Les différents métiers exercés par ces enfants varient en fonction de la spécificité de la région. Selon une enquête réalisée par l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE), il est relevé que sur un échantillon de 2979 enfants travailleurs âgés entre 4 et 17 ans répartis à travers 8 wilayas, 6% d'entre eux ont moins de dix ans. L'information a été donnée hier, par un membre de l'ODE, M.Sahraoui, lors de la journée d'étude organisée par l'ODE au Centre international de presse. L'enquête menée dans les wilayas du centre du pays, Alger, Aïn Defla, Bouira, Blida, Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa et Tipaza, révèle également que 23% des cas interrogés sont de sexe féminin. La pilule est trop amère pour passer, mais l'âpre vérité est, une nouvelle fois, là, devant nous à nous interpeller. En effet, personne ne dira le contraire, les conditions socio-économiques du pays qui ne sont guère appréciables, du moins pour les années précédentes, avec en sus la décennie rouge et noire qu'a traversée l'Algérie, le chômage, le niveau de vie qui chute, sont autant de facteurs qui ont favorisé l'apparition de ce phénomène. Aussi, d'après cette enquête réalisée par l'ODE, 63% des jeunes travailleurs ont un âge qui varie entre 13 et 16 ans. Soit un âge qui est loin de celui requis par les normes internationales. En outre, les différents métiers exercés par ces enfants varient en fonction de la spécificité de la région: agriculteurs dans les wilayas de Ain Defla, Tizi Ouzou, pêcheurs dans les régions côtières... Et là où le bât blesse, c'est que 37,5% de ces travailleurs mineurs sont exclus de l'école, 31% d'entre eux ont avoué avoir arrêté leur scolarité volontairement. Toutefois, le drame, si c'en est un, réside dans le fait que 53% de ces enfants travaillent pour les besoins de la famille et 75% d'entre eux donnent cet argent à leurs parents. Cette culture est malheureusement fort répandu chez nous comme à travers les autres pays de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine. A qui incombe l'erreur, aux parents qui se font aider par leurs enfants sacrifiant ainsi leur avenir ou à l'Etat qui a brillé par son absence? En effet, la responsabilité incombe aussi bien à l'Etat qu'aux parents. L'Etat par l'absence de lois préservant les droits de l'enfant; les parents pour n'avoir pensé qu'à eux-mêmes négligeant et sacrifiant ainsi l'avenir de leurs enfants. Pis encore, selon M.Sahraoui, membre de l'Observatoire des droits de l'enfant, plusieurs cas de prostitution ont été relevés lors de cette enquête. Cependant, cela est un autre débat. La prostitution des enfants en Algérie relève encore du tabou. Impossible d'en parler. Les lois séculaires et archaïques continuent encore de sévir. Selon le président d'une association de protection de l'enfant à Skikda, plusieurs enfants ont subi des abus sexuels et encore dans quels lieux ! Dans les centres de vacances! Cela est une aberration, d'autant plus que ce genre de centres sont censés être gérés par des éducateurs. Y a-t-il des lois qui garantissent les droits de l'enfant? En ce sens, il convient de souligner que l'Assemblée populaire nationale procédera bientôt à l'adoption d'un avant-projet de loi. Cependant, quelques juristes, défenseurs des droits de l'enfant, annoncent d'ores et déjà leur opposition. Pourquoi? Ceux qui étaient présents hier à la journée d'étude organisée par l'ODE, disent qu'ils n'y ont pas été associés. On n'en saura pas plus.