Tillerson était hier à Koweït au début d'une tournée dans le Golfe, pour sortir de «l'impasse» les efforts de médiation Pour appuyer l'action koweïtienne, des envoyés américains se sont rendus à Abou Dhabi où ils ont été reçus par le prince héritier et commandant suprême adjoint des forces armées des EAU, cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan. Ils vont se rendre ensuite en Arabie saoudite, au Bahreïn et en Egypte. Deux mois après le début de la crise du Golfe entre le Qatar et les pays emmenés par l'Arabie saoudite, on observe ces jours derniers de légers frémissements qui se font sentir dans la région en faveur d'une solution négociée. Mercredi, le vice-Premier ministre et ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Sabah al-Khaled al-Hamad al-Sabah, accompagné de son ministre de l'Information, cheikh Mohammad al-Abdallah al-Moubarak al-Sabah, a entamé une tournée diplomatique de plusieurs jours à travers le quartette anti-Qatar (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte et Bahreïn) et à Oman. Le voyage s'est achevé à Doha où les missi dominici koweïtiens ont rencontré l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad ben Khalifa al-Thani. Même si le climat demeure particulièrement tendu entre les pays du CCG et le Qatar soumis à un blocus contraignant dont il s'efforce de sortir en multipliant les décisions comme celle de supprimer les visas pour plus de 80 pays, le soutien accordé par les Etats-Unis à l'initiative koweitienne laisse à penser qu'un consensus existe déjà sur la nécessité de parvenir à un règlement de la crise de manière pacifique.Les deux responsables ont remis des lettres de l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, aux dirigeants des différents pays concernés par la crise, lettres dans lesquelles il a été entre autres question des «récents développements régionaux et internationaux, et plusieurs sujets d'intérêt commun», selon l'agence de presse nationale Kuna. Comme on sait aussi, grâce à des sources koweïtiennes rapportées par le quotidien saoudien Al chark al-Awsat, que «l'émir s'est concentré dans ces lettres sur le besoin d'unir les leaders arabes et du Golfe lors d'un prochain sommet afin d'examiner les mécanismes possibles pour résoudre la crise». D'autres sources diplomatiques rapportées mercredi par le journal koweïtien al-Raï considèrent que des évolutions dans la crise du Golfe comportent «des signes de percée à l'horizon» au lendemain des visites de l'envoyé diplomatique koweïtien qui se seraient déroulées dans «une atmosphère positive». Les lettres «insistent sur la nécessité de surmonter les différences afin de maintenir un front uni qui a permis le maintien du Conseil de coopération du Golfe et la protection de ses peuples», ont-elles ainsi assuré avant de souligner que la médiation koweïtienne est «la seule garantie de succès». Le Koweït aurait d'ores et déjà décidé d'envoyer des délégations dans les différents pays du Conseil de coopération du Golfe pour «s'assurer de la présence des leaders lors du prochain sommet». Le Koweït entend conforter sa démarche en promettant des «garanties» au quartette anti-Qatar, avec la caution des Etats-Unis, pour «qu'aucune nuisance ne soit causée par le Qatar» lors des négociations. Washington a clairement formulé son soutien à la médiation koweïtienne dans la crise du Golfe à l'occasion d'une interview, publiée par l'agence Kuna, de l'ambassadeur américain au Koweït, Lawrence Silverman. «Nous voulons assister à la fin de cette crise le plus vite possible» pour le bien de la région, a expliqué celui-ci. Quelques jours auparavant, deux autres envoyés américains, le général Anthony Zinni, ancien chef retraité du Commandement central des Etats-Unis, et Timothy Lenderking, haut fonctionnaire du département d'Etat, se sont rendus au Koweït à la demande du secrétaire d'Etat, Rex Tillerson. Washington semble s'impatienter devant la lenteur des évènements et veut actionner ses relais tant diplomatiques que militaires pour sortir de l'enlisement actuel qui risque d'affecter la base militaire US d'al Oudaïd au Qatar. «J'ai aussi demandé au général Anthony Zinni de partir avec Tim afin que nous puissions maintenir une pression constante sur le terrain car je pense que c'est ce qu'il faut», a déclaré M. Tillerson lors d'une conférence de presse. «Il y a si peu de marge de manoeuvre avec la persuasion par téléphone», a-t-il explicité. Pour soutenir l'action koweïtienne, les envoyés américains se sont donc rendus à Abou Dhabi où ils ont été reçus par le prince héritier et commandant suprême adjoint des forces armées des EAU, cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan, seconde étape après leur séjour au Qatar. Ils doivent également se rendre au cours des prochains jours en Arabie saoudite, au Bahreïn et en Egypte. Et tandis que le ballet diplomatico-militaire kowe ̈to-américain se poursuit, des voix diplomatiques émiraties se sont élevées pour appeler Londres à s'impliquer davantage dans la région afin d'apporter une solution britannique à la crise en sa qualité de premier bénéficiaire des investissements qataris. Pour Dubaï, «la Grande-Bretagne doit être plus avenante (vis-à-vis des pays en conflit avec le Qatar) si elle veut vraiment essayer de poursuivre une politique pour contrer l'extrémisme. Elle doit mettre plus de pression sur le Qatar», faute de quoi «le commerce avec le Golfe en tant que bloc sera quelque peu entravé».