Washington a annoncé jeudi son retrait de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) suivi, peu après, par Israël. Ce retrait serait la résultante, selon la porte-parole du département d'Etat, Heather Nauert, du «parti pris anti-Israël» (de l'Unesco). Bien sûr, Israël est au-dessus des lois internationales. C'est du moins l'avis de l'Occident en général et des Etats-Unis en particulier. Ces derniers mettent même en danger leurs intérêts internationaux et stratégiques pour l'Etat hébreu. Ainsi, l'admission de la Palestine (en 2011) à l'Unesco, n'a jamais été digérée, certes par Israël, mais aussi par les Etats-Unis qui, en maintes occasions, ont bloqué ou tenté d'empêcher l'admission de la Palestine dans une instance internationale, notamment celles chapeautées par l'ONU. Aussi, il semble que la dernière décision de l'Unesco de déclarer la vieille ville de Hébron (El-Khalil) en Cisjordanie occupée «ville protégée» du patrimoine mondial, a fait déborder le vase. Il faut dire qu'Israël mène depuis des années des fouilles illégales sur les sites antiques de la Palestine en territoires occupés, notamment à Jérusalem-Est et El-Khalil. Il est évident que l'Unesco était dans son rôle en décidant de placer les sites historiques palestiniens sous sa protection. De fait, l'administration Trump, qui a pris en grippe l'Unesco, ne supporte pas cette indépendance dont fait montre la plus petite organisation de l'ONU, qui ne se laisse pas intimider par les menaces des Etats-Unis, notamment à propos de la Palestine. Il est d'autant commode d'accuser l'Unesco «d'antisémitisme» que celle-ci traite Israël de la même manière que les autres membres de l'organisation, ne le plaçant pas sur le piédestal que lui a construit un Occident en mal de repentir, à la conscience ni tranquille ni nette, par rapport aux massacres des juifs lors de la guerre de 1939-1945. En fait, le retrait des Etats-Unis de l'Unesco, n'est qu'une rodomontade de la première puissance mondiale, qui se veut hégémonique, imposant ses desiderata et diktats au monde. Ce comportement de diva, n'est pas nouveau en effet. Les Etats-Unis avaient déjà quitté cette organisation en 1984 [sous la présidence du républicain, Ronald Reagan] pour ne revenir qu'en 2003. Que ce soit pour des motifs d'argent - les responsables états-uniens laissent croire que leur pays supporterait à lui seul le financement de l'ONU et de ses organisations - ou politiques, Washington a toujours brandi le chantage du retrait. Les Etats-Unis qui ont largement contribué à la création de la Société des Nations (SDN, prédécesseur de l'actuelle ONU) sous l'impulsion du président Woodrow Wilson, n'ont en revanche jamais adhéré à cette organisation internationale, suite au niet du Congrès, par tradition isolationniste. C'est de fait, une orthodoxie «américaine» de tout laisser en plan et de partir, quand Washington rencontre des résistances à ses oukases et/ou des difficultés à imposer ses choix. Les Etats-Unis, qui ne se conçoivent qu'en tant que «dirigeants» du monde n'acceptent pas le multilatéralisme [dans le sens de l'interdépendance entre les nations] se réfugient dans le protectionnisme lorsqu'ils n'arrivent pas à imposer leurs oukases. Avec l'arrivée du milliardaire Donald Trump à la Maison-Blanche, c'est plutôt le repli sur soi qui est en train de prendre le pas sur une saine compétition entre les Nations. Depuis son investiture, le 45e président des Etats-Unis a soufflé le chaud et le froid, se retirant ou menaçant de le faire des organisations ou accords internationaux. La liste est longue des accords que les Etats-Unis ont quitté ou ont menacé de quitter ces derniers mois. Il en est ainsi des retraits des Etats-Unis des accords internationaux à l'instar de l'accord de Paris sur le climat, la non-certification (vendredi) de l'accord sur le nucléaire iranien, le retrait du TPP (Traité de libre-échange Asie-Pacifique) de l'Alena (accord de libre-échange nord-américain) sont autant de faits qui minimisent le retrait de l'Unesco, une incidence de la politique intransigeante et unilatérale, d'un Donald Trump de moins en moins crédible au plan international. Même les alliés des Etats-Unis ne comprennent pas la politique du nouveau président états-unien, plus isolé que jamais sur la scène politique mondiale. Ce n'est pas en quittant l'Unesco que Trump va améliorer son image de marque ou celle des Etats-Unis.