Curieusement, l'élargissement de l'Alliance présidentielle n'est pas venu suite à une sollicitation officielle de ces partis. Secouée et ébranlée par ses propres contradictions, l'Alliance présidentielle veut se donner un second souffle. Le FLN, le RND et le MSP ont tu leurs «divergences» au sujet de l'amnistie générale, de l'opération mains propres et de la suppression de l'examen de la chariaâ. Ils affirment que l'Alliance présidentielle qu'ils composent sera élargie aux autres partis politiques. Des sources concordantes avancent les noms de deux formations, l'UDR et les dissidents d'El Islah. Amara Benyounès, le président de l'UDR, n'a jamais caché l'ambition de donner la chance à ses cadres d'exercer le pouvoir. M.Benyounès qui a sans cesse réclamé des élections législatives anticipées a un dénominateur commun avec les trois partis qui composent l'Alliance présidentielle. Il défend et soutient sans défaillance le programme du président de la République, une condition suffisante pour intégrer un regroupement jusque-là fermé aux autres partis. Pour le MRN, ce sont les opposants à Djaballah, qui, selon des sources parlementaires, affichent l'ambition d'intégrer le conglomérat. Ces sources parlementaires soutiennent que le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia «a proposé à Djaballah de lui remettre une liste de personnalités ministrables au sein du parti El Islah». Un offre restée lettre morte «puisque Djaballah n'a jamais transmis l'information à ses partisans». C'est donc une occasion inespérée pour les frondeurs d'El Islah de rebondir de plus belle et de couper l'herbe sous les pieds de Djaballah. Cependant, il faut attendre la décision de la justice qui n'a pas encore définitivement statué sur le cas de ce parti qui allait sérieusement faire de l'ombre au MSP. Curieusement, l'élargissement de l'Alliance présidentielle n'est pas venue suite à une sollicitation officielle de ces partis. Ce sont «les alliés» eux-mêmes, qui ouvrent les portes. Hier, à l'ouverture de la deuxième rencontre internationale sur le défunt Cheikh Nahnah à la mutualité des travailleurs de la construction à Zeralda (Alger), le représentant du RND, M.Malki, le représentant du FLN, M. Goudjil, et le président du MSP, Boudjerra Soltani, n'ont laissé aucun doute quant à cette volonté d'ouverture. «L'exercice politique de l'alliance est aujourd'hui limité au gouvernement et le train de l'alliance est au ralenti, il trouvera son élan quand il sera prolongé aux assemblées élues (l'APN et les APC)», a déclaré M.Malki dans son intervention. Le représentant du FLN, M.Goudjil, après un passage obligé sur les tawabite (les constantes), et les nations arabes et islamiques «qui ont relevé leur tête grâce à la révolution algérienne» revient au sujet de l'élargissement. «Au FLN nous sommes convaincus que même avec une majorité écrasante notre parti ne peut exercer seul le pouvoir. Il doit le partager avec les autres partis qui composent la société» a-t-il déclaré. Le message est clair: le FLN partage l'éventualité de l'élargissement de l'Alliance à d'autres partis. Mais c'est Boudjerra Soltani qui corrobore clairement dans son discours cette thèse. «Dieu merci, aujourd'hui l'Algérie s'est réconciliée avec elle-même. La démocratie a été mise sur les rails du train de l'Alliance présidentielle. Un train démarre lentement mais qui atteindra sa vitesse de croisière quand les autres voyageurs rejoindront les voitures durant les prochains rendez-vous électoraux.» On ne peut plus clair, Boudjerra Soltani affiche le jeu et pour lui l'enjeu en vaut la chandelle puisque c'est de l 'avenir du pays qu'il s'agit. «Il est impossible que les problèmes de l'Algérie soient résolus par un seul parti, une tendance ou un clan. A travers cette alliance, nous voulons rassembler les efforts et les volontés de tout un chacun dans le seul but d'arriver à une stabilité nationale et de construire une réconciliation nationale globale qui s'élargira à l'amnistie nationale». Le décor est planté. Il s'agit maintenant de savoir comment sera cette nouvelle configuration de l'alliance revue et corrigée. Les élections législatives, qui auront lieu dans moins de deux années, aboutiront à une nouvelle configuration du poids politique des différents partis, c'est une certitude. Mais cette nouvelle stratégie d'élargissement ne vise-t-elle pas à instaurer une sorte de mégaparti qui prétendra rassembler toutes les contradictions de la société?