Fausse sortie. Jeudi dernier, les Etats-Unis ont officiellement annoncé leur décision de quitter l'Unesco. Ils accusent l'institution onusienne d'être «anti-israélienne» pour avoir classé la vieille ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, «zone protégée du patrimoine mondial». Ce qui enlève tout effet de surprise à la décision américaine vu que le classement en question a eu lieu en juillet dernier et que Washington avait aussitôt fait part de son intention de réexaminer ses relations avec l'Unesco. Jeudi dernier donc, c'est l'officialisation du retrait (prévisible) américain de l'Unesco qui a été envoyé par lettre du secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, adressée à la directrice générale de l'institution, Irina Bokova. Même la conséquence annoncée de ce retrait qui priverait l'Unesco de la contribution financière des Etats-Unis n'a rien d'une nouveauté. Cette contribution n'est, en réalité, plus versée depuis 2011. Elle faisait suite à l'admission de la Palestine comme Etat membre de l'Unesco qui fonctionne depuis sans les dollars américains. L'autre constat et pas des moindres, est le moment choisi par Washington pour annoncer son retrait. Basée à Paris, l'institution onusienne en est à son troisième tour (sur les cinq prévus) des élections du directeur général (ou de la directrice) qui succédera à Irina Bokava en poste depuis 8 ans. Selon les dernières estimations, deux candidats sont donnés favoris. Il s'agit de la Française Audrey Azoulay et du Qatari Hamad Ibn Abdelaziz Al-Kawari. Tout porte à croire que les Etats-Unis veulent peser sur ces élections car leur retrait ne sera effectif qu'à la fin de cette année. C'est-à-dire qu'ils seront présents tout au long de la procédure électorale. Et si l'on ajoute l'annonce faite par Israël de quitter également l'Unesco à la suite des Américains (avec aussi, la suppression de la contribution financière), il ne fait guère de doute que la manoeuvre consiste à faire passer la candidature d'Audrey Azoulay, une Franco-Israélienne. On devine que si c'est elle qui prendra la tête de l'Unesco, elle s'emploiera à détricoter tout ce qui a été fait en faveur de la Palestine. Parallèlement à cette «gymnastique» électorale, il y a un autre aspect, autrement plus important, qui découle de la décision américaine de quitter l'Unesco. En accusant cette institution d'être «anti-israélienne», la Maison-Blanche dévoile son parti pris dans le conflit israélo-palestinien. Ce qui rend la médiation américaine et la solution «miracle» qu'aurait le président Trump pour relancer le processus de paix bloqué depuis 2014 complètement irréalisables. Sa «conviction d'un accord de paix possible» exprimée en mai dernier lors de sa tournée au Moyen-Orient, prend un sérieux coup dans l'aile après sa décision de jeudi dernier. On ne peut pas être médiateur dans un processus après avoir déclaré sa préférence et son alliance inconditionnelle avec l'une des deux parties. Si la «solution» américaine existe vraiment, elle ne pourra être ni juste ni équitable. Et donc pas durable!