L'officiel tunisien, M.Mondhir Ezzenaidi, revient, dans cet entretien sur la coopération économique entre l'Algérie et la Tunisie. L'Expression: La Tunisie participe à la 38e Foire internationale d'Alger, quel est l'état des lieux que vous en faites? Mondhir Ezzenaidi: La diversité des produits exposés dans cette foire donne à peu près une idée sur la qualité de la production tunisienne. Notre participation est classique mais nous essayons de la développer d'une année à l'autre. Toutefois, je pense qu'une foire à elle seule est insuffisante pour démontrer la production d'un pays. Il faut développer les salons spécialisés. Je cite la tenue à Alger, à la fin du mois en cours, du 12e Salon international de l'artisanat traditionnel auquel la Tunisie prendra part activement. Mis à part cela, y a-t-il des possibilités de rehausser la coopération entre les deux pays? Incontestablement. Il y a des possibilités mais aussi des réalisations, et dans plusieurs domaines. Je voudrais bien mentionner le partenariat qui existe, que ce soit dans la production des biens ou dans le secteur des services. Il doit y avoir plus d'une trentaine de partenariats dans la production de biens. Je voudrais également mentionner la très bonne collaboration qui existe entre l'Algérie et la Tunisie dans le secteur des services. Beaucoup de bureaux d'études, d'architectes, de sociétés dans le domaines des nouvelles technologies travaillent en étroite collaboration. Aussi, je voudrais mentionner la qualité de nos relations commerciales qui évolue année après année. Peut-être que nous sommes en de-ça du potentiel, mais il y a quand même de très bons pas dans la très bonne direction. Il y a de plus en plus de complémentarité entre nos deux pays. La Tunisie est réputée pour être leader dans le domaine du tourisme et de l'artisanat dans le Grand Maghreb, qu'est ce qui a été fait dans ce sens? J'ai été reçu par le ministre algérien de l'Artisanat, M.Benbada, nous avons convenu de tirer profit des expériences mutuelles. L'artisanat en Tunisie, comme en Algérie, est un secteur important aussi bien sur le plan de sa contribution au PIB (Produit intérieur brut) que sur le plan du développement régional. Et nous avons édifié ensemble une stratégie pour développer ce secteur et augmenter sa contribution à la croissance. Aussi, nos discussions ont porté sur la protection des métiers en voie de disparition ainsi que l'échange des matières premières entrant dans la production de la céramique, des tapis... Avec le ministre algérien du Commerce, M.Djaboub, nous avons convenu de faire un peu plus d'efforts pour promouvoir les relations commerciales. Nous sommes en train d'examiner ensemble le cadre réglementaire pour nos échanges. Cela, dans un cadre qui favorise la complémentarité entre nos entreprises et qui serve la valeur ajoutée soit en Algérie ou en Tunisie. Ceci dit, la réunion du comité de suivi des échanges commerciaux rehaussera la qualité de nos relations bilatérales. La réunion de ce comité, elle est prévue pour quand? La date n'a pas été encore retenue, mais la réunion aura lieu dans les prochaines semaines. Et quel en est l'objectif? C'est pour faire le bilan de l'année 2004 et le point sur les réalisations des premiers mois de 2005. C'est aussi pour se fixer les objectifs à réaliser dans les années à venir. Parce que dans le monde globalisé où nous vivons et face aux défis auxquels nous sommes confrontés, plus nous serons solidaires, plus nous serons à même de supporter la concurrence livrée par les autres régions du monde. D'ailleurs, la direction de la foire vient de m'annoncer que la Tunisie sera l'hôte d'honneur, l'année prochaine, lors de la 39e édition de la Foire internationale d'Alger. Nous allons donc essayer d'être à la hauteur de cet événement. Quel est le taux des échanges commerciaux entre l'Algérie et la Tunisie? On est quasiment équilibré. Pour l'année 2004, je crois que ces échanges étaient estimés à 190 millions de dinars tunisiens. Peut-être que l'Algérie exporte plus vers la Tunisie que la Tunisie vers l'Algérie. Néanmoins, la vérité ne se mesure pas par le taux mais par le volume. Quand vous prenez toutes les régions du monde, le commerce transfrontalier représente toujours une composante essentielle au niveau de la balance commerciale. Mais ces échanges entre les pays du Grand Maghreb sont très insuffisantes. Ce que nous faisons actuellement c'est encourager les opérateurs économiques algériens et tunisiens à développer leurs relations. Je n'omettrai pas de souligner que l'Algérie continue toujours d'imposer des taxes douanières sur les produits en provenance de Tunisie, tandis que les produits algériens entrant en Tunisie en sont exonérés. Mais dans ce sens, il y a quand même des discussions entre les deux gouvernements respectifs. La ligne de chemin de fer reliant la Tunisie à l'Algérie est à l'arrêt, qu'en est-il au juste? La ligne de chemin de fer est à l'arrêt parce que, d'après une étude réalisée par les deux sociétés algérienne et tunisienne de transport ferroviaire, le point de jonction de cette ligne n'a pas de nécessité économique. C'est pour cette raison qu'il a été convenu d'arrêter momentanément ce projet. Quoi qu'il en soit, il y a eu des pourparlers entre nos deux pays pour revoir le point de jonction entre la ligne de chemin de fer en provenance de l'Ouest (Algérie) et celle de l'Est (Tunisie). Il a été convenu enfin que ce point se situerait dans la wilaya d'El Tarf.