La délégation de HRW devrait rencontrer très rapidement des représentants de la LADDH, ainsi que Farouk Ksentini, président de la commission ad hoc pour les disparus. Composée de trois membres (deux experts et un membre permanent à HRW), la délégation de cette organisation non gouvernementale (ONG) américaine de défense des droits de l'homme, basée à New York, devra séjourner en Algérie durant près de deux semaines Même si aucune information n'a filtré sur l'ordre du jour de sa visite, la qualité des responsables d'associations qu'elle projette de rencontrer renseigne amplement sur les objectifs de son périple. C'est ainsi qu'elle a programmé dès demain une séance de travail avec des membres de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) de Me Ali Yahia Abdenour. Le même jour, ou au plus tard le lendemain, c'est avec Me Farouk Ksentini, le président de la Commission consultative nationale de protection et de promotion des droits de l'Homme (CCNPPDH) et néanmoins président du mécanisme ad hoc sur la question des disparus, que la délégation s'entretiendra. Des rencontres similaires sont également prévues dans le courant de cette semaine avec les associations de disparus, Somoud, l'association des familles des enlevés par les groupes terroristes armés et les familles victimes du terrorisme. À l'instar d'Amnesty International (AI), qui a séjourné en Algérie durant le mois dernier, Human Rights Watch devra s'entretenir à deux reprises avec les responsables des organisations qu'elle souhaite rencontrer : “Une rencontre au début de sa mission et une autre avant de rendre public son rapport final”, nous explique-t-on. Toujours est-il, lors de sa dernière visite en Algérie en 2002, Human Rights Watch a fait un constat des plus sévères sur la situation des droits de l'homme. À commencer par la crise ayant secoué la région de Kabylie depuis avril 2001. “L'impunité est demeurée l'un des sujets d'inquiétude les plus importants. Le président Bouteflika s'est engagé plus d'une fois à traduire en justice les membres des forces de l'ordre accusés d'avoir recouru à une force abusive dans la répression des manifestations berbères de 2001, qui ont fait plus de quatre-vingt-dix morts. Le Président a tenu sa promesse de retirer quelques-unes des unités de gendarmes les plus critiquées stationnées en Kabylie, mais peu a été fait pour traduire les coupables en justice”, note HRW dans son rapport de 2003. Elle souligne de même que “malgré l'engagement répété de la nouvelle commission présidentielle des droits de l'Homme (Ksentini, ndlr) à résoudre le problème des disparus avant la fin de l'année 2002, aucun progrès n'avait été fait”. Au chapitre des harcèlements judiciaires contre la presse, HRW note qu'“un certain nombre de journalistes, de dessinateurs caricaturistes et de rédacteurs en chef travaillant dans les quotidiens privés algériens ont été convoqués par la police et par les juges d'instruction pour des plaintes déposées par le ministre de la Défense après la publication d'articles et de dessins politiques. Les personnes inculpées encouraient des peines de prison plus longues et des amendes plus élevées que par le passé en raison des amendements datant de 2001 au code pénal dans le domaine de la diffamation”. Du côté des médias publics, l'ONG américaine constate encore dans son rapport de 2003 que “la télévision et la radio, contrôlées par l'Etat, ont continué à relayer le point de vue du gouvernement, ignorant ou minimisant les grandes manifestations et les massacres couverts par les chaînes et les stations arabes et européennes captées en Algérie”. Nadia MELLAL