En réalité, le message présidentiel s'adresse à toute la nation La Réconciliation nationale et la volonté du consensus qu'elle véhicule sont les principales armes dans la bataille pour la souveraineté économique. Mobilisation, solidarité, unité et Réconciliation nationale. Ce sont là les mots clés du message du président de la République à l'occasion de la Journée nationale du Moudjahid. Lu en son nom par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, le message présidentiel évoque clairement la nécessité d'unifier les rangs «afin de mener à bien la bataille du développement et préserver l'indépendance financière de l'Algérie et de sa souveraineté sur le plan économique». Le propos est dirigé au gouvernement et à ses partenaires sociaux et économiques. Il faut dire que les relations entre ces trois acteurs ont traversé une période trouble sous Abdelmadjid Tebboune, amenant le chef de l'Etat à trancher dans le vif. Aujourd'hui que les choses semblent être rentrées dans leur cours normal, en témoigne la prochaine rencontre, le discours du chef de l'Etat ne perd aucunement de sa pertinence. Et pour cause, si les acteurs de la scène politico-économique sont les premiers récepteurs du message, c'est, en réalité, toute la société qui en est destinataire. On en veut pour preuve que l'enjeu n'est pas simplement politique, mais est lié à la souveraineté du pays «sur le plan économique», relève le président de la République dans son message. A l'heure où les Algériens célèbrent deux hauts faits historiques que sont l'offensive du Nord-Constantinois et le congrès de la Soummam, le thème de souveraineté prend toute sa signification. Le président convoque ces deux évènements de l'histoire du pays pour rappeler aux Algériens que «nous devons nous imprégner des valeurs de solidarité et d'unité qu'ils véhiculent et qui doivent accompagner tous les acteurs du développement, le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques, en vue de mobiliser toutes les énergies». Le propos du président se veut précis puisqu'il s'agira de «créer de nouvelles ressources complétant celles du pétrole et préserver à long terme l'indépendance financière de l'Algérie et sa souveraineté sur le plan économique». La diversification de l'économie devient donc un objectif stratégique et relève de l'oeuvre historique que l'actuelle génération devra concrétiser, sans quoi, la souveraineté du pays sera mise sous hypothèque. L'oeuvre est d'autant plus stratégique que le chef de l'Etat use dans son message du concept de «bataille» qu'il va falloir «mener à bien (...)dans une conjoncture marquée par de multiples pressions extérieures et principalement par une chute vertigineuse des cours du pétrole depuis 3 ans». Le décor est planté et l'urgence de la situation «exige de tous les Algériens et Algériennes, quels que soient leurs postes et fonctions, de mettre à profit tous les atouts et toutes les capacités pour relever ce défi», écrit le chef de l'Etat. Cela, non sans définir les responsabilités qui incombent prioritairement au gouvernement et à ses partenaires sociaux et économiques. Ceux-là «doivent donner l'exemple à notre peuple, par la solidarité, la mobilisation et l'unification des rangs», a insisté le président de la République. Le spectacle qu'avaient offert l'ancien Premier ministre et quelques ministres du gouvernement sortant renvoyait une image négative, susceptible de décourager la société. Cette page étant tournée, le président donne à la sérénité retrouvée le rôle de catalyseur «afin que notre pays puisse investir de manière constructive dans les différentes capacités et potentialités de ses enfants». Le président de la République sait que si le gouvernement et ses partenaires peuvent être sensibilisés sur une décision présidentielle, le peuple, par contre, n'est mobilisable qu'à la condition de l'instauration de l'Etat de droit. Pour le président de la République, «le développement, la souveraineté et l'indépendance ainsi que toutes les valeurs de notre peuple, impliquent de renforcer l'Etat de droit». Et au président d'expliquer que pour y parvenir, il s'agira de promouvoir le «consensus national et de resserrer les rangs face aux défis du monde contemporain». Le chef de l'Etat assume pleinement sa démarche consensuelle et rappellera que son oeuvre politique majeure, à savoir la concorde civile et la Réconciliation nationale, était d'abord une recherche du consensus entre l'ensemble des acteurs de la scène algérienne. Il soutiendra, à juste titre, que ces deux chantiers politiques menés à leur terme «ont permis de rétablir la quiétude dans notre pays et d'accomplir de nombreuses réalisations sur tous les plans, au service du peuple algérien».