«Les réserves de changes de l'Algérie devraient clôturer l'année 2016 entre 117 et 118 milliards de dollars, contre 119 milliards de dollars à fin octobre dernier», a déclaré le 3 décembre le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal. La dégringolade des prix du pétrole n'a pas eu raison du bas de laine qui a avoisiné les 200 milliards de dollars. Un pactole que l'Algérie a pu amasser lorsque le baril trônait largement au-dessus des 100 dollars avant que ne se dessine la crise financière actuelle. Depuis la descente aux enfers des cours de l'or noir qui a commencé vers la mi-juin 2014, la trésorerie du pays n'a pas cessé de s'éroder. Comme un cancer elle a fini par ronger le Fonds de régulation des recettes. Et l'on commençait à spéculer sur la durée de vie de la fabuleuse manne financière constituée grâce à un niveau des prix du pétrole qui ont atteint des records (plus de 147 dollars au mois de juillet 2008). La réponse est tombée samedi dernier. «Les réserves de changes de l'Algérie devraient clôturer l'année 2016 entre 117 et 118 milliards de dollars, contre 119 milliards de dollars à fin octobre dernier», a déclaré le 3 décembre le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal. Une soupape de sécurité qui affiche une certaine résilience grâce à une batterie de mesures mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour faire face à l'actuelle conjoncture économique qui n'a épargné aucune économie des pays producteurs de pétrole notamment. Certaines ont été carrément laminées à l'instar de celle du Venezuela alors que celle du chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, second producteur mondial d'or noir, a subi des pertes abyssales. La dégringolade des cours de l'or noir a occasionné un déficit budgétaire historique de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) à l'économie de l'Arabie saoudite, en 2015. L'économie nationale, qui n'a pas non plus été épargnée, résiste finalement plutôt bien même si elle a laissé des plumes. Le matelas de devises qui se situait autour des 129 milliards de dollars à la fin du mois de juin et qui s'est retrouvé à 121,9 milliards de dollars à la fin de septembre ne descendra pas en principe sous la barre des 117 milliards de dollars s'ici la fin de l'année. L'opération de bancarisation tentée par les pouvoirs publics pour remettre les milliards de dollars que draine la sphère informelle dans le circuit économique légal, l'emprunt obligataire, les mesures prises pour réduire la facture des importations...servent de pare-feu en attendant que le nouveau modèle de croissance économique, en gestation, que se cherche le pays, soit opérationnel. Reste à savoir combien de temps pourront-elles se maintenir à ce niveau. «Le maintien des réserves à ces niveaux dépend de l'amélioration des cours de pétrole, de la réduction des importations et de la poursuite de la stabilisation du dollar», a expliqué le successeur de Mohamed Laksaci à la presse en marge des travaux du Forum africain d'investissement et d'affaires qui a ouvert ses portes samedi dernier à Alger. Interrogé sur la détérioration du dinar face aux principales devises étrangères (dollar et euro) le patron de la Banque d'Algérie a indiqué que «la monnaie nationale s'est renforcée de cinq points face à l'euro et nous la (monnaie nationale) maîtrisons face au dollar lequel a connu une forte hausse inattendue». Concernant la création d'un marché à terme de devises au profit des exportateurs, Mohamed Loukal a tenu à souligner qu' il est question «de mettre sur un même marché (interbancaire de devises) les détenteurs de devises qui sont constitués de particuliers ainsi que des détenteurs de comptes de devises exportateurs, qui pourraient faire des swaps (échanges) de devises sur le marché interbancaire et permettre à ceux qui ont besoin de devises de se protéger contre le risque de change».