Des députés et journalistes espagnols refoulés, El Ayoun quadrillée par l'armée, le Maroc utilise les grands moyens pour empêcher le monde de savoir. Les violentes répressions par l'armée et la police marocaines des manifestations d'El Ayoun et de Dakhla préoccupent la communauté internationale qui appelle les Nations unies à redynamiser le processus référendaire au Sahara occidental. De fait, la question sahraouie revient au-devant de l'actualité de la manière la plus inattendue par l'engagement dans la contestation des populations des territoires sahraouis occupés, démentant les affirmations lénifiantes de Rabat sur la situation prévalant au Sahara occidental. Dans le territoire sahraoui il y a une population prise en otage par le Maroc à laquelle il refuse le droit de s'exprimer sur son avenir en bloquant depuis plusieurs années le processus référendaire pris en charge par l'ONU et chapeauté par la mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso). La situation dans les territoires sahraouis n'a cessé de s'altérer ces dernières années, aggravée par les répressions sauvages lors de la semaine de manifestations dans les villes sahraouies (du 23 au 29 mai). La police et l'armée marocaines ont par ailleurs quadrillé ces derniers jours le quartier de Matala, l'un des plus pauvres du chef-lieu du Sahara occidental, El Ayoun, et porte-drapeau de la révolte sahraouie, en l'isolant des autres quartiers de la ville. Les forces de répression marocaines se comportent, à l'instar des Israéliens dans les territoires palestiniens, en force d'occupation en réprimant sauvagement une population qui manifeste pour la reconnaissance de ses droits. Cette nouvelle situation au Sahara occidental n'a pas manqué d'induire la préoccupation de la communauté internationale qui demande au Maroc de raison garder et surtout de revenir au processus de paix initié par l'ONU. Ainsi, «l'Espagne est très préoccupée par la situation dans les territoires sahraouis occupés et ne peut, par conséquent, oeuvrer au règlement du conflit au Sahara occidental dans une atmosphère de violence», a indiqué mercredi le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Leon, à l'issue d'un entretien avec le président sahraoui, M.Mohamed Abdelaziz. Par ailleurs, le diplomate espagnol, dans une déclaration à une radio espagnole, citée par l'agence sahraouie SPS, a affirmé que les Nations unies «doivent être l'acteur principal de l'impulsion politique» pour trouver une solution à la question du Sahara occidental. Appelant d'autre part au pourvoi du poste vacant de représentant spécial de l'ONU, poste occupé auparavant par le Péruvien Alvaro de Soto, M.Bernardino a indiqué que son gouvernement «insiste» sur la nomination d'un tel représentant en soulignant que «c'est seulement en stimulant les négociations et le dialogue qu'on peut avancer et dépasser cette situation», selon SPS. D'autre part, rappelant que la question sahraouie constitue l'un des points de l'ordre du jour du Comité de décolonisation de l'ONU, depuis les années 60, le représentant du Front Polisario à Washington, Mouloud Said, a indiqué jeudi que «l'enlisement du conflit au Sahara occidental est à imputer au rejet injustifié par le Maroc du plan de paix accepté par les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, et entériné par le Conseil de sécurité des Nations unies». Aussi, souligne M.Said, le Polisario appelle le comité onusien «à montrer sa détermination à voir l'aboutissement du processus d'autodétermination du peuple sahraoui, au moment où les populations subissent une répression barbare et que le processus de paix s'enlise dangereusement» De fait, l'inertie de la communauté internationale encourage le Maroc à ignorer le droit international par ses obstructions à la mise en application des résolutions de l'ONU afférentes au dossier sahraoui. L'Espagne, ancien pays occupant du Sahara occidental qui a cédé le territoire sahraoui au Maroc en violation de la résolution 1514 de l'ONU -qui donne droit à l'autodétermination pour les peuples colonisés-, semble vouloir sortir d'une longue expectative pour tenter de reprendre pied dans un contentieux qui met en danger la stabilité de la région Maghreb-Méditerranée. C'est dire l'urgence pour les Nations unies de reprendre en main le dossier sahraoui et de réactiver le processus référendaire, seule démarche susceptible d'ouvrir des perspectives à une solution négociée du contentieux sahraoui. Se référant à la situation au Maghreb, l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Richard Erdman, qui a été reçu en audience par M.Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, a rappelé «l'intérêt que porte son pays à l'édification maghrébine et l'attachement des Etats-Unis à la recherche d'une solution de la question du Sahara occidental dans le cadre des Nations unies». indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie algérienne a de son côté relevé «la convergence de vues sur cette question entre l'Algérie et les Etats-Unis» indique la même source.