Le Pakistan et l'Afghanistan, qui partagent une longue frontière instable et peu contrôlée, s'accusent mutuellement de longue date d'abriter sur leur sol des sanctuaires de terroristes commettant des attentats dans le pays voisin. Le Pakistan n'a pas reçu de demande spécifique des Etats-Unis pour lutter contre les sanctuaires «terroristes» sur son sol mais se dit prêt à initier des «vérifications bilatérales» avec l'Afghanistan pour prouver sa bonne foi, a déclaré hier son Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi. S'exprimant quelques semaines après un discours du président américain Donald Trump sur l'Afghanistan dans lequel ce dernier avait accusé le Pakistan d'être un «refuge» pour les «terroristes» déstabilisant son voisin, M. Abbasi a relativisé le désaccord entre les capitales. «Nous ne pensons pas que les relations Pakistan-USA seront définies par l'Afghanistan. Je pense que la question afghane est un sujet, mais de bien moindre ampleur qu'(une) relation entre deux pays» vieille de 70 ans, a-t-il déclaré à des journalistes. Le Pakistan a fait «plus que sa part» dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il souligné. «Personne ne souhaite plus que nous une solution en Afghanistan car c'est nous qui avons le plus souffert et nous continuerons à souffrir si l'Afghanistan est instable». Interrogé sur d'éventuelles sanctions que les Américains pourraient infliger au Pakistan s'il ne lutte pas assez activement contre le terrorisme, M. Abbasi a déclaré ne pas en avoir connaissance. «La règle en affaires est de ne pas punir vos alliés. Si vous portez atteinte aux forces de vos alliés, vous portez atteinte aux vôtres aussi», a-t-il noté. Islamabad n'a pas reçu de «liste de mesures» à prendre de Washington suite au discours musclé de M. Trump à l'égard du Pakistan, a-t-il assuré. Concernant les «sanctuaires» insurgés que le Pakistan est accusé d'héberger sur son sol, M. Abbasi s'est déclaré «ouvert à des vérifications bilatérales» entre autorités du Pakistan et d'Afghanistan. Celles-ci pourraient prendre la forme de «patrouilles conjointes (...), de toute initiative qu'ils souhaiteraient, ils peuvent préciser un lieu en particulier», a-t-il suggéré. De son côté, le Pakistan va «élever une barrière (à la frontière afghano-pakistanaise, ndlr). Les Afghans sont les bienvenus s'ils veulent en bâtir une autre de leur côté et contrôler cette frontière», a-t-il souligné. La réponde du Pakistan intervient dans un contexte de forte menace terroriste après que les forces armées américaines présentes en Afghanistan eurent diffusé un tract qualifié d'offense à la religion musulmane par les talibans mais aussi par des courants politiques modérés et par la société civile.