Preuve que rien ne va entre Islamabad et Kaboul , le Pakistan a convoqué ce lundi l'ambassadeur d'Afghanistan pour protester après les propos du président afghan Hamid Karzaï revendiquant le droit d'intervenir au Pakistan pour y détruire les bases arrières des talibans, a-t-on appris de source officielle. «L'ambassadeur afghan a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et une protestation énergique a été signifiée à propos des déclarations du président Karzaï», a indiqué le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères. Un peu plutôt ce matin Islamabad a juré de défendre sa « souveraineté territoriale» au lendemain du discours sans précédent du président afghan Hamid Karzaï. «Le Pakistan défendra sa souveraineté territoriale», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse officielle pakistanaise. « Nous avons vu la déclaration du président Karzaï à la presse, nous espérons qu'il ne s'agit pas d'une réédition du petit jeu qui consiste pour l'Afghanistan à se défausser de ses responsabilités en accusant les autres », a-t-il ajouté. Les deux pays voisins, alliés-clés des Etats-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme », s'accusent régulièrement des maux qui les accablent : Kaboul estime qu'Islamabad ferme les yeux sur les repaires des talibans et d'Al-Qaîda dans ses zones tribales du nord-ouest. En retour, Islamabad blâme Kaboul, mais aussi Washington, de ne pas être en mesure de vaincre les talibans, repoussant ces derniers au Pakistan à la faveur d'une frontière difficile à contrôler. Selon Islamabad, plus de 1 000 de ses soldats sont morts parmi les quelques 90 000 soldats déployés à la frontière depuis que la coalition internationale dirigée par les Américains a chassé les talibans du pouvoir fin 2001 en Afghanistan. En outre, la participation d'Islamabad à la «guerre contre le terrorisme» lui a valu une vague sans précédent d'attentats qui a fait plus de 1 100 morts en un peu plus d'un an.