La présidentielle iranienne a été un plébiscite pour le président sortant, Hassan Rohani, qui saluait hier ses électeurs Le président iranien Hassan Rohani a été largement réélu pour quatre ans dès le premier tour, un feu vert pour la poursuite de sa politique d'ouverture au monde et de réformes. En obtenant 57% des voix, le religieux modéré de 68 ans a terrassé son adversaire conservateur, Ebrahim Raissi, proche du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, qui remporte 38,3% des suffrages, a annoncé hier le ministère de l'Intérieur. Cette nette victoire démontre qu'une majorité d'Iraniens approuve sa politique d'ouverture entamée par l'accord nucléaire historique conclu en juillet 2015 avec six grandes puissances, dont les Etats-Unis, ennemi juré de la République islamique depuis près de 40 ans. L'annonce de son succès survient le jour de la visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite, la grande rivale de l'Iran au Moyen-Orient. Avec 23,5 millions de bulletins à son nom, M. Rohani augmente considérablement le nombre de ses électeurs par rapport à la présidentielle de 2013, lorsqu'il en avait obtenu 18,6 millions. Pendant la campagne, il avait demandé aux Iraniens de lui accorder plus de voix afin de pouvoir poursuivre ses réformes sur le plan intérieur et sa politique d'ouverture. «Je resterai fidèle à mon engagement envers vous», a-t-il assuré dans un tweet après les résultats. «Le vrai vainqueur» de l'élection est «le grand peuple d'Iran», a-t-il ajouté, alors que le taux de participation s'est élevé à 73%. Le guide suprême a salué la victoire «du peuple iranien et du régime de la République islamique malgré les complots de ses ennemis». L'ayatollah Khamenei a demandé à M.Rohani et à son futur gouvernement «d'avoir comme priorités les couches déshéritées, les zones rurales et pauvres, ainsi que la lutte contre la corruption». M.Rohani a consacré la majeure partie de son premier mandat à la négociation de l'accord nucléaire, qui a entraîné une levée partielle des sanctions internationales frappant l'Iran depuis près de 10 ans. Mais ces avancées n'ont pas permis d'attirer les investissements étrangers espérés et il n'y a pas eu d'impact direct sur la vie quotidienne des Iraniens. Ces derniers restent durement frappés par le chômage, qui touche 12,5% de la population et 27% des jeunes. L'accord nucléaire a en revanche permis à l'Iran d'entamer son retour sur la scène internationale, une politique d'ouverture qu'entend poursuivre M.Rohani lors de son second mandat. En le félicitant, l'Union européenne l'a d'ailleurs encouragé dans cette voie. «L'UE est prête à continuer à travailler pour la pleine mise en oeuvre du Plan d'action global commun (l'accord sur le nucléaire, Ndlt), l'engagement bilatéral, la paix régionale et la satisfaction des attentes de tous les habitants de l'Iran», a réagi la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Avec son large score, M.Rohani a les coudées plus franches, ce qui pourrait même lui permettre d'étendre cette ouverture à la société iranienne où les atteintes aux libertés restent nombreuses. Le président en Iran n'est cependant pas le seul à prendre des décisions dans ce domaine. Elles doivent recevoir l'aval du guide suprême, du puissant pouvoir judiciaire contrôlé par les conservateurs et parfois des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite. Le scrutin s'est tenu deux jours après la décision américaine de renouveler l'allègement des sanctions contre l'Iran, conformément à l'accord nucléaire de 2015. Mais la méfiance entre Téhéran et Washington demeure et l'administration américaine a assorti cette mesure de nouvelles sanctions ciblées liées au programme de missiles balistiques de l'Iran. Washington n'a pas immédiatement réagi aux résultats de l'élection, qui ont été salués par le président russe Vladimir Poutine, allié de l'Iran, notamment dans son soutien au régime syrien. M.Poutine s'est dit confiant de voir Moscou et Téhéran continuer à travailler au «maintien de la stabilité et de la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde». Un message similaire a été envoyé par le président syrien Bachar al-Assad, dont le maintien au pouvoir après six ans de guerre doit beaucoup au soutien de ses alliés russe et iranien.