«Le montant annuel qui sera tiré de la planche à billets doit être fixé dans la loi de finances.» Le président du MSP, Abdelmadjid Menasra, a indiqué hier lors de l'ouverture des travaux de la journée d'étude sur le projet d'amendement de la loi sur monnaie et le crédit tenue hier au siège du parti à Alger, qu' «on ne peut pas gérer un peuple par la peur». Il a exprimé l' inquiétude de sa formation face aux conséquences qui découleront du recours du gouvernement au mécanisme de financement non conventionnel, appelé communément la planche à billets, sans garde-fous ni programmes de réformes. Pour l'ex-ministre de l'Industrie, la crise risque de s'aggraver. «La volonté de maintenir des niveaux élevés des dépenses publiques, devenue un défi que se doit de relever le gouvernement, la peur d'engager des réformes économiques structurelles, sont autant de facteurs qui aggraveront davantage la crise financière et économique qui frappe de plein fouet le pays», a-t-il soutenu. «La non- détermination du montant à tirer du financement non conventionnel, le traitement politique ou populiste de la crise économique pour un objectif électoraliste, sont des indications qui reflètent la gestion opaque de cette crise, qui nourrit l'incertitude et les appréhensions au sein de l'opinion publique», a-t-il ajouté. Menasra qui ne se fait pas d'illusion quant au fait accomplit et le passage en force de la loi sur le crédit et la monnaie qui sera débattue à l' APN à partir de demain, a souligné que «pour limiter les dégâts qui seront générés par le recours à la planche à billets, le gouvernement doit fixer le montant annuel des emprunts que le Trésor public contractera auprès de la Banque centrale dans la loi de finances 2018 accompagné des justificatifs». Il est question aussi, selon Menasra «de permettre à l'assemblée de mettre sur pied une commission administrative spécialisée, présidée par l'opposition et qui sera dotée de prérogatives de contrôle de la gestion du gouvernement». Il a estimé qu' «il est nécessaire d'opérer des réformes structurelles de grande envergure parallèlement au recours à la planche à billets».Il a salué la décision prise pour introduire la finance islamique dans le projet de la loi de finances 2018, en le plaidant pour «son introduction dans la loi sur la monnaie et le crédit», qui est son «cadre approprié», selon lui. «Si le gouvernement n'engage pas des réformes financières et structurelles, l'option de la planche à billets risque d'engendrer d'autres crises.», a-t-il ajouté. «Si le gouvernement affirme à travers son discours qu'il maîtrise la situation, tous les experts et les politiques ont exprimé leur inquiétude quant à l'hyper-inflation, voire l'inflation à deux et quatre chiffres, l'érosion du pouvoir d'achat et la dévaluation continue du dinar», a-t-il déploré. Le chef du MSP a affirmé que «ce n'est pas vrai qu'il y avait une crise des salaires». La preuve, poursuit-il, le gouvernement a justifié que «le total du montant qui sera emprunté ne sera pas affecté au budget de fonctionnement mais sera consacré à l'investissement, et au remboursement d'une partie du déficit du budget de l'Etat et au paiement des dettes des entreprises publiques, à l'instar de Sonelgaz, Sonatrach et la BNA». Il a rappelé que dans le communiqué du dernier Conseil des ministres il a indiqué que «le peuple algérien n'est pas près à revivre l'expérience des années 1980», marquée, dit-il, par «la crise des hydrocarbures et les événements d'octobre 1988».