L'homme de la situation. Le président de la République a décidé, hier, de nommer, Ahmed Ouyahia, Premier ministre en remplacement de Abdelmadjid Tebboune. Peut-on dire que nous avons un nouveau Premier ministre sachant que Ouyahia a dirigé pas moins de neuf gouvernements auparavant. Deux sous la présidence de Zeroual (1995-1997 et 1997-1998). Nommé trois fois chef du gouvernement par le président Bouteflika (2003-2004, 2004-2005 et 2005, 2006) et quatre autres fois en qualité de Premier ministre (juin 2008-novembre 2008, novembre 2008-avril 2009, avril 2009-mai 2010, mai 2010-septembre 2012). Hier donc c'est la dixième fois que la direction du gouvernement lui est confiée. Le choix du président de la République peut être interprété comme étant lié à la conjoncture difficile que le pays traverse. Ouyahia est connu pour son intransigeance dès qu'il s'agit des intérêts supérieurs du pays. Il a eu à gérer des moments très difficiles qu'a eu à traverser le pays ces dernières décennies. Il était aux commandes au moment où la guerre contre le terrorisme battait son plein dans les années 1990. Où les caisses de l'Etat étaient quasiment vides. Il était aux commandes lors des préparatifs de la Charte de la Réconciliation nationale. Que de fois, il a dû endosser des mesures impopulaires mais vitales pour le pays. Beaucoup avaient donné à plusieurs reprises sa carrière politique compromise. Son courage n'a d'égal que son patriotisme. D'ailleurs, il se qualifie lui-même de soldat de la République. Sa loyauté n'a jamais été prise à défaut. Il a plusieurs fois répété et respecté qu'il ne se présenterait jamais à la magistrature suprême tant que le président Bouteflika se porterait candidat. Son discours va droit au but et son langage celui de la vérité. Quitte à choquer les partisans du politiquement correct. La dernière fois qu'il s'est attiré les foudres de certains médias occidentaux remonte à quelques jours lorsqu'il a dit, sans détours, ce que charrie le phénomène des migrants comme menaces sur la Sécurité nationale. Ouyahia est un homme de conviction. Rien ni personne ne l'impressionne lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts de l'Algérie et des Algériens. Et si le président Bouteflika a pensé à lui, cela peut facilement être compris par la nécessité d'une plus grande fermeté dans la gestion gouvernementale. La fin des couacs et une plus grande discipline dans les rangs de l'Exécutif. La décision du président de la République ne mentionne pas le gouvernement. Jusqu'à preuve du contraire, cela veut dire que Ouyahia conduira le gouvernement en place pour appliquer le Plan d'action tel qu'il a été adopté par le Parlement. Par sa très riche et longue carrière politique, Ouyahia a forcément un ascendant sur l'équipe gouvernementale. Ce qui, dans le même temps, lui confère une autorité naturelle dans l'exercice de ses fonctions. Pas seulement puisque même auprès des citoyens, Ouyahia rassure par sa connaissance des dossiers et sa fermeté à les gérer. C'est maintenant à lui qu'incombe la préparation de la loi de finances 2018. C'est aussi à lui qu'incombe la préparation des élections municipales de l'automne prochain. Enfin, sa nomination intervient à quelques semaines de la rentrée sociale. La mission qui attend Ouyahia est loin d'être de tout repos!