Le président iranien, Hassan Rohani, dans un discours devant le Parlement a haussé le ton et mis en garde Washington L'Iran a menacé hier de quitter très rapidement l'accord nucléaire avec les grandes puissances si les Etats-Unis continuent leur politique de «sanctions et coercition». S'adressant au Parlement qui doit valider son nouveau cabinet dans les prochains jours, le président réélu Hassan Rohani a par ailleurs présenté une série de mesures économiques et sociales qu'il compte mettre en place durant son second et dernier mandat de quatre ans. Conclu en juillet 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, l'accord nucléaire prévoit que l'Iran limite son programme nucléaire à des usages civils en échange de la levée progressive des sanctions internationales. Mais l'administration américaine du président Donald Trump, hostile à cet accord favorisé par son prédécesseur Barack Obama, a imposé une série de sanctions juridiques et financières à l'Iran, non liées aux activités nucléaires. «L'expérience ratée des sanctions et de la coercition a mené les précédentes administrations (américaines) à la table des négociations», a déclaré M. Rohani, 68 ans, dans un discours télévisé. Mais si les Etats-Unis «veulent revenir à ces méthodes, assurément, dans un délai très court - non pas des semaines ou des mois, mais en jours ou en heures - nous reviendrons à la situation d'avant l'accord et nous serons plus forts», a-t-il averti. M. Rohani a souligné que l'Iran préfèrerait ne pas quitter l'accord nucléaire, qualifié de «modèle de la victoire de la paix et de la diplomatie sur la guerre et l'unilatéralisme», mais que cela n'était pas «la seule option». Pour le président iranien néanmoins, Donald Trump a prouvé au monde qu'il n'était «pas un bon partenaire». «Ces récents mois, le monde a vu que les Etats-Unis, en plus d'avoir constamment rompu leurs promesses concernant l'accord nucléaire, ont maintes fois ignoré des accords internationaux et montré à leurs alliés qu'ils n'étaient pas un bon partenaire», a-t-il martelé. En juillet, l'administration américaine a imposé de nouvelles sanctions juridiques et financières ciblées contre des personnes et entités iraniennes liées au programme balistique, interdit par une résolution de l'ONU et au corps des Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime iranien. Dans ce contexte de durcissement des relations bilatérales depuis l'arrivée de M. Trump au pouvoir en janvier, le Parlement iranien a répondu aux sanctions américaines en votant dimanche un accroissement significatif des moyens financiers du programme balistique iranien et des Gardiens de la révolution. Donald Trump n'a cessé de critiquer l'accord nucléaire, qu'il qualifie d'«horrible», mais ne l'a pour l'heure pas remis en cause. L'Iran, qui n'entretient plus de relations diplomatiques avec les Etats-Unis depuis 1980, assure que les sanctions américaines sont une «violation» de cet accord, qui a mis fin à son isolement sur la scène internationale. Autre signe des fortes tensions entre Téhéran et Washington, la marine américaine a affirmé lundi qu'un drone iranien s'était approché «dangereusement» d'avions basés sur le porte-avions américain USS Nimitz croisant dans les eaux internationales dans le Golfe. Mais les Gardiens de la révolution ont réfuté ces affirmations, soutenant que le trajet du drone n'était en aucun cas «dangereux». Devant les députés, M. Rohani a par ailleurs défendu le choix de son gouvernement, critiqué par les réformateurs pour l'absence de femmes et la présence de ministres plutôt âgés. «Je souhaitais nommer trois ministres femmes mais cela ne s'est pas produit», a-t-il dit sans donner plus d'explications. «Tous les ministres doivent s'entourer de femmes occupant des postes haut placés, surtout des conseillères et des députées», a toutefois ajouté M. Rohani, réélu en mai grâce notamment au soutien des réformateurs qui soutenaient ses positions pour plus de libertés civiles et d'égalité des genres. Le président a par ailleurs promis d'éradiquer la pauvreté absolue et d'oeuvrer pour une grande amélioration des conditions des plus pauvres avant la fin de son mandat en 2021. «Le gouvernement est déterminé à mener des réformes structurelles et considère la lutte contre la corruption comme une condition préalable au progrès et la justice sociale», a-t-il affirmé. Accusé pendant son premier mandat de mener un agenda économique néolibéral profitant aux plus riches, M. Rohani a promis de «réduire les exonérations fiscales» des puissants groupes économiques et «d'élargir le système de taxation pour plus de justice».