La Banque d'Algérie dit vouloir opérer par étapes Pour réduire la saignée des devises et prémunir l'économie nationale du risque de change, l'autorité monétaire impose au préalable la domiciliation et la couverture financière des importations. Les importateurs pour la revente en l'état seront bientôt tenus d'une part, de domicilier les montants de leurs commandes avant l'arrivée de leur cargaison sur le territoire algérien. Ils auront d'autre part, l'obligation de couvrir à hauteur de 120% la valeur de l'opération, au moins 30 jours avant la date de l'envoi de la marchandise. Ces mesures annoncées, hier, seront «incessamment» promulguées par la Banque d'Algérie et entreront en vigueur d'ici à la fin 2017. Elles visent, selon Mohamed Loukal, gouverneur de l'autorité monétaire «à réhabiliter l'acte de domiciliation» et mettre en adéquation «l'allocation des ressources nécessaires, en matière de change, aux opérations d'importations». En clair, l'Etat veut contrôler la conformité des importations avec les besoins du pays et empêcher la surfacturation ou d'autres entourloupes qui contreviendraient à la loi sur le change. Le régime de change algérien est flottant, c'est-à-dire qu'il varie en fonction des cours internationaux, ce qui le rend vulnérable aux risques. Il expose par conséquent les opérateurs économiques à de lourdes pertes, en cas d'un retournement inopiné du marché des devises. Le même responsable a en outre précisé que le dispositif concerne uniquement les biens d'équipement entrant dans le cadre de l'investissement, les composants industriels ainsi que les matières premières et les intrants utilisés dans la production nationale. Les opérations d'importation destinées à la revente en l'état ne sont pas éligibles à ce mécanisme qui permettra, selon Mohamed Loukal, aux entrepreneurs une meilleure maîtrise des coûts et des risques liés aux transactions internationales. Toutefois, craignant peut-être une réaction intempestive du monde des affaires, «eu égard à leur nouveauté et à leur degré de technicité élevé», la Banque d'Algérie affirme que ces dispositions «seront mises en oeuvre de façon progressive et didactique». Ainsi, des rencontres et des séances de travail régulières avec les banques commerciales sont prévues tout au long du processus d'élaboration des instructions. La Banque d'Algérie dit vouloir opérer par étapes, dont la première sera liée aux opérations de change à terme classiques. Quant aux instruments plus complexes tels que les opérations de change et les swaps de devises, «ils seront introduits au fur et à mesure de l'adaptation de la place bancaire aux conditions de leur lancement». Mohamed Loukal considère que le choc externe est plus que jamais de mise. Ces contacts faciliteront donc, selon lui, la mise en oeuvre des moyens qui garantiront la stabilité de la place bancaire et financière. Décidée à poursuivre son développement, l'Algérie aura toujours besoin des importations de machineries, d'outillages, mais aussi d'intrants pour faire tourner son économie. Sauf que dans un contexte de crise, les achats à l'étranger pour la revente en l'état constituent un malaise récurrent. Car en plus de la saignée de devises qu'elle occasionne au budget de l'Etat, cette activité étouffe des pans entiers de l'industrie algérienne qui n'est pas encore de taille à se battre avec la concurrence étrangère. Surtout qu'en décidant de recourir au financement non conventionnel pour éviter l'endettement extérieur, le gouvernement prend le risque de voir l'hyperinflation s'installer au pays si les fonds injectés dans l'économie ne génèrent pas de retour. Selon les chiffres du Centre du registre du commerce, le nombre d'inscrits dans la filière est passé de 37 215 importateurs fin 2012 à 41 478 fin 2016. Les fournisseurs de pièces détachées, d'accessoires mécaniques, électriques et électroniques occupent le haut du pavé. Ils sont suivis par ceux du textile et du cuir, puis de la quincaillerie-droguerie, des articles de ménage et enfin des produits d'alimentation.