Hamidou Messaoudi La République de Chine populaire sera le pays invité d'honneur à la prochaine édition prévue du mercredi 24 octobre au samedi 3 novembre 2018 «Vous allez nous manquer». C'est par ces termes que le commissaire du Salon international du livre d'Alger, Hamidou Messaoudi, a entamé sa conférence de presse, hier, à la Bibliothèque nationale d'El Hamma portant sur le bilan de la 22e édition du Salon international du livre d'Alger qui s'est déroulée du 26 octobre au 5 novembre 2017, laquelle a fermé ses portes dimanche soir. Dimanche après-midi, les stands se vidaient déjà petit à petit, alors que quelques ventes-dédicaces continuaient à se faire aux alentours. Des livres de Yasmina Khadra s'écoulaient à 900 DA. Sous le thème «Le livre, un trésor inépuisable», l'édition 2017 n'était pas si différente que celle des années précédentes. Même si d'aucuns ont enregistré moins de monde cette année. Moins d'embouteillage sur la route en tout cas. C'est sûr. Et pourtant, hier, lors du point de presse, le commissaire du salon, Hamidou Messaoudi, a fait savoir que le nombre de visiteurs a atteint les 1735000 visiteurs avec un pic de fréquentation fort remarqué les 1, 2 et 3 novembre. «un record de fréquentation a été battu avec 1.735.000 visiteurs, soit une augmentation de 13% par rapport à l'édition précédente et un pic d'un demi-million d'entrées (493.000), enregistré lors de la journée du premier novembre». Cette édition pour rappel, a réuni 51 pays issus de quatre continents. L'offre du salon a atteint près de 264.000 titres dont près de 80.000 algériens. Les exposants étaient aussi au nombre de 930 dont 294 nationaux. L'invité d'honneur cette année a été la République d'Afrique du Sud. Lui succédera pour la 23e édition, la République de Chine populaire. Une édition prévue du mercredi 24 octobre au samedi 3 novembre 2018. Un des bémols de cette année aura été incontestablement la marginalisation du pavillon Esprit Panaf qui s'est vu éloigné de son public sans grande interaction avec ce dernier comme ce fut le cas jadis. «L'édition se porte bien en Algérie, reste que le livre soit bien distribué et qu'il aille vers le lecteur. L'Etat ne se mêle pas des ventes au Sila comme c'est le cas ailleurs. Les ventes en gros sont interdites.» et de rajouter tout de même: «Aucun livre n'a été retiré des étals. Et aucune vente en gros n'a été remarquée. Mais je rappelle que 87 livres ont été interdits, conformément à la loi et la commission de lecture du Sila qui veille à respecter les mesures et ne pas faire passer des livres qui portent atteinte aux constantes de l'Etat, incitent au racisme... Ce genre de pratique est valable dans tous les pays arabes notamment.» Et de renchérir: «Tout le monde nous a félicités pour l'aspect organisationnel et le monde entier que ce soit les Européens ou les Arabes nous envient pour notre magnifique salon et notre formidable public, mais je reconnais que la Safex mériterait qu'elle soit mieux entretenue et rénovée, chose qui n'a pas été faite depuis sa construction et inauguration en 1968. Avant on n'était que 11 millions d'Algériens. Aujourd'hui nous sommes 41 millions d'Algériens. Les espaces ne suffisent pas. L'aménagement de la Safex s'impose. Mais cela est le rôle de l'administration du Palais des expositions». A propos de l'affaire de Aït Larbi Arezki responsable des éditions Koukou, le commissaire du salon a fait savoir que suite à sa plainte déposée après avoir été vandalisé, le Sila l'a «remboursé jusqu'au dernier centime car le salon est assuré».Abordant le volet de la censure, le commissaire du salon a estimé avoir été accusé à tort par certains journaux, arguant avoir pratiqué de la censure. Il a réfuté aussi les propos de Soufiane Djilali qui a assuré que son dernier livre a été «interdit au Sila». Hamidou Messaoudi dira n'avoir pas reçu de demande pour exposer ce livre au Sila. «Je démens formellement avoir reçu une demande de la part de ce parti politique pour exposer ce livre, encore moins de l'avoir interdit. Il y a d'autres moyens pour faire de la pub sur son livre.» Aussi, il fera savoir ne pas être au courant ou informé par la commission de lecture laquelle «est indépendante», note-t-il si les livres du jeune Anouar Rahmani ont été retirés des étals ou pas? «Je n'ai pas été instruit sur ce sujet», nous a-t-il confié. Enfin, il est bon de rappeler qu'à l'instar des années précédentes, des visites organisées d'établissements scolaires, tous cycles confondus, et issus de plusieurs wilayas ont attiré près de 45.000 élèves cette année, nous apprend-on. Plusieurs membres du gouvernement ont fait le déplacement au Sila. Le programme d'animation a touché y compris les enfants dont un programme spécial leur a été dédié. De grands auteurs algériens et étrangers, représentatifs de plusieurs courants littéraires, ont animé des Estrades, des tables rondes et des conférences. En outre, de nombreuses séances de ventes-dédicaces ont été proposées par les maisons d'édition. Lors des trois derniers jours du salon, s'est tenu le Colloque international Mouloud Mammeri, organisé par le Haut-Commissariat à l'amazighité. Cette rencontre de haut niveau a réuni des chercheurs et enseignants, et des spécialistes de l'oeuvre de cet écrivain et intellectuel algérien. Les participants à cette rencontre ont appelé à l'élaboration d'un «programme pour la publication et l'édition» des textes et oeuvres de Mammeri non publiés, et cités dans plusieurs entretiens (cinquième roman, pièce de théâtre et mémoires de la Seconde Guerre mondiale) et leur traduction en tamazight, en arabe et en anglais. Ils ont également appelé à baptiser du nom de Mammeri «l'amphithéâtre 1» de l'université d'Alger où il a enseigné la langue amazighe de 1965 à 1973. Outre l'accompagnement de tout projet de film documentaire sur Mammeri conduit par des cinéastes professionnels, les participants ont recommandé l'institution d'un Prix national intitulé «Amusnaw (l'érudit), qui sera attribué à l'auteur d'un travail de recherche important sur l'amazighité, écrit dans cette langue. Le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) présentera le projet aux parties concernées. Les conférenciers ont également appelé à l'institution d'un autre Prix international «Mouloud Mammeri. L'unité africaine» pour une contribution à la promotion des langues africaines. Le prix récompensera la meilleure oeuvre sur le patrimoine immatériel africain. Le projet sera présenté à l'Unesco conformément au texte des recommandations. Les participants ont recommandé aussi de baptiser du nom de Mouloud Mammeri, le Musée national du «Bardo» ou le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, ou les deux. 2017 c'est déjà fini, espérons que l'édition de l'année prochaine sera moins entachée de polémique. En attendant que la liberté d'expression daigne véritablement régner en maître.