Avec la dernière opération de lifting qui a touché certains postes ministériels, notamment ceux en charge des dossiers économiques, le chef de l'Etat a tenté de recadrer les priorités économiques, suite à l'échec pur et simple de certains ministres, à l'instar de Hamid Temmar, Hachemi Djaâboub et Chakib Khelil. Le «trio de l'échec» qu'avait critiqué le chef de l'Etat, ouvertement et à maintes reprises, en plein Conseil des ministres. Il fallait s'attendre au départ de ces ministres. Temmar, le désormais ex-ministre de l'Industrie et de la promotion des investissements, avait confectionné une stratégie industrielle qui n'était finalement que «du pipeau» pour reprendre les termes de Ahmed Ouyahia. Ce dernier l'avait descendu en flammes, allant jusqu'à l'accuser de «tromperie». «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal. Elle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions. Elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres», avait déclaré Ouyahia, accablant ainsi Temmar. Ce n'est pas l'unique impair qu'a commis Temmar. La vente de la cimenterie d'Orascom de M'sila au groupe français Lafarge est l'une des étiquettes qui n'en finit pas de coller au dos de ce ministre, réputé pourtant un des fidèles collaborateurs du président. Il est aussi à l'origine directe de l'échec de la politique des privatisations, de l'investissement et du redéploiement du capital productif public. Faisant des IDE son cheval de bataille, Temmar était l'un des maillons qui a propulsé la bulle des investissements étrangers spéculatifs qui menaçaient l'effondrement de l'économie nationale. En conclusion, le ministre a failli, comme l'a soutenu Louisa Hanoune, mais sera repêché au ministère de la Prospective et des statistiques. Djaâboub a quitté le Commerce, et le gouvernement, car incapable de réguler le marché de la patate. Lors de l'avant-dernier Conseil des ministres, qui a vu l'adoption de l'avant-projet de loi sur la concurrence et le contrôle des prix, certaines sources proches du gouvernement ont laissé entendre que Djaâboub est passé sous la douche, et le chef de l'Etat l'aurait «blâmé» sur la gestion jugée «catastrophique» de son département. Sans aller jusqu'à citer les gros dossiers engageant l'Algérie avec des entités et/ou organisations économiques tels que le dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, le ministre n'était plus en mesure d'endiguer la flambée des prix des produits de large consommation. Le désormais ex-ministre du Commerce ne cessait de privilégier l'importation, à défaut d'assumer son rôle de régulateur, nageant ainsi à contre-courant de la politique du gouvernement qui consistait à réduire la facture des importations. Quant à Khelil, réputé être homme du président, il a été sacrifié, en réponse à une crise qui le plaçait au cœur d'une controverse sur la gestion des deniers publics. Connaissant le président de la République, très soucieux de l'image de l'Algérie à l'étranger, il n'avait de choix que d'évincer de son entourage un ministre qui avait déclaré que «le scandale de Sonatrach a affecté l'image de l'Algérie à l'étranger». Pendant son règne, le secteur a été pris dans un tourbillon de scandales jamais connu depuis l'indépendance. La mauvaise gestion du secteur de l'Energie, poumon de l'économie algérienne, a précipité la «liquidation» de Khelil. Lui qui était aussi à l'origine de la loi sur les hydrocarbures qui a provoqué un tollé général au sein même de l'exécutif. Le remaniement du gouvernement a, par ailleurs, marqué l'émergence d'un grand département de l'Economie, à savoir le ministère de l'Industrie, de la petite et moyenne entreprise et de la promotion de l'investissement que gérera désormais Mohamed Benmeradi. Mustapha Benbada, ex-ministre de l'Artisanat et des PME-PMI, succèdera à Hachemi Djaâboub. Le ministère de l'Energie et des mines est confié à Youcef Yousfi, un enfant du secteur et un technicien de renom.