Le Premier ministre lors de son intervention à l'apn Le plan d'action est riche, efficace et explicite. Il accorde plus de droits aux citoyens, qu'il met au centre des préoccupations du gouvernement. Le Premier ministre n'est pas allé par quatre chemins dans son intervention, hier, à l'APN. Comme il a habitué l'opinion nationale à un langage franc, des vérités il en a dit sur l'ensemble des sujets qui touchent de près ou de loin à l'avenir du pays. Ahmed Ouyahia n'a pas fait dans l'optimisme béat. Il dira que le pays n'est pas au mieux de sa forme. Il traîne un déficit budgétaire colossal. Il faut trouver annuellement quelque 20 milliards de dollars pour colmater la brèche provoquée par la chute des prix du pétrole. Il existe trois solutions pour parvenir à l'équilibre financier. La première consiste à pratiquer une forte dévaluation de la monnaie nationale, accompagnée par des coupes dans les budgets sociaux. Cela équivaut à faire supporter tout le poids des déficits par la société. Une hyper inflation est l'une des conséquences directes de cette option que défendent quelques experts. La deuxième voie pour atteindre l'objectif de l'équilibre budgétaire suppose d'aller sur les marchés internationaux et emprunter l'équivalent de 20 milliards de dollars annuellement. Une démarche qui ne fera que repousser l'échéance de l'inflation et autres dommages sociaux de quelques années, puisqu'à la cinquième, le pays sera empêtré dans le remboursement des intérêts de la dette, laquelle deviendra insoutenable. La suite, tous les Algériens la connaissent pour l'avoir déjà vécue durant les années 90. La troisième solution suppose que l'Etat fasse sauter le verrou de la loi sur la monnaie et le crédit qui empêche la Banque d'Algérie de renflouer le Trésor public. Cette option a ses risques, notamment l'inflation qui pourrait en résulter. Mais, en raison du caractère interne du financement non conventionnel, le gouvernement dispose à son niveau des outils de réajustement. L'Algérie n'aura pas besoin d'aller demander l'autorisation d'ouvrir ou de fermer le robinet de ses finances. C'est pour cette démarche qu'a opté le gouvernement, a expliqué le Premier ministre qui a rassuré les Algériens sur leur pouvoir d'achat, et les opérateurs économiques sur les redevances qu'ils détiennent auprès du Trésor public. Ahmed Ouyahia a souligné que l'amendement qu'il a soumis à l'APN permettra à la Banque d'Algérie d'irriguer l'économie du pays, sans recourir à l'endettement extérieur. Ainsi, après que la première digue, à savoir le Fonds de régulation des recettes, eut cédé après l'assèchement dudit fonds, le gouvernement en dresse une autre. Le choix du gouvernement est dicté par le souci d'éviter aux Algériens de payer le prix fort de la crise financière. Depuis trois ans que celle-ci met à mal les finances du pays, la société garde son pouvoir d'achat presque intact et les transferts sociaux sont maintenus en l'état. Ahmed Ouyahia qui a délivré un message de sérénité, non pas à ses adversaires politiques, mais à l'ensemble des Algériens, a clairement affirmé que le financement non conventionnel permet à l'Algérie, en toute souveraineté, de maintenir ses dépenses sociales. Aussi, pour 2018, les subventions des produits alimentaires de première nécessité ne seront pas touchées, a annoncé le Premier ministre. L'idée n'est pas de faire dans le populisme stérile, mais le projet de refonte des subventions n'étant pas encore prêt, le gouvernement préfère reconduire les mêmes niveaux de dépenses, plutôt que de sanctionner inutilement les Algériens. C'est le sens profond qu'il faut retenir et qui vient d'une conviction du chef de l'Etat lui-même que les Algériens qui ont adhéré à l'esprit de la Réconciliation nationale, doivent savoir que le devoir de solidarité en est l'un de ses principes fondamentaux. En fait, Ahmed Ouyahia ne fait qu'appliquer cette démarche présidentielle qui consiste à donner à la Réconciliation nationale toute sa dimension. Bien plus qu'un texte, c'est une oeuvre politique majeure qui structure l'Etat et la société. Et c'est suivant cet esprit que le financement non conventionnel a été retenu, car, comme l'a souligné le Premier ministre, ce choix stratégique tranquillise tous les souscripteurs Aadl, de même que l'ensemble des citoyens demandeurs de logements sociaux ou ruraux. Ils ne seront pas sacrifiés sur l'autel de la crise financière. Ils habiteront dans leurs logements. Ouyahia en a pris l'engagement devant les élus de la nation. Le nouvel apport financier sera également orienté vers la lutte contre le chômage. Ainsi, outre le soutien à la microentreprise, le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle sera maintenu, informe le Premier ministre. L'argent frais assurera surtout le maintien de la dynamique de croissance et Ouyahia a fermement appelé à la promotion prioritaire de l'outil de production nationale de même que celui de la réalisation. Dans son plan d'action, le gouvernement a évoqué la décentralisation de la décision économique, laissant aux walis la conduite des projets dans les territoires dont ils ont la charge, cela tout en apportant plus d'argent aux communes. Ouyahia a révélé, contre toute attente, une hausse du budget consacré aux Plans communaux de développement. Une manière de donner de l'ouvrage aux PME locales. Une autre «bonne nouvelle» dans le sillage de la volonté de l'Etat de garder intactes les chances de l'économie nationale de traverser la crise avec un minimum de casse. Cela pour dire que le plan d'action qui s'adosse sur la mesure de financement non conventionnel n'a oublié aucune catégorie de la société algérienne. Ce sera sans doute difficile de maintenir un niveau d'inflation raisonnable, mais il faut reconnaître au chef de l'Etat le souci de sauvegarder les Algériens contre les effets néfastes de la crise financière. C'est le sens même de la démarche réconciliatrice du président de la République.