Le président de la Laddh a mis à profit cette rencontre pour exposer son point de vue sur les questions de l'heure. Les représentants de l'ONG américaine des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), ont bel et bien entamé leur périple algérien. Sans trop attendre, les trois membres de la délégation ont rencontré hier à Alger, à sa demande, la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (Laddh). Une organisation avec laquelle ils entretiennent de «très bonnes relations», comme nous l'a indiqué hier, son président Me Ali Yahia Abdenour. Durant deux heures d'entretien, les deux parties ont passé en revue, lit-on dans le communiqué de la Laddh, la situation des droits de l'homme en Algérie-notamment pour ce qui est des sujets liés directement à l'actualité nationale: l'état des libertés publiques, le statut matrimonial, la séparation des pouvoirs, la réforme de la justice, le dossier, pour très sensible qu'il soit, des disparus et surtout l'amnistie générale. Justement, le président de la Laddh a mis à profit cette rencontre pour rappeler le point de vue de son organisation sur cette question- l'amnistie générale - et qui se résume en ces quelques mots: pas d'amnistie sans justice et sans vérité. Pour l'avocat, le projet présidentiel - qui fait la une de la presse nationale depuis quelques mois- ne pourra aboutir, dans sa configuration actuelle, au but escompté, à savoir l'instauration de la paix: «Car le problème est d'abord politique, et non sécuritaire», soutient-il, et de s'interroger: «Pourquoi la loi sur la Rahma en 1995, sous Zeroual (l'ancien président de la République), et la concorde civile de Bouteflika n'ont pas atteint leur objectif? La violence s'est-elle pour autant arrêtée?». La recette Ali Yahia: «Le chef de l'Etat devra pour ce faire impliquer l'ensemble des partis politiques-importants, pour permettre une issue politique à une crise éminemment politique». Faute de quoi, le nouveau texte sur l'amnistie générale qui sera soumis au peuple, par voie référendaire, passera comme une lettre à la poste sans toutefois instaurer la paix qui est pourtant son épine dorsale. Sur la question des disparus, la délégation de HRW a eu, tout au long de la réunion, à écouter l'approche de la Laddh. Là aussi, M.Ali Yahia se montre sceptique quant à la volonté des pouvoirs publics à résoudre une fois pour toutes cette lancinante question. «Ce n'est pas les indemnités proposées dans le rapport de Ksentini, président de la commission ad hoc sur les disparus qui vont mettre un terme à ce dossier» assure-t-il, catégorique. Bien au contraire: «La vérité doit être dite aux familles des disparus» pour ensuite «traduire les coupables- les terroristes islamistes et les services de sécurité (les commanditaires, les zélés et les exécutants) devant la justice» suggère notre interlocuteur. D'autres questions comme celle des droits des , du rôle de la justice... pour ne citer que ces deux exemples, ont été également au centre des discussions entre le deux ONG qui, de l'avis du président de la Laddh coopèrent depuis très longtemps au même titre que les autres organisations internationales dont Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh) laquelle prendra le relais de HRW dans les semaines qui viennent.