Le Président bouteflika recevant le Premier ministre russe L'audience accordée par le président de la République au Premier ministre russe est un acte politique qui confirme l'excellence des relations algéro-russes. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, à Alger, le Premier ministre russe, Dmitry Medvedev. L'audience qui s'est déroulée en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a permis au chef de l'Etat de faire le point avec le responsable russe de l'état des relations entre les deux pays. Il faut dire qu'Alger et Moscou ont collaboré sur l'ensemble des dossiers internationaux. Du nucléaire iranien, à la question libyenne, en passant par le conflit en Syrie, les deux pays ont fait valoir des positions communes qui ont démontré toutes leurs pertinences. Véritable facteur d'équilibre dans leurs régions respectives, la Russie et l'Algérie coopèrent au plan diplomatique et peuvent se prévaloir de succès sur de nombreuses questions. Le tandem qui a fait preuve d'une grande lucidité dans l'approche des questions internationales, se place en interlocuteur sérieux auprès de l'Union européenne, les Etats-Unis et les pays du Golfe. En cela, la visite de deux jours du Premier ministre russe recèle une importance particulière pour Alger, comme pour Moscou. C'est dire que l'audience accordée par le président de la République à l'hôte de l'Algérie est un acte politique qui confirme l'excellence des relations algéro-russes. Des relations historiquement importantes qui ont connu un regain sérieux, après une décennie où les deux pays étaient confrontés, chacun, à une situation interne difficile. La coopération aura été parfaite depuis 2001, notamment sur le volet militaire qui a vu le complexe militaro-industriel russe contribuer largement à la dotation de l'ANP d'un matériel sophistiqué et efficace, jusqu'à l'élever au rang d'une puissance militaire régionale respectée par l'ensemble de ses voisins. Le partenariat entre les deux pays a pris une dimension exemplaire au plan diplomatique. Alger et Moscou comptent, en effet, parmi les forces de stabilité et de paix dans le monde. De fait, la visite de deux jours du Premier ministre russe, Dmitry Medvedev, entre dans le cadre du renforcement de ces relations et s'est concrétisée, sur le plan bilatéral, par la signature de cinq accords, principalement dans les secteurs de la justice, la santé, la formation professionnelle, les hydrocarbures et l'énergie nucléaire civile. Il faut dire qu'au vu des résultats de cette 8e commission mixte pour la coopération, le partenariat économique reste très loin de l'excellence des relations politiques. Et pour cause, M.Medvedev avait annoncé dans un entretien à l'APS à la veille de son voyage, la signature d'une dizaine d'accords dans les domaines aussi variés qu'importants pour les économies des deux pays. Mais les deux délégations, fortes de plusieurs ministres, se sont contentés d'accords «marginaux» qui ne reflètent visiblement pas l'ambition affichée par leurs plus hautes autorités respectives. En effet, à bien voir les secteurs concernés par les accords, il semble qu'Alger et Moscou n'ont toujours pas accordé leurs violons pour ce qui concerne un partenariat fécond dans l'industrie. Il faut savoir qu'à l'exception d'un mémorandum d'entente dans le domaine pharmaceutique, entre la société privée algérienne Biomap et la société privée russe Biocad, l'essentiel des accords dans le domaine économique, tournaient autour des hydrocarbures. L'on pourrait également relever la signature d'un mémorandum d'entente, dans l'énergie nucléaire civile. Le Commissariat à l'énergie atomique et la société russe Ros-Atom ont donc conclu un accord permettant la coopération et les échanges d'expériences dans ce domaine. Nuançant un constat pas très reluisant de cette rencontre, Ahmed Ouyahia qualifie cette visite d' «importante». Il estime que les deux pays qui ont enclenché «un nouveau départ» en 2001, peuvent s'appuyer sur des «perspectives prometteuses» de leurs relations. Le propos est, faut-il le souligner, très diplomatique, qui cache mal tout le progrès qui reste à faire pour que les économies algérienne et russe puissent bénéficier des marchés prometteurs des deux pays. Il se trouve que le bilan de la 8e commission mixte pour la coopération ne plaide pas dans ce sens. Mais ce qui urge pour Alger et Moscou, présentement, c'est l'effort commun qu'ils déploient pour stabiliser le marché de l'or noir. «Les positions algérienne et russe sont totalement convergentes sur la baisse de la production conformément à ce qui a été convenu à Vienne», a précisé, à ce propos, M. Medvedev lors de la conférence de presse en marge de la signature de cinq accords de coopération entre les deux pays. Evoquant l'accord historique d'Alger de réduction de la production de l'Opep et des pays hors Opep, le Premier ministre russe a souligné qu'il importait «au plus haut point de suivre la mise en oeuvre de cet accord par tous les partenaires». Ahmed Ouyahia a affirmé, pour sa part, que le «dialogue se poursuit sur l'accord de Vienne en vue de garantir le respect de sa mise en oeuvre», marquant ainsi la détermination de l'Algérie de rester sur la même ligne de conduite. Un événement, à savoir la rencontre qui a les regroupé récemment le président russe et le souverain saoudien, a ravi le Premier ministre. Il y voit une garantie supplémentaire pour le respect de l'accord de réduction de la production. En fait, les deux Premiers ministres affichent une satisfaction très compréhensible de la grande convergence de vues dans le dossier des hydrocarbures.