Les «Aadlistes», sont les plus nombreux de toutes les formules existantes Les citoyens qui caressaient le rêve d'avoir un logement, craignent de voir leur espoir s'évaporer avec ce nouveau gouvernement, et cela après des décennies d'attente... S'il y a bien quelque chose qui inquiète les Algériens au plus haut point, c'est le logement. La nomination de Tebboune, ex-ministre de l'Habitat, à la tête du gouvernement, avait été perçue comme un signal positif de la part des hautes autorités aux souscripteurs des différents formules d'habitat qui commençaient à s'impatienter! Surtout que le chef de l'Exécutif avait affirmé que le logement était l'une des principales priorités de son gouvernement. Mais à peine trois mois après, ces Algériens en attente d'un toit, déchantent! Les «Aadlistes», qui sont les plus nombreux de toutes les formules existantes, sont les plus inquiets, notamment après la diffusion de l'information faisant état d' instructions données par le Premier ministre aux banques pour financer uniquement les projets de logements LPP et de geler les autres financements. C'était le choc pour ces souscripteurs, rassemblés en collectif, qui n'ont pas tardé à réagir menaçant d'investir la rue! La pilule est difficile à avaler surtout pour les souscripteurs 2001-2002 qui n'ont pas encore été logés. «On attend depuis plus de 15 ans. Quand il a été nommé à la tête du secteur, Tebboune nous avait promis qu'on allait habiter au début de l'année 2016. On est en 2017, même si certains ont eu leurs logements beaucoup de souscripteurs ne voient pas le bout du tunnel», font savoir des membres très actifs du collectif qu'ils ont créé il y a de cela deux ans. Ce désarroi ne touche pas que les souscripteurs de l'Aadl 1, mais aussi ceux du programme de 2013. «On nous a appelés pour payer la seconde tranche. On arrive à 5 h du matin au niveau du stade du 5 Juillet pour faire pendant des heures la chaîne sous cette chaleur suffocante afin de récupérer un ordre de versement. On doit par la suite faire également la chaîne au CPA pour payer 100.000 dinars. A la fin, on ne sait même pas si un jour on va habiter ou non», dénonce Farid, un jeune fonctionnaire qui a payé, hier, la seconde tranche d'un logement auquel il croit de moins en moins. «Le problème dans toute cette histoire, c'est qu'il y a une opacité flagrante qui entoure ce programme», ajoute-t-il d'un air désespéré avant qu'un autre souscripteur qui suait énormément dans cette interminable queue ne lui coupe la parole. «Dites -moi qui d'entre vous connaît le nouveau ministre de l'Habitat?», demande cet homme à ses camarades d'infortune. «On ne l'a jamais vu. On ne l'a pas encore entendu. Aucun mot n'est sorti de sa bouche pour nous rassurer. On a l'impression d'être devant un exécutant et non un ministre...», poursuit-il avec courroux. La classe moyenne est donc en colère. «On travaille toute notre vie, on paye beaucoup d'impôts pour rêver toute une vie d'un logement très cher et qui tarde à venir. Alors que d'autres qui n'ont jamais travaillé de leur vie, il leur suffit de barrer une route ou construire un bidonville pour avoir un logement», peste un père de famille pour crier son ras-le-bol. Car, il faut le dire, la population a mis tous ses espoirs dans les différents programmes de logement. Leur avenir est sur toutes les lèvres! «Vont-ils honorer leurs engagements?», «nos logements seront-ils livrés?», «les programmes annoncés par le ministre seront-ils réellement réalisés?», s'interrogent, très inquiets, les citoyens. Ces derniers, qui caressaient le rêve d'avoir un logement, craignent de voir leur espoir s'évaporer avec ce nouveau gouvernement, et cela après des décennies d'attente. Le peuple est donc dans l'expectative. Il ne sait plus à quel saint se vouer. Les Algériens ne sont pas dupes, et à force d'être «gavés» de mensonges, ils risquent d'«exploser». Le logement pourrait donc être l'étincelle qui va enflammer le pays lequel est sur une poudrière avec la crise économique et sociale qui s'annonce suite aux pénuries qui sont nées du blocage «violent» des importations. Il ne faut pas oublier que c'est ce fameux logement qui a le plus fait sortir les Algériens dans la rue ces dernières années. Tout le monde se souvient des émeutes chroniques liées aux retards dans leur distribution, qui ont frappé les quatre coins du pays. Ces émeutes qui par chance ont été à chaque fois localisées dans des régions différentes avaient tout de même perturbé la paix sociale chère au président de la République Abdelaziz Bouteflika. Qu'en sera-t-il alors dans un contexte de crise où ce problème de logement concernera une large frange de la société.?Ce sont là 700.000 Algériens à qui on a promis, chez qui on a entretenu l'espoir et à qui on a mis de l'eau à la bouche. Le gouvernement a-t-il le droit de décevoir autant d'Algériens à qui on essaie déjà de «vendre» l'austérité...?