Sorti du sujet de la PME, le ministre de l'Industrie et des Mines affiche une mine plutôt insatisfaite de la situation du secteur dont il a la charge. Le ministre de l'Industrie et des Mines fait sienne la stratégie de soutien aux PME et la promotion des start-up. Mahdjoub Bedda a souligné lors de la conférence de presse qu'il a animée hier au siège de son ministère, tout l'intérêt qu'accorde le Plan d'action du gouvernement aux petites et moyennes entreprises, mises au centre de la stratégie économique du gouvernement. Le ministre qui a relevé la nécessité de mettre en place tous les instruments de la loi sur les PME, a affiché l'intention de son département de réduire de la mortalité des PME, «en hausse d'année en année», a-t-il insisté, contredisant les derniers chiffres du Cnrc qui annoncent le contraire. Il reste que la volonté du gouvernement de mettre la petite entreprise et notamment innovante, en tête des préoccupations, s'illustre parfaitement par la série de décisions que le ministère envisage de prendre dans un avenir proche. Bedda cite, à ce propos, la réservation pour cette catégorie d'opérateurs des assiettes de foncier industriel et affirme que son département pense à initier tout un programme immobilier industriel, dédié aux PME, en sus d'un processus d'accompagnement des jeunes promoteurs. Pour le ministre, c'est justement un déficit d'accompagnement qui peut expliquer une bonne partie de la mortalité d'entreprises. Le ministre n'en dira pas plus, mais il est supposé tout un dispositif qui devrait voir le jour prochainement. Sorti du sujet de la PME, le ministre de l'Industrie et des Mines affiche une mine plutôt insatisfaite de la situation du secteur dont il a la charge, dans quasiment tous les compartiments. A commencer par les zones industrielles, dont il ne voit pas la nécessité d'en créer autant. Le chiffre de 39 zones industrielles sera donc forcément revu à la baisse, si l'on tient compte de la «moue» qu'a fait le ministre à l'évocation du sujet. Selon Bedda, «il est inconcevable de construire une zone industrielle partout et n'importe comment». Le ministre en veut pour argument que beaucoup de ces espaces dédiés à l'implantation d'unités industrielles demeurent inoccupés. «Il faut d'abord faire fonctionner celles qui existent déjà avant d'en créer d'autres», insiste Bedda, affichant ainsi une claire opposition à la démarche de son prédécesseur sur la question du foncier industriel. Il reste que le ministre qui promet de régler le problème n'a pas dit comment et s'est contenté de généralité. Quant aux usines qui y seront implantées, le ministre de l'Industrie annonce la préférence du gouvernement pour le développement de l'industrie de transformation qui utilise des intrants locaux. Les produits agricoles constituent, à cet égard, la matière première idéale. Il faut dire que ce discours a déjà été tenu par l'Exécutif sortant, sans que l'application ait suivi sur le terrain. Dans la bouche de Mahdjoub Bedda, le passage à l'acte est une évidence tant que la volonté y est. Pour ce qui concerne les volets de l'industrie nationale dont les décisions gouvernementales ont défrayé la chronique, le ministre de l'Industrie et des Mines a clairement affirmé que l'industrie automobile ne constituait pas la seule priorité de son département. «La mécanique n'est qu'un segment parmi d'autres. Nous voulons tirer vers le haut toute l'industrie et ce que nous voulons faire dans l'automobile, c'est justement mettre en place les instruments d'une véritable industrie», insiste le ministre, non sans souligner que l'objectif du fameux cahier des charges que tout le monde attend «prendra en compte les intérêts de tous. De l'opérateur, de l'Etat et des consommateurs». Toujours est-il qu'aucune échéance précise n'a été annoncée pour la publication de ce cahier des charges, alors que plusieurs projets d'assemblage automobile ont été gelés par le gouvernement. Plus globalement, c'est toute la politique du CKD-SKD qui est remise en cause. Le ministre a réitéré le constat d'échec qu'il fait sur cette politique et annoncé, là aussi, des initiatives tendant à accompagner «les opérateurs qui veulent véritablement apporter une plus-value à l'économie du pays et ne pas se contenter d'importations déguisées». Il se trouve que toutes les «initiatives» qui seront déployées par les pouvoirs publics ont un caractère prioritairement administratif avec un fond de suspicion systématique. En fait, il se dégage des propos du ministre un a priori coercitif. Même si le ministre se défend d'être un facteur de blocage pour de nombreuses filières industrielles, il se trouve que le propos amène à comprendre que l'industrie nationale a été prise en main par une faune d'importateurs.