Ce n'est pas qu'une simple affaire commerciale. Le phénix est cet oiseau légendaire qui, dans l'Egypte ancienne, naquit de ses cendres après avoir été brûlé. M.Chabani, a choisi cet animal fabuleux pour dénommer son jeu qu'il a personnellement inventé il y a de cela plus de vingt ans. Hélas son jeu pour lequel il a consenti tant de sacrifices en vendant notamment à l'époque tout un patrimoine industriel afin que son invention voit le jour, est aujourd'hui victime, «d'un ignoble plagiat», voire d'une «escroquerie caractérisée à son génie». Car seul M.Chabani en créant ce jeu de lettres et de stratégie a révolutionné le scrabble, puisque son invention permet d'allier et la technique du classique scrabble et celle du jeu de Go chinois qui permet la bataille et «la capture de mots» de l'adversaire. L'histoire de ce plagiat peu orthodoxe remonte à 1993, lorsqu' un certain Yves Lesclavec «calqua littéralement le jeu authentiquement algérien et s'en accapara les droits d'auteurs», nous confirme M.Chabani outré par le procédé peu digne de la déontologie et de la réglementation internationale en matière de protectiondes droits intellectuels et industriels. M.Lesclavec mettant alors sur le marché un jeu étonnamment semblable au phénix et qu'il dénomma Takemo. Exhibant des trophées et autres signes de reconnaissance et de mérite récoltés au gré des salons internationaux dont une médaille d'argent acquise au Salon international des inventions de Genève et une médaille de bronze au Concours Lépine de Paris, M.Chabani n'hésita pas à intenter un procès en justice à son délateur. Pour ce faire, il fit appel aux services de feu Me Oussedik qu'il chargea de défendre ses droits auprès de la justice française qui finit par constater la contrefaçon. Constat de justice fut effectivement rendu en date du 4 septembre 1998 au profit du concepteur original du jeu, M.Chabani. Néanmoins et au vu des enjeux colossaux que ne peut que receler le produit ludique, objet du litige, le mis en cause dans cette affaire de plagiat à son tour s'est pourvu en cassation et eut gain de cause auprès d'une justice déboutée. «M.Yves Lesclavec sort blanchi par les tribunaux alors que son délit est perceptible à vue. Le déni de justice est trop flagrant!», notaient alors les experts. L'affaire finit par prendre les allures d'un feuilleton aux nombreux rebondissements. Ce qui poussera M.Chabani , l'Algérien, à conférer à cette cause qu'il fait désormais sienne, des contours hautement politiques. Dans une lettre ouverte adressée au président Chirac et dans laquelle il décrit avec force précisions la genèse de ses déboires d'outre-mer, en France, et ou, tout en faisant valoir ses droits au premier magistrat de France, M.Jacques Chirac, il traduit toute l'amertume et le désarroi que ressent au quotidien tout créateur qui se voit voler son invention. La lettre ouverte a été publiée par le très officiel quotidien national algérien El Moudjahid en date du 13 décembre 2004. C'est dire toute l'actualité de ce litige. Aujourd'hui encore et loin d'en démordre, M.Chabani animé du feu sacré, veut plus que jamais interpeller la classe politique nationale en convoquant quelques sénateurs à même de plaider sa cause au sein du cénacle officiel. Il aurait tant souhaité avant de connaître tant de misères voir son jeu subventionné par les pouvoirs publics, car seul finalement le nerf de la guerre qu'est l'argent, permet de contourner les pièges que pose fatalement l'abandon du créateur à son sort. La matière grise ne constituant pas toujours un rempart suffisant à la prédation qui peut surgir n'importe où dans un monde de plus en plus cosmopolite et parfois inhumain.