Massacre du 17 octobre 1961, un crime contre l'humanité Candidat à la présidentielle à l'époque, Emmanuel Macron avait profité d'un voyage de deux jours en Algérie pour affirmer que «la colonisation est un crime contre l'humanité». Le leader d'En Marche! avait même estimé que la France devrait présenter ses «excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels (elle a) commis ces gestes» de «barbarie». Elu président, Emmanuel Macron est aujourd'hui interpellé pour honorer ses engagements non seulement pour la reconnaissance des crimes de guerre commis par la France, mais aussi pour reconnaître la responsabilité de l'Etat français en offrant réparation aux victimes. Jeudi dernier, le politologue Olivier Le Cour Grandmaison a rappelé, encore une fois, que les massacres du 17 octobre 1961 de civils algériens à Paris qui «sont aujourd'hui connus» doivent être maintenant «reconnus par les plus hautes autorités de ce pays. Responsable et coupable, l'Etat doit en effet réparation à celles et ceux qui ont été assassinés, et à leurs descendants». Dans une tribune à l'occasion du 56ème anniversaire de ce massacre, le maître de conférences en sciences politiques a ajouté «cela passe, entre autres, par la reconnaissance qu'un crime d'Etat a bien été perpétré en ces journées d'octobre 1961». Ce spécialiste de l'histoire coloniale française, co-auteur de l'ouvrage collectif, «Le 17 octobre 1961: un crime d'Etat à Paris», a rappelé que, ce jour-là, des manifestants ont été tués par balles, d'autres froidement assassinés dans la cour même de la préfecture de police de Paris, certains jetés vivants dans la Seine ou encore frappés à mort après leur arrestation et leur transfert au Palais des Sports, au parc des Expositions et au stade Coubertin devenus, pour l'occasion, autant de lieux de détention. L'appel d'Olivier Le Cour Grandmaison vient appuyer celui du Collectif du 17 octobre 1961 auquel il a déjà pris part. Dans une lettre adressée au président français, il y a quelques jours, le collectif a demandé au chef de l'Etat de faire connaître sa position «précise» sur les crimes d'Etat et notamment les massacres d'Algériens à Paris dans la nuit du 17 octobre 1961. Le collectif qui prévoit un rassemblement en cette date commémorative au pont Saint-Michel à Paris a exigé «vérité et justice», demandant à Emmanuel Macron de confirmer, au nom de la France, «par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat». Il a également interpellé le président afin «que la liberté d'accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens». Reste à savoir maintenant quelle sera la position du président Macron surtout que les propos du candidat Macron en février dernier à Alger, avaient fâché les politiques de gauche comme de droite. Le leader d'En marche! avait essayé de rectifier le tir en surfant un peu à droite, un peu à gauche. Il est aujourd'hui interpellé pour donner une «position précise» et ne pourra plus tenir les deux bouts. Sur une question aussi sensible, Macron marche sur un fil...