Le Parti des travailleurs (PT) pense déjà aux élections locales de 2007. Il veut être la réincarnation du Parti du peuple algérien (PPA). « Nous allons nous présenter dans toutes les communes d'Algérie et nous remplacerons le PPA expurgé des erreurs du passé. C'est notre ambition », a déclaré Louisa Hanoune, première responsable du PT, lors de son passage, hier, à l'émission « Questions de l'heure » de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon elle, le PT réparera les erreurs commises par le PPA, notamment l'officialisation de la langue amazighe et la consécration du multipartisme en Algérie. Le PPA, faut-il le souligner, est le parti descendant de l'Etoile nord-africaine, lancée par Messali Hadj en 1947, et qui était hostile au FLN par rapport à la révolution armée. Le parti, selon elle, a la composante humaine et l'ancrage nécessaire lui permettant de réaliser ses ambitions et sa politique. « Nous sommes présents sur tout le territoire national », a-t-elle estimé. « En 2002, nous avons enregistré 30 000 cartes d'adhérent. C'est un combat permanent et on doit installer des sections dans chaque commune », a-t-elle précisé. Elle trouve que sa référence au PPA « n'est pas du tout une conception saugrenue », d'autant que cet ex-parti militait pour la démocratie et la réappropriation de la souveraineté du pays durant l'époque coloniale. « Tous les peuples puisent dans leur histoire », a-t-elle lancé. Louisa Hanoune refuse d'insérer son parti dans l'une des obédiences politiques traditionnelles. Pour elle, le PT est un parti ouvrier indépendant « militant pour la démocratie véritable et pour une Assemblée constituante ». Le multipartisme en Algérie, selon elle, est menacé par le système mondial qui veut substituer les ONG internationales aux partis et aux organisations syndicales. Revenant sur les élections partielles en Kabylie, auxquelles le PT avait pris part, Louisa Hanoune s'est dit satisfaite des résultats obtenus, même si, souligne-t-elle, ces joutes ne se sont pas déroulées dans de bonnes conditions. Elle a parlé de fraude électorale sans préciser ni les auteurs ni les bénéficiaires. Interrogée sur le retard mis dans la promulgation des textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, elle a affirmé que le projet présidentiel est une proposition algérienne afin d'en finir avec la tragédie nationale. « Nous avons entendu des ministres dire qu'il y 22 textes de loi qui sont en préparation, mais nous ne connaissons pas les raisons de ce retard dans leur promulgation. J'espère que c'est un oubli », a-t-elle dit. Abordant la question de la loi sur la lutte contre la corruption, votée par l'APN, Louisa Hanoune dira que c'est une transposition de l'ingérence étrangère dans la politique interne de l'Algérie. Le PT a voté contre ladite loi. « Je ne suis pas obligée de reconnaître toutes les conventions internationales. Ces dernières sont imposées seulement aux petits pays. C'est la mise sous tutelle des petits pays. Les ONG internationales, notamment Transparency International, doivent commencer par les grandes nations », a-t-elle indiqué. Elle plaide pour le maintien de l'ordonnance de 1997 portant sur la déclaration du patrimoine des hauts fonctionnaires de l'Etat. Une ordonnance abrogée par la loi adoptée par les députés. Louisa Hanoune doute aussi de la faisabilité du plan de relance économique initié par le président de la République. « D'où ramènera-t-on les fonds nécessaires d'autant que les richesses pétrolières seront confisquées avec l'entrée en vigueur de la loi sur les hydrocarbure ? », s'est-elle interrogée. Dans la foulée, l'ex-candidate à l'élection présidentielle d'avril 2004 s'est élevée contre la politique de privatisation. Interpellée sur les dernières déclarations de Madani Mezrag, dans lesquelles il reconnaissait ses crimes durant la période de terrorisme, elle s'est montrée évasive, mais a reconnu l'existence d'un problème de justice.