Ni les services de police, ni ceux du ministère de la Solidarité nationale, ni les centres d'études n'ont effectué un travail sur le phénomène de la mendicité. On parle ça et là d'un réseau de trafic dans ce sens, mais aucune structure n'est habilitée à confirmer ou à infirmer cet état de fait. L'on nous informe au département que gère M. Ould Abbas qu'une commission composée de représentants de plusieurs secteurs, notamment la police, la justice, la santé, la solidarité... a été installée au début du Ramadhan. Celle-ci a pour objectif de se pencher sur le phénomène de la mendicité. Cependant, jusqu'à l'heure actuelle, elle n'a pas encore entamé son travail. Par ailleurs, notons qu' une enquête nationale sur les enfants de la rue a été réalisée par l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE). Les résultats de l'enquête, effectuée entre mars et mai 2006 et qui a concerné trois grandes wilayas du Nord (Alger, Oran, Annaba) et une région de l'extrême Sud (Tamanrasset), montrent que beaucoup d'enfants vivent de la mendicité. L'échantillon ciblé a porté sur 189 enfants, dont 132 garçons représentant 70% de l'effectif total, et 57 filles. Leur âge va de 10 à 16 ans dans 60% des cas et de 5 à 10 ans dans 23% des cas. En outre, 17% des enfants âgés de moins de 5 ans sont accompagnés de leur mère et ou de leur père ou d'un proche (frère...). Les résultats de l'enquête montrent aussi que 33% des enfants n'ont jamais été scolarisés, 54% ont le niveau primaire et 13% ont un niveau moyen. Côté filiation, 71% des enfants ont encore leurs parents, 17% sont orphelins, 41% ont plus de 5 frères et sœurs et 44% d'entre eux ont rompu tout contact avec leurs parents. 61% des enfants vivent de mendicité, 15% de vols, 2% de prostitution ; en revanche, 20% d'entre eux « affirment vivre de l'argent de leur travail ». Pour 36% des enfants, les conflits de famille sont la principale raison du choix de la rue, 13% à la suite d'agressions (surtout sexuelles) et 51% en raison de la pauvreté. Toutefois, 63% des enfants regrettent les foyers familiaux et 57% veulent aller dans un foyer de substitution contre 20% qui refusent d'y aller alors que 23% ne se prononcent pas.