«Je veux insister ici sur la nécessité d'une réponse politique - et je pense bien sûr à la mise en oeuvre de l'accord d'Alger...» a déclaré mardi dernier le président français à la tribune de l'ONU. Une reconnaissance éclatante pour la diplomatie algérienne! Sans tambour ni trompette, l'Algérie s'impose comme un médiateur incontournable pour le retour de la paix et de la stabilité au Mali. La France qui y est engagée militairement met en exergue le rôle clé qu'elle peut jouer dans le dénouement du conflit qui a secoué ce pays voisin. Son président soutient l'accord d'Alger. «Assurément, la réponse militaire ne pourra jamais être la seule réponse. Je veux insister ici sur la nécessité d'une réponse politique - et je pense bien sûr à la mise en oeuvre de l'accord d'Alger - et de développement», a déclaré mardi Emmanuel Macron dans son premier discours devant l'Assemblée générale des Nations unies. Le chef de l'Etat français qui a décliné sa vision du multilatéralisme, a soutenu que face au terrorisme et aux migrations il fallait également relever le défi de développement. «Sans développement, la sécurité est une vue de l'esprit», a-t-il indiqué. Le président malien qui a abondé dans le même sens lors de son intervention a mis en avant le rôle joué par le chef de l'Etat algérien dans les négociations inter-maliennes qui se sont soldées par la conclusion d'un accord de paix et de réconciliation entre les parties belligérantes. «Je voudrais dire encore une fois combien nous sommes redevables à nos frères algériens, en particulier au président Abdelaziz Bouteflika pour l'accueil et l'hospitalité que nous avons reçus dans cette charmante ville blanche (Alger) où l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été conclu», a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keita, lors de son discours prononcé le 19 septembre du haut de la tribune des Nations unies. Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois qu'un dirigeant français souligne l'importance de notre pays dans la résolution du conflit malien. Nicolas Sarkozy avait déclaré que «l'Algérie a les clés... du problème» lors d'un débat télévisé qui l'avait opposé à François Hollande dans le cadre de l'élection présidentielle de 2012. «Il y a un problème dans cette région. Le problème c'est la confiance que nous devons mettre dans le travail avec l'Algérie, qui est la puissance régionale, et qui a les clés de l'ensemble des données du problème. La France est l'ancien pays colonial, donc la France ne peut pas intervenir directement. La France ne peut intervenir qu'en soutien avec ces pays», avait affirmé l'ancien chef de l'Etat français. Pour l'Algérie, le conflit malien s'est traduit, dans l'immédiat, par le rapt de sept de ses diplomates, enlevés à Gao par une branche dissidente d'Aqmi (branche d'Al Qaïda au Maghreb), le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). La junte militaire, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, n'avait sans doute pas mesuré les conséquences de son coup de force. La partition du Mali s'était mise en marche. Un contexte qui a préoccupé au plus haut point l'Afrique de l'Ouest, toute la région en général et l'Algérie en particulier qui a en partage avec le Mali une frontière de plus de 1300 kilomètres. «La situation au Mali, notamment celle qui prévaut dans le nord, constitue une source de grave menace pour le Mali d'abord, mais aussi pour l'Afrique de l'Ouest et toute la région de manière globale», avait déclaré Saïd Djinnit, le représentant spécial du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue le 2 mai 2012 à Dakar. En janvier 2014 le président Bouteflika est sollicité par son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita, pour trouver une issue à la crise qui menace son pays de dislocation. Commence alors tout un processus qui passera d'abord par la signature de la déclaration d'Alger par trois mouvements armés du Nord Mali, le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Le 20 juin l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, est signé à Bamako. Il demeure l'issue toute indiquée pour que le Mali puisse retrouver sa stabilité. Le président français l'a reconnu.