Le président français Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages après trois mois de présidence, a réuni hier son gouvernement au grand complet pour affronter une rentrée sous tension, avec la présentation jeudi des textes réformant le droit du travail. «Certains prédisent le pire. Il ne faut jamais céder aux Cassandre. Certains peut-être même le souhaitent. Mais si nous sommes là, c'est pour faire, avec détermination», a déclaré M. Macron en ouverture de ce séminaire, exhortant son gouvernement au «volontarisme», selon des images filmées par la presse. Mais «l'entrée dans l'atmosphère est difficile pour Jupiter», le surnom d'Emmanuel Macron, résume le député socialiste Olivier Faure. Le chef de l'Etat voit à nouveau sa cote de popularité chuter, avec 40% de personnes satisfaites dans le sondage Ifop publié par le Journal du dimanche. Soit 22 points de baisse depuis son élection. «Le pays a besoin de transformation et les Français le savent», a insisté le Premier ministre Edouard Philippe hier au sortir du séminaire gouvernemental. Malgré «ceux qui caricaturent sur les estrades», le chef de gouvernement entend bien «commencer à réparer le pays» au moyen d'un impressionnant programme de travail concocté pour les prochaines semaines. Au menu: la présentation jeudi des ordonnances réformant le droit du travail, promesse de campagne emblématique, puis, courant septembre, «le démarrage des travaux relatifs à la réforme de l'assurance chômage, de l'apprentissage et de la formation professionnelle» ainsi qu'une «série de mesures relatives aux travailleurs indépendants». Sont également annoncés un plan d'envergure pour le logement, des «assises de la mobilité» en matière de transports et les «premières orientations d'un grand plan étudiant». «Les Français considèrent que nous n'allons pas assez vite (...). On a eu un mois de juillet qui était très budgétaire», a concédé dimanche le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. «Peut être que les Français s'interrogent parce qu'ils voient des mesures parcellaires sans comprendre le lien entre les unes et les autres», a aussi jugé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Pratiquement muet sur la scène intérieure depuis son élection, le centriste Emmanuel Macron n'a pourtant pas tardé à réagir longuement, et depuis l'étranger, aux mises en garde adressées par son prédécesseur socialiste François Hollande à quelques jours de la publication des ordonnances sur le droit du travail. La semaine dernière, lors de sa tournée en Europe de l'Est, M. Macron a affirmé que «la France n'est pas un pays réformable» et que «les Français détestent les réformes». De son côté, le tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas retenu ses coups. Considéré comme le principal opposant au président selon un récent sondage, le leader de La France insoumise a appelé à un «déferlement» le 23 septembre à Paris contre le «coup d'Etat social» que représentent selon lui les ordonnances. Hier, Edouard Philippe l'a renvoyé à sa «fascination vénézuélienne». Au plan international, après une tournée en Europe de l'Est sur la question des travailleurs détachés qui a tourné à l'affrontement verbal avec la Pologne, le président français organisait hier à l'Elysée une rencontre entre chefs de gouvernement européens (Allemagne, Italie, Espagne) et dirigeants africains (Tchad, Niger, Libye) sur la crise migratoire. Emmanuel Macron déclinera ensuite aujourd'hui les grands axes de sa politique étrangère devant la Conférence des ambassadeurs.