Le terrorisme n'a pas de frontières (ph archives) C'est à bord d'une dizaine de véhicules et d'une vingtaine de motos que les auteurs de l'embuscade, lourdement armés, sont parvenus, depuis le nord du Mali, à moins de 100 km de Niamey, la capitale du Niger. L'embuscade tendue par des terroristes en provenance du Mali et au cours de laquelle quatre soldats nigériens et trois soldats américains sont morts aura révélé au grand jour l'implication des forces étrangères dans la région du Sahel ainsi que l'importance de la menace qui pèse sur les frontières sud du pays. Le fait que l'embuscade ait été tendue dans la zone frontalière entre le Mali et le Niger confirme la facilité avec laquelle les groupes terroristes se déplacent, dans ces deux pays d'abord, mais également dans d'autres pays limitrophes comme le Tchad et le Burkina Faso. Si au Mali, la tension a progressivement baissé grâce à la mise en oeuvre de l'accord d'Alger, certes difficile, mais effective du fait même de l'insistance de la communauté internationale, la conséquence en est que les factions jihadistes, aux ramifications nombreuses, tentent de se diluer dans une région où la surveillance est complexe et la riposte rarement efficace. Le porte-parole du ministère nigérien de la Défense, le colonel Abou Targui, a évoqué «d'intenses combats» dont le bilan a tardé à être communiqué. Mais en divulguant le nombre de trois Américains tués et deux blessés par les victimes, il signifiait clairement le rôle des conseillers militaires jusque-là très discret, voire confidentiel. L'émotion a été grande au point que le gouvernement du Niger a décrété trois jours de deuil national et que le président Mahamadou Issoufou a convoqué une réunion extraordinaire du conseil national de sécurité (CNS) pour «évaluer le dispositif sécuritaire» avant de s'entretenir avec l'ambassadrice des Etats-Unis, selon les médias officiels. Le Pentagone a quant à lui rendu publique cette «opération antiterroriste conjointe», mentionnant une autre victime d'un pays non identifié, justifiant la présence des forces américaines qui «entraînent, conseillent et assistent» l'armée nigérienne. Selon les informations recoupées émanant de plusieurs sources, les soldats américains sont des bérets verts, une force spéciale de l'armée de terre. Quant aux auteurs de l'embuscade, lourdement armés, ils sont arrivés à bord d'une dizaine de véhicules et d'une vingtaine de motos à moins de 100 km de la capitale Niamey. La violence des combats aura été telle que la France a mobilisé plusieurs mirages, à titre dissuasif semble-t-il, sans s'impliquer au sol sinon par l'envoi de deux modules d'évacuation médicale par hélicoptères. Prenant prétexte de cette attaque, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a réclamé au Conseil de sécurité de l'ONU la mise en place urgente de la nouvelle force internationale de lutte contre les jihadistes du Sahel, le G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie), dont la France a été l'inspiratrice. Basés à Agadez et à Diffa, dans le sud-est, ainsi qu'à Niamey, les soldats américains n'ont pas pris part, jusqu'ici, à des opérations antiterroristes, se contentant de surveiller la région au moyen de drones, comme en Tunisie, et de former les militaires nigériens conformément à l'accord bilatéral conclu avec le gouvernement nigérien en octobre 2015. Mais peu à peu, les missions se sont élargies au renseignement puis à un engagement de plus en plus manifeste, compte tenu de la persistance de la menace des groupes terroristes en provenance du nord du Mali. Situation qui a d'ailleurs poussé Niamey à prolonger l'état d'urgence en vigueur depuis mars dernier. En cela, le Niger a pris appui sur la France dont les Rafale et des drones sont opérationnels depuis la base de Niamey et celle de Madama, au nord du pays. Paris qui craint l'enlisement a fortement insisté au Conseil de sécurité pour accompagner le G5-Sahel en équipements militaires et en conseillers, afin que les cinq pays concernés puissent lutter efficacement contre les groupes terroristes comme El Mourabitoune, rallié de nouveau à Aqmi, branche d'Al Qaïda, qui compte aussi Ansar Eddine et la katiba Macina, et comme Boko Haram, pour ne citer que ceux-là. Les incidences d'une telle situation sur la sécurité des frontières sud de l'Algérie, sont par trop évidentes et justifient pleinement les efforts énormes consentis par l'ANP depuis plusieurs années déjà, pour renforcer les moyens humains et matériels, afin d'y faire face à tout moment. D'aucuns ont pu s'étonner du nombre de visites d'inspection du chef d'état-major dans les régions militaires du Sud où la mobilisation des troupes est à la hauteur du défi, mais il faut comprendre que tous les risques sont anticipés, et les mesures nécessaires prises sans délai. L'expérience de Tiguentourine aidant, la démarche consiste depuis à prévenir toute attaque et à poursuivre sans relâche les trafiquants d'armes qui tentent d'implanter sur l'ensemble de la région Sud des caches en prévision d'opérations futures. L'armée, suivie en cela par la Gendarmerie nationale, est donc engagée dans une vigilance à toute épreuve pour prémunir les frontières des tentatives d'infiltration que les groupes terroristes répètent à maintes reprises, non pour tester ses capacités dont ils connaissent la puissance ainsi que la rapidité, mais pour poursuivre leur recherche incessante d'une faille qui leur permettrait de rééditer un coup de force spectaculaire. Des objectifs qui sont annihilés systématiquement et qui motivent l'Algérie à poursuivre, avec davantage d'efforts, son soutien au Mali voisin où la mise en oeuvre de l'accord d'Alger est un maillon essentiel de la lutte contre la menace terroriste dans son ensemble.