«Notre pays est largement en retard, comparé à nos voisins tunisiens et marocains.» L'introduction de l'outil informatique dans les différents secteurs de développement connaît un retard considérable en comparaison à nos voisins les plus proches. Un constat amer a été dressé par de nombreux observateurs interrogés à ce sujet qui notent que «notre pays est largement en retard, comparé à nos voisins tunisiens et marocains» qui, grâce à une coopération efficiente avec les pays d'Europe, ont su capitaliser les échanges pour installer un outil devenu avec le temps un des moyens les plus efficaces pour une gestion transparente des affaires publiques de tout genre. Dans notre pays, juge-t-on, «le micro-ordinateur sert plus de décor que d'outil en mesure de fournir des services». Dans les administrations, le PC existe mais ne sert généralement que pour la saisie. Dans la justice, les finances, l'éducation, l'administration publique on continue encore à fonctionner au stylo et papier bien que l'outil informatique soit présent en force. Pendant que dans d'autres pays, il suffit d'une touche pour voir votre extrait de naissance tiré en bonne et due forme, chez nous on continue à remplir des formulaires au stylo. Voilà un constat qui illustre à bien des égards tout le retard important accumulé durant les décennies 80 et 90. La situation sécuritaire n'explique pas à elle seule ce retard, mais il y a aussi, notent les spécialistes, le fait que «l'Etat et les opérateurs économiques privés ou publics n'ont pas du tout investi dans l'informatique». L'introduction de l'outil informatique ne se résume pas à l'achat de matériel, explique-t-on encore, mais faut-il pour autant le faire fonctionner et c'est toute la problématique de la formation qui est posée. C'est pourquoi des universités tendent à abandonner les formations traditionnelles d'ingénieurs et techniciens pour en introduire d'autres qui répondent plus aux besoins du terrain. L'université de Béjaïa en est la pionnière en la matière en initiant dès novembre 2003 l'école doctorale à l'effet de remédier à cette tare qui n'y est pas sans aggraver la situation... M.Saïdani Boualem, doyen des facultés des sciences et des sciences de l'ingéniorat, situe ce retard au niveau de l'absence de stratégie nationale, de moyens et enfin de formation. Mais c'est incontestablement la formation qui a été la plus négligée. C'est pourquoi ces dernières années, l'université a connu un réveil qui s'est traduit à Béjaïa par l'installation d'un réseau intranet de 3000 prises et un système de visio-conférences, mais également par l'encouragement de la formation dans ce domaine. L'école doctorale est à sa deuxième promotion d'ingénieurs spécialistes capables d'intégrer l'outil informatique dans tous les domaines, c'est-à-dire installer des réseaux et des systèmes distribués. C'est ce qui manque justement à notre pays. Quant à la promotion de magistère elle verra le jour cette année. Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut également faire face aux résistances rencontrées sur le terrain. Si tout le monde comprend que toute innovation rencontre des résistances, il reste que dans notre pays, ces mêmes résistances sont animées par d'autres soucis liés d'abord à l'incompétence de l'encadrement puis au refus de la transparence dans la gestion des affaires publiques. Si cela relève des personnes qui veulent coûte que coûte se maintenir en poste, l'outil informatique est victime de la transparence qu'il véhicule. Dans un pays aussi ruiné par la corruption, il est tout à fait normal qu'un outil de transparence comme l'informatique rencontre des résistances. C'est pourquoi il est nécessaire d'initier autant de manifestations scientifiques possibles. A Béjaïa, on semble avoir compris l'urgence en initiant un colloque international sur l'optimisation et les systèmes d'information. «Cosi 05» se voulait, selon ses initiateurs, un rendez-vous scientifique en mesure de constituer le lien entre les chercheurs algériens et leurs homologues des universités étrangères. La présence des universitaires du Canada, de France et d'Angleterre, pour ne citer que ces pays, est en soi positif de par l'avancée que connaissent ces pays dans le domaine informatique. «C'est une sorte de forum de rencontres entre les chercheurs algériens et étrangers dans le domaine informatique et de la recherche opérationnelle», avait expliqué M.Tari, chef de département informatique et responsable de l'école doctorale en informatique avant de poursuivre en matière d'objectif de ce colloque: «Il s'agit de faire le point sur l'évolution en la matière, consolider la formation doctorale».