Tension - Des tentatives de médiation se poursuivent pour désamorcer la crise sans précédent autour d'un Qatar isolé et accusé de «soutenir le terrorisme». Dans la nuit d'hier, le Qatar a donné l'impression de chercher une issue à la crise après que l'Arabie et ses alliés aient annoncé la rupture de toute relation avec lui. Dans un discours diffusé par la télévision Al-Jazeera, le chef de la diplomatie de l'émirat, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu'il n'y aurait pas «d'escalade» de la part du Qatar et a appelé au dialogue. Plusieurs pays ont par ailleurs essayé de jouer les médiateurs face à cette crise - la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG) - comme le Koweït qui n'a pas rompu ses relations avec le Qatar. L'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a reçu hier un conseiller du roi d'Arabie saoudite, Salmane, et a ensuite appelé l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, pour l'inviter à la «retenue», selon l'agence koweïtienne Kuna. La Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a aussi prôné le dialogue. «Nous fournirons tout type de soutien pour que la situation revienne à la normale», a dit le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu. Lundi soir, le roi Salmane a reçu un appel téléphonique du président turc Recep Tayyip Erdogan. Alliés à la fois de Riyad et de Doha, les Etats-Unis avaient invité dès lundi les pays du Golfe à rester «unis», par la voix du secrétaire d'Etat Rex Tillerson. Le ministre qatari des Affaires étrangères souligne ce mardi le caractère «stratégique» des relations avec les Etats-Unis. Le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région, forte de 10 000 hommes et siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient. Cette base est cruciale pour la lutte menée contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak par la coalition internationale menée par Washington et dont fait partie Doha. Le Qatar a par ailleurs été exclu de la coalition militaire arabe, dirigée par Riyad, qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. Il lui est reproché de soutenir des groupes islamistes radicaux et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a aussi appelé au dialogue. «Les voisins sont permanents, la géographie est immuable. La coercition n'est jamais la solution. Le dialogue est impératif, particulièrement durant le Ramadhan», a-t-il dit. Riche pays gazier à la politique étrangère controversée, le Qatar avait au départ réagi avec colère aux décisions annoncées par Riyad et ses alliés, les accusant de vouloir le mettre «sous tutelle» et de l'étouffer économiquement. Le Qatar a toujours poursuivi sa propre politique régionale, affirmant son influence par le sport - il accueillera le Mondial 2022 de football - et par les médias avec Al-Jazeera dont les bureaux à Riyad ont été fermés hier.Mais il est accusé par ses détracteurs d'entretenir des liens avec les réseaux jihadistes Al-Qaïda et EI, ainsi que les Frères musulmans, classés «terroristes» par certains pays arabes. Le Qatar a obtenu la libération d'otages, notamment en Syrie et en Irak, où des rançons auraient été versées. L'Algérie préoccupée l L'Algérie suit avec une grande préoccupation la dégradation des relations entre certains pays du Golfe et de la région et leurs répercussions sur l'unité et la solidarité du monde arabe, a indiqué mardi un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Tout en appelant l'ensemble des pays concernés à adopter le dialogue comme seul moyen de régler leurs différends et de transcender les divergences qui peuvent naturellement surgir dans les relations entre Etats, l'Algérie appelle à la nécessité d'observer, en toutes circonstances, les principes de bon voisinage, de non ingérence dans les affaires internes des Etats et du respect de leur souveraineté nationale», a-t-on ajouté. «L'Algérie reste confiante que les difficultés actuelles ne peuvent être que conjoncturelles et que la sagesse et la retenue finiront par prévaloir tant les véritables défis qui se dressent devant la marche des pays et des peuples arabes vers une solidarité agissante et une unité effective sont nombreux dont le terrorisme n'est pas des moindres», a conclu le communiqué.