Ils sont deux corps paramilitaires à lutter inlassablement contre les traversées de la mort et les réseaux organisateurs de ce suicide collectif, puisant dans le réservoir de la jeunesse algérienne. Côte à côte, la marine algérienne et la Gendarmerie nationale ne ménagent aucun effort pour affaiblir le phénomène de l'émigration clandestine à Annaba. Les opérations des uns et les interventions des autres se multiplient et se ressemblent, mais les tentatives des désoeuvrés demeurent inchangées. Devenues quais de l'émigration clandestine par excellence, les côtes de la wilaya de Annaba, enregistrent depuis quelques mois un flux important de jeunes des wilayas de l'est du pays. Au moins trois opérations par semaine sont organisées par les passeurs, depuis les plages de la wilaya. Depuis Sidi Salem et Seybouse jusqu'à Chétaïbi, en passant par la grande plage de Séraïdi, le constat est effarent. Ce sont des centaines de jeunes convoitant l'outre-mer qui, dans une inconscience absolue, s'aventurent dans la grande bleue. Une volonté meurtrière à laquelle les deux corps paramilitaires, gardes-côtes et Gendarmerie nationale font face quotidiennement. Les premiers à travers des opérations de contrôle de routine dans les eaux territoriales, se soldant souvent par l'interception d'embarcations d'immigration clandestine. Dans ce sillage, une énième tentative d'émigration clandestine vient d'être déjouée, hier à 1 heure du matin, par les vigiles de la mer, apprend-on de source maritime. Effectuant une patrouille de routine, les éléments des gardes-côtes ont, repéré et intercepté à 4 miles nautiques, au nord du cap de Garde, 9 prétendants à la traversée de la mort, a précisé notre source. Bercés par l'eldorado éphémère du Vieux Continent, les aventuriers, âgés entre 23 et 37 ans, entassés sur une embarcation de fabrication artisanale, de 7 mètres, dotée d'un moteur de 40 Ch, ont largué les amarres, depuis la plage de Oued Samhoune à Séraïdi, à la recherche de leurs rêves, via l'archipel du Vatican. Originaires de Souk Ahras, Khenchela et Annaba, les harraga bien que pas dissuadés du principe, ont tout de même, été contraints d'abandonner l'aventure mortelle. Reconduits à la station maritime du port de Annaba, les jeunes ont subi les mesures d'usage, contrôle médical, avant de faire l'objet d'une enquête administrative, en vue de leur présentation devant les instances de justice de la wilaya de Annaba. De leur côté, les éléments de la Gendarmerie nationale, relevant du groupement de la wilaya de Annaba, ne cessent d'enchaîner les descentes sur le relief maritime, notamment les zones isolées de la côte annabie. La dernière opération s'est soldée par la mise en échec de deux tentatives d'émigration, pour 30 prétendants, depuis les plages isolées de Aïn Barbar et Jnene El Bey, dans la commune de Seraïdi, apprend-on de source sécuritaire. Âgés entre 22 et 36 ans et originaires de plusieurs wilayas de l'est du pays, les candidats à cette traversée avortée à temps, n'attendaient que la tombée de la nuit pour amorcer leur course vers la mort. Selon la même source, ce sacré coup dans la fourmilière s'est soldé par l'arrestation aussi de deux «commandants», conducteurs des deux embarcations. Selon les précisions des mêmes sources, les deux hommes seraient les organisateurs de l'opération. Egalement, deux moteurs Suzuki de 40 chevaux et des jerricans d'essence ont été saisis pouvant être utilisés en cas de panne sèche. Des procédures judiciaires ont été entreprises à l'encontre des harraga et des passeurs, en vue d'être déférés aujourd'hui, par-devant le magistrat instructeur, près le tribunal de Annaba. Il est à noter, qu'en dépit des efforts déployés par les gardes-côtes et la Gendarmerie nationale, luttant depuis une décennie, côte à côte contre ce phénomène qui vide le pays de son réservoir de jeunes, cela demeure insuffisant, en l'absence d'un support juridique, textes de lois notamment, incriminant l'acte de la tentative de traversée clandestine de la Méditerranée, mais surtout incriminant lourdement les têtes pensantes des réseaux de passeurs, qui ont fait de la traite, un créneau lucratif, au détriment des vies humaines.