Les relations entre Moscou et Tripoli sont au beau fixe. Des projets énergétiques, et une grosse commande d'armes, étaient les principaux points de discussions entre Medvedev et Kadhafi. Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a discuté samedi de “gros projets” dans l'énergie et d'achats d'armements avec le président russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine, lors de sa première visite à Moscou depuis la chute de l'ex-URSS. “Le développement de nos relations bilatérales (...) contribue à rétablir l'équilibre géopolitique” dans le monde, s'est félicité le “Guide de la révolution” libyenne lors d'entretiens avec M. Poutine. Le Premier ministre, qui était entouré de responsables du complexe militaro-industriel et de grandes compagnies énergétiques russes, a fait état de “gros projets communs”. Le chef de la diplomatie libyenne Abdelrahman Chalgham a déclaré que les deux pays avaient signé un accord de coopération dans le nucléaire civil, “en particulier dans la conception et la construction des réacteurs et leur approvisionnement en combustible nucléaire”. Cette signature n'a pas été confirmée toutefois côté russe même si Moscou, tout comme la France, ambitionne de vendre sa technologie dans ce domaine à Tripoli. Des ventes d'armes susceptibles de dépasser les deux milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) devaient également être discutées, selon la presse russe. Tripoli serait notamment intéressé par des systèmes de missiles sol-air S-300 et TOR-M1, des chasseurs MiG-29 et Su-30 et des chars T-90. “Ce thème est traditionnellement présent dans les discussions bilatérales”, a déclaré le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, sans plus de précisions. Auparavant, M. Medvedev avait déroulé le tapis rouge au Kremlin, la Russie rivalisant avec les Occidentaux pour prendre pied en Libye, gros producteur d'hydrocarbures, depuis le retour en grâce du “Guide de la révolution” libyenne sur la scène internationale. Signe de l'importance accordée à cette visite, M. Kadhafi a été invité à planter sa tente de bédouin dans l'enceinte du Kremlin. “Je suis sûr que ces discussions donneront un nouveau coup de pouce à nos relations amicales”, a déclaré le président russe en recevant son hôte dans le Grand Palais du Kremlin. “Par le passé, nos contacts se sont surtout développés dans les domaines militaire et politique. Maintenant la porte est ouverte pour la coopération dans le domaine civil”, a ajouté M. Kadhafi, qui ne s'était plus rendu à Moscou depuis 1985. Les relations entre Moscou et Tripoli, étroites à l'époque de l'URSS mais beaucoup plus distantes ensuite, se sont réchauffées à l'occasion de la visite en avril en Libye de M. Poutine, alors président. “La coopération dans le domaine pétrogazier est notamment d'actualité”, a insisté le dirigeant libyen, la Russie et la Libye étant toutes deux des producteurs majeurs d'hydrocarbures. Les deux pays ont paraphé un accord pour l'appel à la création d'une “Opep du gaz”, ainsi que pour l'ouverture d'une ligne aérienne directe entre Moscou et Tripoli, la création d'une banque mixte et la non-double imposition, a indiqué M. Chalgham. Les compagnies russes souhaitent aussi avoir leur part du gâteau dans l'exploitation des gisements libyens. Le géant russe Gazprom, l'italien ENI et la Compagnie pétrolière nationale libyenne doivent d'ailleurs discuter de projets communs en novembre. Mouammar Kadhafi devait quitter dimanche Moscou pour Minsk, où il rencontrera lundi le président du Bélarus Alexandre Loukachenko, qualifié de “dernier dictateur d'Europe” par les Etats-Unis. DJAZIA SAFTA/AGENCES