img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P170809-16.jpg" alt=""Arrêtez vos dérives!"" / Entre le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune et la présidence de la République, les hostilités sont publiques, ouvertes. Le torchon brûle, sans fard cette fois-ci. Malgré de sévères rappels à l'ordre, M.Tebboune s'obstine. Selon des sources informées, on a appris que le président de la République, par le biais de son directeur de cabinet, a sévèrement rappelé à l'ordre le Premier ministre désavouant ainsi franchement sa démarche. «Le président de la République vous instruit d'ordonner aux départements ministériels concernés de mettre immédiatement un terme à ces initiatives qui sont un véritable harcèlement des opérateurs nationaux.» L'amertume qui submerge depuis quelques semaines les opérateurs économiques est la conséquence directe des décisions hâtives, inexpliquées et improvisées du Premier ministre. Désappointés par tant d'audace inutile, les observateurs relèvent un manque flagrant de sens du compromis politique si nécessaire pour cultiver une paix sociale très chèrement acquise. Sa démarche censée se confondre avec le Programme du président de la République, grille tous les feux rouges et s'engage dans un sens interdit. Dans ses recommandations urgentes, le chef de l'état a instruit son Premier ministre de «veiller à ce que le gouvernement ne laisse pas créer auprès de l'opinion nationale ou des observateurs étrangers, l'impression d'une campagne décidée par les pouvoirs publics, ce qui, vous le savez bien, est sans fondements». Le rappel à l'ordre ne se perd pas de politesses. Le ton est sec et intransigeant. N'était-il pas temps enfin de freiner les élans de M.Tebboune aux conséquences désastreuses? N'a-t-il pas imprimé un sentiment diffus d'insécurité générale, une sorte d'impuissance des dirigeants à maintenir la paix sociale? Un climat délétère s'est vite installé. L'Algérie vient d'être collectivement atteinte. Le moral national est en berne. Que dire alors des observateurs étrangers qui ne sont pas mieux servis: du caviar à la louche. Ils ne manqueront pas d'exploiter les rivalités et les surenchères qui se font jour dans «l'invitation» adressée à Tebboune à rejoindre les rangs. Nos sources notent bien que la récente rencontre entre l'Exécutif, le patronat et l'Ugta, a été programmée dans l'urgence, sous l'injonction de M.Bouteflika. «La rencontre que vous avez tenue avec les partenaires économiques et sociaux du gouvernement, conformément aux directives présidentielles, a contribué à un début de retour d'un climat de sérénité», le document ajoute à l'endroit du chef de l'Exécutif que «M.le Président vous charge de ne rien ménager pour que cette tendance positive se consolide avant la rentrée sociale». Or, la bouffée d'espérance née avec la dernière réunion informelle pour préparer la tripartite a vite explosé. Tebboune s'est essayé sur le terrain de l'escrime à fleurets mouchetés et tombe sur des champions dans cette discipline. Ce sont les signataires du Pacte économique et social, froissés par la désinvolture du Premier ministre, qui lui portent l'estocade. Pourtant, les instructions étaient claires: il fallait persévérer dans cette tendance positive. «Le président de la République vous fait savoir aussi que toute violation de la loi ou de la réglementation, y compris par des opérateurs économiques, doit être traitée dans le respect des textes et par les voies prévues à cet effet, mais, en tout état de cause, sans publicité inutile.» C'est un coup de sommation auquel il fallait obtempérer. Et vite! Tebboune ne l'a pas fait. Et il reçoit une deuxième sommation en l'espace de trois jours. Nos sources rapportent que cette instruction a été adressée à Tebboune le 6 août dernier et portait sur le blocage des marchandises importées avant que ne soient rétablies les licences d'importation. Le président a été saisi de plusieurs recours par des opérateurs et la presse nationale a longuement fait état de ce dossier. «M.le Président ordonne que les services de la direction générale des douanes s'attellent à un examen urgent des dossiers en question et libèrent sans délais toute cargaison dont les documents d'importation prouvent la commande avant l'annonce de la mise en place de licences d'importation sur les produits concernés.» Cette sommation sera-t-elle la dernière? Sommes-nous dans un été aux occasions perdues et aux illusions entretenues? L'instant est décisif. Si la présidence de la République oppose un front serein au pessimisme ambiant, il va falloir plier l'affaire avant le mois de septembre. Pourquoi septembre? Parce que les Algériens ne peuvent pas faire deux choses à la fois: les vacances et la grogne. Aux tiraillements, aux coups fourrés et aux pièges exquis, le Premier ministre se lance dans une compétition pour gagner la faveur de l'opinion. Il y a une technique très prisée par l'ancien secrétaire d'Etat américain, le gourou de la diplomatie internationale, Henry Kissinger, et qui a donné ses preuves: elle consiste à faire révéler ses intentions par la presse afin de pouvoir les confirmer ou les démentir ensuite selon les exigences du moment. Les politiques appellent cela un ballon d'essai. On reconnaît désormais la démarche de M.Tebboune au détour de plusieurs décisions, de ses élans où se tapit au creux de l'amertume un espoir furtif. Pressé d'atteindre 2019, il semble vouloir donner un coup d'accélérateur au temps et aux événements. La dernière entrevue à Paris avec son homologue français a été un coup de Jarnac. Un mot en vogue depuis la IVe République française. Tebboune a raté son affaire dans la forme et capitule dans le fond. Il a la dent dure, le crawl rapide, mais hélas, il nage en eaux troubles.