Le conflit a fait plus de 8000 morts Devant les pertes civiles occasionnées notamment par les raids aériens de la coalition, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé le 29 septembre d'envoyer des experts internationaux chargés d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre au Yémen. L'Arabie saoudite a accusé hier l'Iran d'empêcher toute solution politique au Yémen et d'attiser le conflit par l'envoi d'armes aux rebelles houthis qui contrôlent la capitale Sanaa et le nord du pays.»Les rebelles (houthis) n'auraient pas pu poursuivre leurs exactions sans le soutien du plus grand parrain mondial du terrorisme qu'est le régime iranien», a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir. «L'Iran envoie des armes de contrebande aux Houthis et à leurs alliés», les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh «et sabote tous les efforts pour une solution au Yémen, ce qui a fait échouer les négociations politiques entre le gouvernement légitime et ces milices», a ajouté le ministre. M. Jubeir s'exprimait à l'ouverture à Riyad d'une réunion des membres de la coalition militaire sous commandement saoudien qui intervient au Yémen contre les rebelles. De son côté, le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abdel Malek al-Mekhlafi, a affirmé que les rebelles avaient «un projet confessionnel inspiré par l'Iran». Les rebelles «ne choisiront la paix que si on bloque la main qui les manipule», a-t-il ajouté. Selon lui, le «dessein iranien consiste à renverser le gouvernement légitime et à le remplacer par un gouvernement qui tourne dans le giron de l'Iran dans le cadre d'une stratégie pour soumettre l'ensemble de la région à l'influence iranienne». Les autorités iraniennes, sans cacher leur sympathie pour les rebelles yéménites, nient les soutenir avec des armes. Le chef d'état-major de l'armée saoudienne, le général Abdel Rahmane ben Saleh al-Banyane, a dit que les «pertes des (membres de la coalition au Yémen) sont le résultat d'un soutien sans limite de l'Iran» aux rebelles houthis. Le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi contrôle désormais, grâce à la coalition, «85% du territoire», a affirmé ce général. Selon lui, la coalition mène ses opérations avec «professionnalisme pour préserver les civils, conformément au droit humanitaire international». «Nous ferons évoluer les règles d'engagement en tenant compte des résultats des enquêtes» sur les bavures attribuées à la coalition, a-t-il assuré. Devant les pertes civiles occasionnées notamment par les raids aériens de la coalition, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé le 29 septembre d'envoyer des experts internationaux chargés d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre au Yémen. Selon Riyadh, la coalition, conduite par l'Arabie saoudite, comprend 12 autres pays: Emirats arabes unis, Bahreïn, Koweït, Egypte, Soudan, Djibouti, Maroc, Jordanie, Malaisie, Pakistan, Sénégal et Yémen. Mais à part l'Arabie, les Emirats et le Soudan, peu de membres participent effectivement aux opérations. La guerre au Yémen oppose des forces gouvernementales qui ont été chassées en septembre 2014 de Sanaa, aux rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme) très présente dans le Nord. En mars 2015, les forces gouvernementales ont reçu le soutien de la coalition emmenée par Riyadh et les combats et les raids aériens n'ont pas cessé depuis. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit a fait plus de 8 650 morts et quelque 58 600 blessés, dont de nombreux civils. Au-delà des raids aériens, des combats au sol et des blocus portuaires, la nourriture est utilisée comme «arme de guerre» au Yémen, a estimé hier une responsable de * l'ONU, alors que des millions de civils risquent la famine.»Le Yémen est au bord de la famine, le choléra aggrave une crise alimentaire dramatique et la nourriture est utilisée comme arme de guerre», a déclaré Elisabeth Rasmussen, directrice adjointe du Programme alimentaire mondial des Nations unies. En raison de la poursuite du conflit, sept millions de personnes sont menacées de famine et 17 millions, soit 60% de la population, souffrent d'insécurité alimentaire. Depuis avril, 2 100 autres personnes sont mortes de choléra, les hôpitaux n'obtenant pas de médicaments en raison des blocus portuaires et d'un embargo aérien. Les parties en conflit sont accusées de ne pas protéger les civils dans ce que l'ONU a qualifié de «pire crise humanitaire du monde». La coalition, dirigée par les Saoudiens, qui contrôle l'espace aérien du Yémen et certains ports, a été ajoutée ce mois-ci à une liste noire de l'ONU dénonçant les pays et les parties commettant, lors de conflits, des exactions contre les enfants. Les routes d'accès à la capitale yéménite, Sanaa, sont contrôlées par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. Les agences humanitaires ont averti que la fermeture de l'aéroport de Sanaa entrave la livraison d'aide qui doit maintenant transiter par le port de Hodeida (Ouest), sur la mer Rouge.