Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, est arrivé hier au Qatar dans le cadre d'une tournée dans la région du Golfe, pour tenter de faire sortir de «l'impasse» les efforts de médiation dans la crise opposant le Qatar et ses voisins, qui campent sur leurs positions après la rupture de leurs relations diplomatiques avec Doha. Le chef de la diplomatie américaine qui a entamé lundi son périple en se rendant au Koweït, première étape de sa visite, menait hier des pourparlers au Qatar avant de revenir au Koweït dans la même journée, pour tenter de désamorcer la profonde crise qui secoue la région. Au programme de M. Tillesron à Doha des entretiens avec l'émir du Qatar et le ministre des Affaires étrangères. Cette tournée intervient en l'absence de progrès visibles dans la médiation menée par le Koweït entre Doha et ses voisins. Sa visite de quatre jours dans le Golfe, le mènera également en Arabie saoudite, et au Sultanat d'Oman. Durant sa première journée de visite au Koweït, le secrétaire d'Etat américain a rencontré l'émir cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, avant de l'entretien qu'il a eu avec son homologue koweïtien, Cheikh Sabah Khaled al-Hamad al-Sabah. Selon l'agence koweïtienne, KUNA, le conseiller britannique, Mark Sedwill, a assisté à une partie des entretiens. A l'issue de ces discussions, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Koweït ont appelé dans un communiqué commun les parties prenantes à «juguler rapidement la crise actuelle et à la résoudre au plus vite à travers le dialogue», selon la même source. «Nous essayons de résoudre un problème qui ne concerne pas seulement nous, mais le monde entier», a déclaré Cheikh al-Sabah. Les deux responsables américain et britannique ont, par ailleurs, réaffirmé leur plein soutien à la médiation koweïtienne pour résoudre cette crise. Avant Rex Tillerson, les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, d'Allemagne et d'Oman ainsi qu'un haut responsable de l'ONU sont venus dans la région offrir, sans résultat jusqu'ici, «leurs bons offices dans cette crise», ont indiqué des observateurs, cité par des médias. Le 5 juin, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte avaient rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusant cet Emirat du Golfe, notamment, de soutenir le «terrorisme», ce que Doha ne cesse de rejeter. Le 22 juin, ces pays ont soumis au Qatar une liste de 13 demandes, exigeant notamment de fermer la chaîne de télévision satellitaire, Al-Jazeera, et de réduire ses relations avec Téhéran pour lever leurs sanctions économiques, dont la fermeture de la seule frontière terrestre de l'Emirat. Doha qui a réitéré son rejet de ces conditions, a affirmé que ces demandes sont «irréalistes» et empiètent sur sa souveraineté. Réunis mercredi dernier au Caire, les quatre pays ont menacé d'imposer de nouvelles sanctions au Qatar, sans préciser leur nature. Mais l'Egypte a, par la suite, interdit aux navires qataris d'accoster au port du Canal de Suez. Par ailleurs, même si le président américain, Donald Trump, a semblé, selon des observateurs, «apporter son soutien tacite à l'isolement du Qatar», qu'il a accusé publiquement d'avoir «financé le terrorisme à un très haut niveau», son chef de la diplomatie a dès le départ adopté une stratégie de neutralité. Les Etats-Unis, qui disposent au Qatar d'une base militaire stratégique et dont la Ve Flotte est basée à Bahreïn, ont d'importants intérêts économiques et politiques dans la région du Golfe, qui assure le cinquième des approvisionnements du monde en pétrole. Par ailleurs, le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a, au terme d'une tournée régionale, appelé samedi à la levée du boycott imposé au Qatar et à «un contrôle sur le financement du terrorisme dans tous les Etats du Golfe».