Les Saoudiens se démarquent des Américains pour le pétrole Les prix ont rebondi hier autour des 62 dollars après que l'Arabie saoudite s'est prononcée en faveur de la prolongation de la baisse de l'offre des pays Opep et non-Opep. La production américaine reprend du poil de la bête. Le chef de file de l'Opep ne veut pas s'en laisser compter. La guerre des prix fait rage. Leur niveau actuel fait la part belle à l'exploitation du pétrole de schiste US. Ce qui peut plomber les cours de l'or noir. Fini le temps où Riyadh avait décidé de les laisser filer. Le Royaume wahhabite a décidé de rendre coup pour coup. Pas question donc de revoir le baril replonger après qu'il eut franchi la barre des 60 dollars, le 27octobre, et atteint ses plus hauts niveaux depuis juillet 2015. Sa position actuelle est centrale dans ce bond enregistré par les cours de l'or noir. Plus que jamais, l'Opep et à sa tête son chef de file avance en rangs serrés appuyée par ses 11 alliés dont la Russie. Mohammed ben Salmane Al Saoud, prince héritier d'Arabie saoudite et vice-Premier ministre, s'était déjà prononcé en faveur de la reconduction de l'accord de la baisse de production de 1,8 million de b/j jusqu'à la fin de l'année 2018. «Oui, bien sûr», a répondu le prince lorsqu'on lui avait demandé, si l'Arabie saoudite soutenait la reconduction de cet accord lors d'une interview le 25 octobre sur Bloomberg News. Après avoir semblé être mis sur orbite, le pétrole a quelque peu fléchi ces derniers jours. La pression s'est accentuée après les données hebdomadaires publiées mercredi dernier par le Département américain de l'Energie (DoE). Des statistiques qui ont prolongé le pessimisme ambiant en faisant mention d'une hausse inattendue des réserves de brut et d'une production jamais atteinte depuis que ces données sont enregistrées, en 1983 indique-t-on. «Les Etats-Unis continuent d'avoir des réserves élevées par rapport à leur niveau moyen, contrairement au reste du monde. Les exportations sont le principal moyen de normaliser la situation», ont expliqué les analystes de RBC Capital Markets. Les exportations américaines qui ont également grimpé à 1,13 million de barils par jour la semaine dernière sont également scrutées par les investisseurs. «Les acteurs du marché se demandent désormais comment l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) va réagir à la hausse de la production des Etats-Unis», a commenté Lukman Otunuga, analyste chez Fxtm. La réponse n'a pas tardé à tomber. «Nous devons admettre que nous n'aurons pas atteint notre objectif fin mars, quand l'accord de limitation de la production arrivera à son terme», a déclaré le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, à Bonn,en Allemagne, en marge de la conférence de l'ONU sur le climat cité par l'agence Bloomberg. Khaled al-Faleh avait affiché, le mois dernier, sa détermination à ramener les stocks de marché dans les pays consommateurs de l'Ocde à leur niveau moyen des cinq dernières années. Les dernières statistiques livrées par le Département américain de l'Energie indiquent que l'objectif n'est pas encore atteint. Ce qui va conduire l'Opep, son chef de file en tête, et ses 11 alliés hors cartel dont la Russie à ne pas desserrer les vannes. Le ministre saoudien de l'Energie s'est dit «totalement convaincu» que la Russie serait «à 100%» derrière la décision qui serait prise. L'effet s'est presque instantanément fait sentir. Les prix du pétrole se sont électrisés en cours d'échanges européens par les propos du ministre saoudien de l'Energie, qui a confirmé le soutien de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, à une prolongation de l'accord de la baisse de la production des pays exportateurs (Opep non-Opep) de 1,8 million de barils par jour. Décidé le 10 décembre 2016 à Vienne il doit prendre fin en mars 2018. Hier vers 12h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier s'échangeait à 62,03 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, en hausse de 67 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour le contrat de décembre se négociait à 55,97 dollars pour prendre 83 cents. Un rebond qui présage de l'intensité de la riposte de l'Opep et de ses alliés pour défendre un baril à au moins 60 dollars.