Le 59e anniversaire des évènements du 28 septembre 1958 du village de Tandelest a été dignement commémoré. Jeudi dernier, la journée avait un goût particulier pour les villageois de Tandelest. Ce jour leur rappelle le sang et la dignité. Ce 28 septembre 2017 réveilla des souvenirs aussi valeureux que douloureux. A la même date, jour pour jour, ce petit bourg situé dans la commune de Aït Khelili à Béni Douala, a vécu un véritable drame. Ce jour-là, le 28 septembre 1958, l'armée coloniale avait torturé des hommes et tué femmes et enfants. Les détails de cette journée tragique font apparaître au grand jour le visage odieux de la colonisation. C'est pourquoi, jeudi dernier à Tandelest, l'ambiance était morose mais empreinte d'un sentiment de fierté et de dignité. La date valait la peine d'être célébrée avec tous les honneurs. Ce qu'ont bien réussi les organisateurs de la commémoration de ce 59ème anniversaire des évènements du 28 septembre 1958 du village de Tandelest. Un riche programme a été mis sur pied par l'AAJ Tamusni du village, en collaboration avec le comité du même village, l'Assemblée populaire communale et l'Organisation nationale des moudjahidine. En fait, le drame vécu par les parents et grands-parents de ces villageois s'est passé un jour d'élection. Répondant favorablement à l'appel au boycott de ce scrutin lancé par le FLN/ALN, les villageois de Tandelest ont refusé obstinément d'aller voter au référendum organisé par l'administration coloniale. Pour les forcer à aller dans les bureaux de vote, les hommes du village furent séparés de leurs familles. Isolés, les hommes ont subi des traitements inhumains devant leurs familles pour les contraindre à voter. Dignement mais dans la douleur, ces derniers refusèrent héroïquement, malgré la torture. Ce traitement inhumain exercé par les éléments de l'armée coloniale a fini par provoquer la révolte des femmes qui ne supportaient plus ce spectacle dramatique. Etre contraintes de regarder le supplice de leurs maris, pères et fils était la dernière digue qui fit sauter la patience de ces valeureuses femmes kabyles. Courageusement, elles s'attaquèrent violemment aux soldats français à l'aide de pierres, de tuiles et de tout objet trouvé sur place. La riposte des forces coloniales fut d'une brutalité inhumaine. Face à l'arme du courage et de la dignité, les soldats français n'avaient que des armes à feu. Ils en usèrent d'ailleurs sans retenue tuant quatre femmes et deux enfants. Deux autres femmes et cinq enfants furent blessés. Aujourd'hui donc, ce fut dignement que les villageois se sont remémoré ces évènements tragiques vécus il y a de cela 59 ans. A Tandelest, la fête a commencé dès les premières lueurs du soleil. Les organisateurs n'ont d'ailleurs pas fermé l'oeil, tellement ils étaient occupés par les derniers préparatifs. A 8h, les villageois étaient déjà fin prêts pour accueillir leurs invités. Avant toute chose, l'occasion ne pouvait débuter autrement que par le dépôt d'une gerbe de fleurs en mémoire de ces valeurs villageois qui ont refusé d'abdiquer, même sous les affreux supplices et ces femmes et enfants qui ont bravé les mitraillettes de la soldatesque française. La levée des couleurs et la pose de la gerbe de fleurs s'étaient donc déroulées au niveau du mémorial érigé pour ce souvenir situé en chef-lieu dans une ambiance qui provoquait des frissons. A cette occasion justement, les élus ainsi que tous les responsables de la commune de Aït Khelili en consultations avec l'ONM et les organisations villageoises ont convenu de baptiser la bibliothèque communale au nom de ces tragiques évènements du 28 septembre 1958. Chose faite d'ailleurs avec même la projection d'un film retraçant la chronologie de cette journée qui a laissé des traces indélébiles dans la mémoire locale et nationale. Comme il fallait s'y attendre, connaissant le traditionnel accueil de la région, un grand banquet a été organisé. Les invités ont été conviés à un grand couscous appelé en Kabylie «la waâda». Après une conférence qui a longuement traité du rôle de la femme dans la guerre de Libération nationale, l'après-midi a été agrémenté d'un grand gala artistique auquel ont pris part de grandes figures de la chanson kabyle.