Youcef Yousfi--Mohamed Benmeradi--Abdelwahid Temmar Le récent lifting gouvernemental renseigne sur les enjeux au titre desquels le nouveau gouvernement doit réussir le pari. La situation est délicate sur le plan économique et financier, les trois ministres sont dans une logique obéissant à une conjoncture qui fera du salut national un sursaut salvateur. Le nouveau gouvernement de Ouyahia ne semble pas continuer dans la même lignée de son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune. Le lifting gouvernemental qui vient d'être opéré remet en cause les choix économiques, surtout par rapport au volet lié au secteur industriel. La nomination de Youcef Yousfi comme ministre de l'Industrie et des Mines en remplacement de Mahdjoub Bedda est un signe annonciateur d'un vrai changement de cap en matière de stratégie industrielle. D'ailleurs, c'est ce volet qui a tant précipité le limogeage de l'ex-Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et son ministre de l'Industrie. Le secteur industriel était l'objet d'une véritable bataille de points de vue d'orientation et de recentrage des objectifs qui s'imposent pour répondre à la situation qui caractérise l'industrie nationale. La venue de l'ex-ministre Bedda à la tête de ce secteur névralgique n'a pas apporté les réponses escomptées par rapport au dossier sensible du l'industrie de l'automobile. Le désormais ex-ministre de l'Industrie et des Mines, voulait rompre avec le travail et l'approche industrielle de son prédécesseur, il a fait table rase sur toute la stratégie industrielle qui existait avant lui, cette démarche a été développée sur fond de remise en cause de la conception qui existait quant à l'assemblage des voitures. Bedda s'est précipité pour tout chambouler dans ce volet relevant du monde de l'automobile. Bedda n'a pas proposé une stratégie dans le domaine de l'assemblage des voitures, sa démarche consistait à se référer à l'importation des véhicules tous azimuts en divorçant avec la dynamique qui a été insufflée par ses prédécesseurs même si elle était dans sa phase de balbutiements, il n'empêche que l'industrie de l'automobile commençait à faire son petit bonhomme de chemin à travers l'assemblage et la venue de plusieurs marques dans le domaine. Cette méthode développée par Bedda était diamétralement opposée à la stratégie industrielle qui a été mise en oeuvre par ses prédécesseurs, le bon sens aurait dicté au ministre sortant d'avoir du recul pour bien cerner le secteur et maintenir le processus industriel existant en lui apportant des modifications nécessaires dans le sens de son renforcement et de sa consolidation. Le gel de l'assemblage par une décision bureaucratique sans tenir compte de la réalité du secteur qui venait de mettre en oeuvre un début de stratégie prometteuse d'assemblage des véhicules ne préconisait pas qu'il allait continuer ce qui a été réalisé dans ce secteur par ses prédécesseurs. Autre chose que Bedda n'a pas su gérer, c'est la conduite à tenir au sein de son ministère, il a semé la pagaille. Il est allé jusqu'à faire dans la décapitation des directions centrales en mettant tout le ministère dans un climat délétère. Cet état psychologique créé par le premier responsable du ministère de l'Industrie a fait perdre la confiance quant aux cadres de la tutelle et aussi à la démarche industrielle telle que préconisée par Bedda. Le nouveau ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, doit faire avec cette réalité délétère qu'a laissé son prédécesseur. Le ministre actuel est connu pour sa sérénité, ce qui va favoriser le redéploiement de son ministère en optant d'abord pour la mise en place de la confiance aux cadres qui ont été voués aux gémonies par Bedda, c'est un travail qui nécessite une force de caractère et aussi de la détermination. Hormis ce volet, il y a aussi le défi qui attend Yousfi pour rétablir la confiance avec les opérateurs économiques qui sont venus pour investir dans le secteur économique en général et dans le domaine de l'assemblage automobile en particulier. Le nouveau ministre de l'Industrie, est un ancien des rouages, sa stratégie consiste à faire relancer le secteur de l'industrie en tenant compte de la situation dans laquelle s'est empêtré le secteur, sans verser dans la sinistrose qui consiste à faire fuir les protagonistes potentiels en mesure de booster le secteur de l'industrie et de l'automobile. Même le ministère du Commerce a été revu en termes de choix qui s'imposent pour le recentrer et rompre avec l'orientation qui existait précédemment. La mise à l'écart du ministre du Commerce, Mohamed Saci et son remplacement par Mohamed Benmeradi sonne le glas pour la gestion précédente qui faisait de l'approche basée sur les licences d'importation comme forme de gestion de la chose commerciale. Benmeradi, un ministre connu pour sa maîtrise des dossiers économiques puisqu'il a déjà géré les affaires qui ont trait à la promotion des exportations et l'encouragement des PME et le secteur de l'industrie. La venue de Benmeradi signe la fin du recours à la méthode de son prédécesseur en matière d'importation des produits ou celle liée au renforcement de la stratégie de l'exportation en dehors des hydrocarbures. Il doit prendre à sa charge le secteur et tout revoir par rapport aux marchandises qui sont clouées aux ports du pays pour assainir le milieu commercial qui se débat dans une anarchie totale. L'une des mesures qui vont être revues ça sera selon toute vraisemblance, celle de revoir la notion de licences d'importation. Celles-ci seront conçues uniquement pour des questions stratégiques dont l'Etat aura à imposer pour maintenir et réguler les importations qui obéissent aux exigences de l'économie du pays et les besoins vitaux. Mohamed Benmeradi est appelé à concevoir une nouvelle démarche quant au secteur du commerce, il a la responsabilité de rétablir l'ordre dans le marché national, un marché qui ne semble pas trouvé son salut durant la période courte où l'ex-ministre faisait sa loi dans le secteur. Le choix de Benmeradi n'est pas fortuit, il obéit à une logique qui consiste à redonner de la dynamique et de l'efficacité à un secteur livré à lui-même. Un autre secteur qui n'est pas des moindres, vient de connaître un changement à sa tête. C'est celui de l'Habitat, de l'Urbanisme, et de la Ville. Ce ministère qui était coiffé par Youcef Chorfa, vient de changer de main, ce portefeuille stratégique où résident tous les enjeux de la politique sociale de l'Etat. Le choix de Abdelwahid Temmar est lié à une démarche qui consiste à entériner la stratégie de l'Etat dans la gestion de ce dossier sensible. L'ex-wali de Mostaganem n'a pas embrassé la fonction de ministre, c'est sa première expérience en sa qualité de ministre. A titre de rappel, Abdelwahid Temmar n'est pas étranger au secteur de l'habitat, il a été directeur de l'urbanisme que ce soit au niveau des structures de wilayas ou au niveau du ministère. Cette expérience acquise sur le terrain lui sera utile au niveau central, c'est-à-dire au niveau de la tutelle ou les choix relevant de l'accélération du rythme de la réalisation des projets en ces temps de crise financière. Le logement constitue un enjeu majeur et un défi que le ministre est appelé à relever, c'est un créneau qui engagera la crédibilité de ce ministre fraîchement désigné quant aux grands chantiers lancés et qui attendent d'être suivis minutieusement et assurer la remise à temps de ces projets. Il a à gérer une situation des plus sensibles et prépondérantes, c'est sa carrière qui est impliquée. Le récent lifting gouvernemental renseigne sur les enjeux au titre desquels le nouveau gouvernement doit réussir le pari. La situation est délicate sur le plan économique et financier, les trois ministres sont dans une logique obéissant à une conjoncture qui fera du salut national un sursaut salvateur. La liste du gouvernement Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a nommé jeudi les membres du gouvernement, conduit par M.Ahmed Ouyahia, indique un communiqué de la présidence de la République, dont voici le texte intégral: «Conformément à l'article 93 de la Constitution et après consultation du Premier ministre Son Excellence M.Abdelaziz Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense nationale a nommé ce jour les membres du gouvernement, dont la liste se présente comme suit: -Premier ministre: Ahmed OUYAHIA -Vice-ministre de la Défense nationale, Chef d'état-major de l'ANP: Ahmed GAID SALAH -Ministre des Affaires étrangères: Abdelkader MESSAHEL -Ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire: Nour-Eddine BEDOUI -Ministre de la Justice, garde des Sceaux: Tayeb LOUH -Ministre des Finances: Abderrahmane RAOUIA -Ministre de l'Energie: Mustapha GUITOUNI -Ministre des Moudjahidine: Tayeb ZITOUNI -Ministre des Affaires religieuses et des Wakfs: Mohamed AISSA -Ministre de l'Education nationale: Nouria BENGHABRIT -Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique: Tahar HADJAR -Ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels: Mohamed MEBARKI -Ministre de la Culture: Azzedine MIHOUBI -Ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique: Houda Imane FERAOUN -Ministre de la Jeunesse et des Sports: El Hadi OULD ALI -Ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine: Ghania EDDALIA -Ministre de l'Industrie et des Mines: Youcef YOUSFI - Ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche: Abdelkader BOUAZGUI - Ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville: Abdelwahid TEMMAR -Ministre du Commerce: Mohamed BENMERADI -Ministre de la Communication: Djamel KAOUANE -Ministre des Travaux publics et des Transports: Abdelghani ZAALANE -Ministre des Ressources en eau: Hocine NECIB -Ministre du Tourisme et de l'Artisanat: Hacène MERMOURI -Ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière: Professeur Mokhtar HASBELLAOUI -Ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale: Mourad ZEMALI -Ministre des Relations avec le Parlement: Tahar KHAOUA -Ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables: Fatma Zohra ZEROUATI Par ailleurs, et conformément à l'article 92 alinéa 6 de la Constitution, M.le président de la République a également nommé à ce jour, M.Ahmed NOUI, Ministre, Secrétaire général du gouvernement.»