Elle a profité de cette rencontre pour faire le «procès» du système algérien qu'elle a soutenu depuis 18 années. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a tiré à boulets rouges sur le système algérien lors de sa rencontre avec les candidats de son parti aux joutes électorales des locales du 23 novembre prochain. La première responsable du PT a qualifié le pouvoir en place de «système archaïque et vieillot qui n'est autre qu'un héritier du parti unique, il s'est transformé en un élément d'anarchie et de précarité jusqu'à devenir un danger pour l'Etat et la nation», déclare Louisa Hanoune. C'est pour la première fois que la responsable du PT attaque vertement et de façon acerbe, le personnel politique en charge de la gestion du pays. Hanoune n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour signifier au régime que «vous êtes responsable direct de la régression politique et culturelle à cause de vos choix économiques désastreux provocant une faillite totale». Louisa Hanoune a réuni les candidats de son parti non pas pour faire dans la pédagogie politique quant à la participation de sa structure politique aux élections locales prochaines, puisqu'il s'agissait de cette feuille de route initialement. Elle a profité de cette rencontre pour faire le «procès» du système algérien qu'elle a soutenu depuis 18 années. Qu'est-ce qui a changé pour que Hanoune se rebelle contre ce «système périmé», selon ses propos? Hanoune a fait un constat de la situation politique et économique qui prévaut dans le pays en soulignant que «les répercussions de la crise économique et financière sur l'avenir du pays sont dangereuses, cette situation est porteuse d'une menace visant la dislocation et la destruction de la nation algérienne», rapporte-t-elle. Pour elle, la chute des prix du pétrole n'a fait que «révéler l'état de pourrissement du pouvoir en place et sa nature de classe au service d'une minorité d'oligarques au détriment des intérêts de la majorité», assène la responsable du PT. Dans ce sens, Louisa Hanoune assure que «le peuple a affiché son divorce avec le pouvoir en place et que ce pouvoir ne pourrait en aucun cas se réformer», souligne-t-elle. Dans cette ambiance qui ressemble à une furie, Hanoune déclare devant ses militants que «les élections locales prochaines peuvent être qualifiées de tout sauf d'élections parce que c'est une opération qui se dresse contre la démocratie et l'homogénéité de la nation», tempête-t-elle. Pourquoi alors réunir des militants-candidats aux joutes des locales? On est face à un paradoxe où la chef d'un parti annonce de prime abord que les élections seront truquées par l'administration, alors qu'elle se présente à ces élections!! il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette espèce d'imbroglio. Pour rappel, le Parti des travailleurs sera présent avec 520 listes pour les élections communales et 4 listes pour les élections des Assemblées de wilayas. C'est tout de même une participation respectable pour un parti qui qualifie les locales prochaines de tout, sauf d'élections. Hanoune considère les prochaines élections locales comme «une guerre contre le peuple et la nation», d'ailleurs dans le même sillage des élections, la secrétaire générale du PT a choisi un slogan un peu spécial pour entamer sa campagne électorale: «Résistance et Refus», ça nous rappelle une certaine période de la Oumma arabe et la guerre des Six-Jours en octobre 1973. Hanoune ne sait plus à quel saint se vouer pour se faire exorciser des démons de la politique qui l'habitent depuis 18 années du soutien du président de la République Abdelaziz Bouteflika, et décidément ce système doit partir, plus grave encore, ce système est devenu un «danger» et une «menace» pour le pays et pour le peuple, selon ses dires. La première responsable du PT n'était pas clémente à l'égard du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Elle est allée jusqu'à le qualifier de «un homme au service des hommes d'affaires», allusion faite à l'université d'été organisée par le FCE la semaine passée. Elle déplore que le Premier ministre ait laissé les vraies préoccupations économiques et sociales pour «défendre la cause des patrons en tournant le dos aux sujets brûlants du pays», martèle-t-elle. Dans ce sillage, la SG du PT accuse Ouyahia d'être «complice avec les patrons dans la mise en place de la politique économique du pays, alors qu'il y a des institutions légitimes et élues faites pour ça à savoir, l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation», ajoute-t-elle. Louisa Hanoune s'est interrogée quant au rôle du Premier ministre qui a «tout donné aux hommes d'affaires sans se poser la question des 5 millions d'employés qui travaillent dans le secteur privé et qui ne sont pas déclarés, et que ces hommes d'affaires ne remboursent pas les crédits ni la fiscalité», explique-t-elle. Hanoune a terminé son show politique avec un élément discursif en totale contradiction avec l'ensemble du discours pour ne pas dire speech qu'elle a étayé depuis le début. Elle a appelé ses militants-candidats de «combattre et entamer une guerre sans merci contre une action putschiste et militer pour des solutions algériennes, en se basant sur la démocratie dans toutes ses formes pour protéger le pays des dangers émanant de l'extérieur ou de l'intérieur», conclut-elle.