurité. Par ailleurs, lors du Conseil interministériel présidé récemment par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avec la présence des représentants du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine, la question du médicament a été largement débattue.